Les enquêteurs numériques de la gendarmerie nationale ont fait « parler » l’ordinateur de travail de Amadou Lamine Diagne saisi lors d’une perquisition effectuée à la suite de son arrestation. Ces données ont permis aux enquêteurs de la Section de Recherches, qui ont mis à jour cette affaire d’une gravité extrême, de comprendre comment l’ex maton à la retraite maintenu à la Cour d’appel organisait ses audiences fictives qui ont profité à des détenus répartis dans plusieurs Maisons d’arrêt du Sénégal.
Libération révélait en exclusivité hier la vraie histoire de la mafia neutralisée par la Section de Recherches de Dakar dans le cadre d’une opération qui visait à mettre à genoux un réseau qui, contre paiement, libérait, transférait ou réduisait les peines de détenus. Un gang à la tête duquel on retrouve Amadou Lamine Diagne, ancien agent de l’administration pénitentiaire à la retraite maintenu en service à la Cour d’appel de Dakar.
Dans sa dernière livraison, Libération révélait que dans certains cas, Diagne organisait des audiences fictives pour faire libérer des détenus. En exploitant l’ordinateur du cerveau de cette scandaleuse affaire, les enquêteurs de la Plateforme numérique de la gendarmerie nationale ont découvert au détail près comment ces audiences étaient simulées. Des éléments renversants. Selon nos informations, Amadou Lamine Diagne s’assurait d’abord que le « client » n’a pas fait appel.
Avant de jouer sur les signatures de ses supérieurs hiérarchiques qu’il détient en totalité pour les avoir scanné. Ainsi, il transmet un dossier « de la Cour d’appel » à la Maison d’arrêt dans laquelle le « client » est emprisonné. L’administration pénitentiaire qui ne peut pas douter que le document est un faux notifie au prisonnier que son dossier va passer en jugement.
De suite, Amadou Lamine Diagne fabrique un autre dossier qui fait croire que l’audience s’est tenue et que le détenu est libre en y mettant la signature scannée de l’avocat général près la Cour d’appel. Le tour était joué…
Ce procédé mafieux a permis de libérer des détenus écroués à Dakar mais aussi à Thiès, Gossas, Foundiougne, Mbacké, Tivaouane ou Mbour.
La « réputation » de Diagne était telle qu’il était sollicité de partout comme l’ont découvert les enquêteurs de la Section de Recherches qui l’ont pisté pendant trois mois. À preuve, l’un de ses complices présumés se trouve être un de ses anciens clients. En effet, Moussa Khaira Ndiaye qui agissait comme intermédiaire aux côtés de Issakha Lakhoune était emprisonné mais curieusement il a recouvré la liberté sur la base de faux après que ses parents ont versé 200.000 FCFA à Amadou Lamine Diagne. Une fois dehors, il a « vendu » son « sauveur » aux familles des détenus.
Amadou Lamine Diagne a fait 25 ans de service au tribunal de grande instance de Dakar et il était maintenu au greffe de la Cour d’appel alors qu’il est parti à la retraite depuis huit ans.
Dakaractu