Libye : premières frappes américaines contre l‘EI à Syrte

La ville de Syrte est considérée comme le principal fief de l’organisation djihadiste en Libye. Les États-Unis ont procédé à plusieurs frappes aériennes «précises» sur la ville, à la demande du gouvernement d’union nationale qui peine à reconquérir ce territoire.

figarofr: Un combattant des forces pro-GNA se bat à Syrte contre l'État islamique, le 3 juillet dernier.© GORAN TOMASEVIC/REUTERS Un combattant des forces pro-GNA se bat à Syrte contre l’État islamique, le 3 juillet dernier.

C’est une première dans la guerre qui oppose les États-Unis à l’État islamique. À la demande du gouvernement d’union nationale (GNA), dont les forces peinent à reconquérir la ville de Syrte, Washington a mené ce lundi des frappes aériennes dans cette localité considérée comme le principal fief des djihadistes dans le pays. «Les premières frappes américaines contre des cibles précises de Daech (acronyme arabe de l’EI) ont eu lieu aujourd’hui, infligeant de lourdes pertes (aux djihadistes) à Syrte», à 450 kilomètres à l’est de Tripoli, a indiqué le chef du GNA, Fayez al-Sarraj, lors d’une allocution télévisée. Le chef du gouvernement a ajouté que les forces américaines ne seraient pas déployées au sol.

Dans la foulée de l’annonce libyenne, le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, a confirmé dans un communiqué qu’«à la demande du GNA, les forces armées des États-Unis ont conduit des frappes aériennes précises contre des cibles de l’EI à Syrte». Un responsable de la Maison-Blanche a expliqué pour sa part que le président Barack Obama avait «autorisé les forces armées américaines à effectuer des frappes en appui aux forces du gouvernement d’union à la demande du premier ministre» libyen.

Pas de troupes au sol

Si aucune indication précise sur la durée de ces frappes n’a été divulguée, le porte-parole du Pentagone a affirmé qu’elles «vont se poursuivre». Mais pour le chef du gouvernement libyen, ces frappes «interviennent dans un cadre limité dans le temps» et elles «ne dépasseront pas Syrte et sa banlieue». En outre, aucun soldat américain «ne participera aux opérations terrestres du GNA», a assuré le responsable de la Maison-Blanche, et l’aide des États-Unis au pouvoir libyen dans sa lutte contre l’EI «se limitera aux frappes et au partage de renseignements».

L’EI s’était emparé de Syrte en juin 2015 à la faveur du chaos dans lequel est plongé la Libye depuis la chute de l’ex-dictateur Mouammar Kadhafi. Depuis, les forces pro-GNA tentent de reprendre la totalité de la ville de Syrte dans laquelle elles sont entrées le 9 juin dernier et où elles assiègent depuis les djihadistes. Elles sont ralenties par la forte résistance de l’EI qui mène des contre-attaques, notamment en perpétrant des attentats suicides à la voiture piégée. Syrte est considérée comme l’un des principaux bastions de l’EI en dehors de la Syrie et l’Irak. Il y aurait entre 2000 à 5000 combattants de l’EI dans différentes villes de Libye, selon un rapport présenté le mois dernier par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité.

Washington a déjà frappé la L’EI en Libye

Les États-Unis ont déjà mené plusieurs raids ciblés contre l’EI en Libye. En novembre dernier, un bombardement mené par des F-15 avait tué le djihadiste irakien Abou Nabil, présenté alors par Washington comme «le plus haut responsable de l’EI en Libye». Et trois mois plus tard, en février, un raid aérien a touché un bâtiment abritant des djihadistes à Sabrata, à 70 km à l’ouest de Tripoli, faisant une cinquantaine de morts.

Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est livrée aux milices armées et minée par des luttes de pouvoir et des violences qui ont favorisé la montée en puissance des djihadistes de l’EI. Deux gouvernements se disputent le pouvoir, le GNA basé à Tripoli et reconnu par la communauté internationale et un cabinet parallèle installé dans l’est et dirigé par le général Khalifa Haftar.

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