Le Liberia, où se tient mardi le second tour de l’élection présidentielle, est un pays anglophone d’Afrique de l’Ouest meurtri par quatorze ans de guerre civile, puis par l’épidémie d’Ebola dont il peine à se redresser.
Sorti en tête du premier tour le 10 octobre, l’ex-star du football et sénateur George Weah (38,4% des voix) dispute la succession de la présidente Ellen Johnson Sirleaf, qui ne peut se représenter, au vice-président sortant, Joseph Boakai (28,8%).
Première République d’Afrique noire
C’est la plus ancienne République d’Afrique noire, fondée en 1822 sous l’impulsion des Etats-Unis pour des esclaves noirs affranchis, indépendante depuis 1847. Elle a été dominée par les descendants d’esclaves jusqu’à l’assassinat en 1980 du président William Tolbert lors d’un putsch mené par Samuel Doe, lequel installe un régime de terreur et de corruption.
Samuel Doe, capturé en 1990, en pleine guerre civile, est torturé à mort par les hommes du chef de guerre Prince Johnson, aujourd’hui sénateur et prédicateur. Battu au premier tour (8,2%), il a apporté son soutien à George Weah pour le second.
Les clivages entre descendants d’esclaves et populations autochtones, dont un seul représentant, Samuel Doe, a dirigé le pays, sont encore vivaces. George Weah et Joseph Boakai sont tous les deux des « autochtones ».
Quatorze ans de guerre civile
Le 24 décembre 1989, le Front national patriotique du Liberia (NPFL) de Charles Taylor déclenche une rébellion dans le Nord-Est et s’empare rapidement de la quasi-totalité du territoire. En 1990, une force africaine empêche la prise de Monrovia. La guerre civile, l’une des plus atroces du continent, voit s’affronter sept factions rivales.
En 1997, après un accord de paix, les Libériens élisent Taylor à la présidence.
En 1999, une nouvelle rébellion des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie (Lurd) éclate au Nord, puis progresse vers Monrovia, soutenue par plusieurs pays voisins. La guerre s’achève par un siège de la capitale en 2003.
Le 11 août 2003, Charles Taylor quitte le pays, sous la pression de la rébellion et de la communauté internationale. Il sera condamné en mai 2012 par la justice internationale à 50 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre en Sierra Leone voisine.
Les 14 ans de guerre civile quasi ininterrompue ont fait quelque 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés.
En décembre 2016, l’ONU prolonge une dernière fois jusqu’en avril 2018 le mandat de sa mission au Liberia (Minul), en place depuis 2003 et qui a officiellement transmis en juillet aux forces libériennes la responsabilité de la sécurité du pays.
Première femme au pouvoir
Ellen Johnson Sirleaf est devenue en 2005 la première femme élue chef d’Etat en Afrique. Elle a été réélue en novembre 2011, un mois après avoir obtenu le prix Nobel de la paix.
Epidémie d’Ebola
Le Liberia a été l’un des trois pays les plus affectés par l’épidémie d’Ebola qui s’est déclarée en Afrique de l’Ouest en décembre 2013, et a duré plus de deux ans, causant plus de 11.300 morts, dont plus de 4.800 au Liberia. Quelque 28.600 cas ont été recensés, à plus de 99% en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Une économie convalescente
Baigné par l’océan Atlantique, le Liberia comptait 4,7 millions d’habitants en 2017, selon la Banque africaine de développement (BAD).
Malgré d’importantes ressources de minerai de fer, caoutchouc et huile de palme, la majeure partie de la population manque de services de base, comme l’électricité et l’eau courante.
Les deux guerres civiles ont provoqué l’effondrement de l’Etat, dévastant l’économie et les infrastructures industrielles.
Après plusieurs années de forte croissance, avec un sommet à 15,7% en 2007, l’économie a stagné entre 2014 et 2016, affectée par l’épidémie d’Ebola et la chute du prix des matières premières.