L’extraordinaire sang-froid de Saddam Hussein face à ses bourreaux, face à la mort

Face à l’annonce de l’exécution des descendants mâles de sa famille.

 

Saddam Hussein a appris la nouvelle du décès de ses deux enfants, l’aîné Oudaï, le cadet Qoussaï et son petit-fils Moustapha, par un compatriote qui lui avait offert l’hospitalité dans le nord de l’Irak. Les descendants mâles de sa famille ont tous trois tués, le même jour, au cours d’un raid des forces spéciales américaines dans le Nord de l’Irak. Ci joint le récit tiré des mémoires de son avocat Khalil Al-Douleimy

-L’ hôte: j’ai une nouvelle à la fois triste et dérangeante. Oudaï est tombé en martyr.
-Saddam: A-t-il combattu ?
-L’hôte: Oui
-Saddam: Bravo. Il a bien fait.

La scène, identique, se répète avec l’annonce du décès du cadet, Qoussaï, puis le décès du petit fils Mustapha. A l’expiration de cette énumération morbide, qui a éradiqué sa dynastie, Saddam de s’exclamer sans le moindre trémolo dans la voix: «Je remercie Dieu de m’avoir fait l’honneur que mes enfants soient tombés en martyr dans la défense de leur patrie».

 

Face à ses geôliers américains

«Dix jours après mon arrestation, un général américain flanqué d’un interprète me lâche tout à trac: «Alors Tu seras quoi? Napoléon Bonaparte ou Benito Mussolini».

Réponse de Saddam: « Je serai Saddam Hussein. Uniquement Saddam Hussein. Je rejette toute compromission. Je ne demanderai jamais à mon peuple de capituler. Bien au contraire, je vais les inviter à résister et à combattre ».

Une posture qui tranche avec celle d’un autre dirigeant irakien, Noury Said, Premier ministre du temps de la monarchie, qui cherchera à fuir le pays, déguisé en femme, en 1958, pour échapper à la foule en colère qui sera finalement démasqué et lyncher par la foule. Une attitude à l’opposé de celle de Mouammar Kadhafi, qui après avoir révélé aux services occidentaux les circuits de la coopération nucléaire souterraine inter- arabe, tentera de fuir en convoi armé au moment de la chute de Tripoli pour finir lynché par la foule, lui aussi.

La mémorable séquence de la pendaison

« Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux », admet un de ses pires adversaires, le conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï. « Il n’a pas essayé de résister, n’a rien demandé. Il tenait un coran dans sa main qu’il a souhaité envoyer à une personne ». Il avait « les deux mains attachées quand il a été pendu ».

 

Le juge a alors lu au président irakien la liste des chefs d’accusation portés contre lui, tandis qu’il répétait, en guise de réponse: «Mort à l’Amérique ! Mort à Israël ! Longue vie à la Palestine ! Mort aux mages perses !» Il ne l’a pas entendu regretter quoi que ce soit.

Roubaï l’a ensuite amené dans la pièce, pleine de monde, où il allait être exécuter. En voyant la potence, Saddam s’est tourné vers lui et en le regardant droit dans les yeux lui a dit: «Docteur, est cela pour les hommes !».

Ses dernières paroles ont été: « J’espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux. » L’ancien président, âgé de 69 ans, a été pendu le jour de la fête religieuse musulmane d’Al Adha, (fête du sacrifice).

Le message de Saddam Hussein aux dirigeants arabes : n’intercédez pas en ma faveur. préserver l’unité de l’Irak

 

L’avocat Khalil Al-Douleimy assure avoir été chargé de transmettre aux dirigeants arabes un «message oral» de l’ancien président irakien, de «derrière les barreaux», dont la teneur est la suivante:

«N’intercédez pas pour sauver ma nuque que j’ai d’ores et déjà confiée à Dieu. Veuillez à préserver l’Unité de l’Irak que l’on égorge». Le message précise qu’il a vu un dirigeant irakien pleurer à la réception de ce message.

«Je ne suis l’agent de personne. Si les Américains m’avaient propulsé au pouvoir, ils m’auraient dénoncé à mon premier affrontement avec eux» conclut Saddam Hussein dans mes mémoires dictés à son avocat Khalil Al Douleimy, d’où sont tirés ces passages.

De l’influence résiduelle du parti baas en Irak: 17.000 irakiens éradiqués, privés d’emplois et de pension de retraite, terreau du djihadisme.

Le constat d’Ihsan Al Chamary, professeur de sciences politiques à l’Université de Bagdad. Interview au journal en ligne «Al Rai Al Yom» le 3 mai 2015. Le successeur de Saddam Hussein à la tête de la guérilla anti- américaine a été tué par les brigades «Hezbollah», une milice chiite qui combat aux côtés de l’armée irakienne dans la bataille pour la reconquête du Nord de l’Irak sous contrôle de Da’ech.

«L’affluence populaire qui s’est manifestée sur le parcours du convoi funéraire d’Izzat Ibrahim Ad Doury, tué le 20 avril 2015, témoigne de la persistance du prestige de l’ancien président irakien, douze ans après l’invasion américaine de l’Irak, neuf ans après sa pendaison.

«Le Baas est toujours actif. Quiconque dit que le Baas est fini ou que les baasistes sont finis contredit la vérité. Les symboles -Saddam Hussein ou Izzat Ad Doury- peuvent disparaître, mais bon nombre de dirigeants demeurent actifs et tentent de mettre en échec le système politique mis en place depuis la chute du régime baasiste.

«Il est prématuré de se débarrasser en Irak du fantôme de Saddam, qui a tout de même gouverné le pays pendant trente ans. Nous aurons besoin de plusieurs décennies pour nous débarrasser de l’empreinte de Saddam et de son legs.

«Les Baasistes sont accusés de jouer un rôle néfaste notamment dans la perpétuation de la violence qui sévit dans le pays depuis 2003. De même, ils sont accusés de collaborer avec Da’ech, qui occupe une superficie importante du pays, notamment Mossoul et Takrit, deux points d’ancrage traditionnels du Baas.

A l’appui de son affirmation, l’universitaire cite le rapport du journal allemand «Der Spiegel», en date du 19 avril 2015, faisant état d’une stratégie visant à l’expansion territoriale de Da’ech, mise au point par un ancien officier des renseignements irakiens, Samir Al Khleifaoui. «Les Irakiens sont désormais convaincus que Da’ech sert de façade et masque une autre réalité: Une tentative de reconquête de pouvoir par le Parti Baas.

Les précisions de Bassem Al boudeiry, chef de l’instance «questionnement et justice»: 17.000 irakiens éradiqués, privés d’emplois et de pension de retraite, terreau du djihadisme.

Le nouveau pouvoir post Saddam a tenté, en 2003, de limiter l’influence du Baas par une série de dispositions notamment la dissolution de l’armée et la «loi questionnement et justice» qui a suivi la décision d’éradiquer le Parti Baas.

Selon Bassem Al Boudeiy, chargé du programme «Questionnement et Justice», 130.000 personnes ont été visés par le dispositif éradicateur, dont 17.000 effectivement éradiqués définitivement avec perte d’emploi et privation d’une pension de retraite. L’objectif de ce dispositif était d’épurer les institutions officielles de tous ceux qui avaient commis des crimes à l’encontre du peuple irakien. Le Baas sert de point d’appui au terrorisme.

«En dépit du rétablissement de certains officiers dans leurs droits, beaucoup de ceux qui ont pâti de ces mesures manifestent leur mécontentement, à leur façon de la manière qu’ils peuvent.

Le cas du Général de corps d’armée, Abou Moutlaq (62 ans) est à cet égard significatif: «Pas un officier forcé à démission n’est resté passif. Tous ont témoigné leur sympathie ou participé à des activités des groupements anti-américains. Le général, qui s’est résolu à devenir chauffeur de taxi pour subvenir aux besoins de sa famille s’explique: D’un trait j’ai été licencié et privé de moyens de subsistance pour ma famille. Comment voulez-vous que je participe à un processus visant à l’édification d’un nouveau système politique qui m’a, lui-même, privé de tout et exclu de tout».

Le mois d’avril dans le rituel baasiste.

Mois de naissance de Saddam Hussein, Avril occupe une place particulière dans le rituel baasiste. En 2015, il a donné lieu à diverses actions de solidarité symbolique avec l’ancien président, né le 28 avril.
C’est ainsi que les forces irakiennes ont reconquis Tikrit, chef-lieu de la région natale de Saddam Hussein, le 18 avril, dix jours avant sa date d’anniversaire. Le porte-parole du premier ministre Raghed al Joubouri, a été contraint à la démission, ce mois-là, après la diffusion d’une chanson qu’il avait composée à la gloire de Saddam Hussein, il y a quinze ans.

De vives divergences persistent au sein de la population à propos du bilan de Saddam.

Le Kurde Anas Abed (41 ans) est catégorique: «Je tremble encore au nom de Saddam à la radio ou à la télévision. Je tremble non de peur, mais de dégoût. Je suis très affecté par ma solitude familiale. Douze des membres de ma famille ont été tués lors de l’attaque aux armes chimiques à Hallabja en 1988.

Autre son de cloche chez les partisans de Saddam: «A l’évocation du nom de l’ancien président, les larmes coulent des yeux de ce septuagénaire adhérent au Parti Baas depuis cinquante ans.

«Le parti existe. Où voulez-vous qu’il parte? Il est présent dans notre cœur. Quand tu es animé d’une idéologie, il est impensable que tu y renonces. Les responsables redoutent encore le Parti Baas et craignent Saddam.

«Chaque fois que je vois sa photo mon cœur palpite. Quand son visage apparaît à la télévision, j’éprouve une envie folle d’ôter ma chaussure pour la lancer contre l’écran».

Un procès «entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur le fond» et «foncièrement inéquitable».

Le 5 novembre 2003, Saddam Hussein a été condamné à mort par pendaison pour crime contre l’humanité. Plusieurs autres membres de l’ancien Parti Baas ont été également condamnés à mort ou à des peines allant jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité, parmi lesquels:

Taha Yassine Ramadan, ancien vice-président (exécuté par pendaison le 20 mars 2007) ;
Barzane Al Takriti, ancien chef des renseignements (exécuté par pendaison le 15 janvier 2007) ;
Awad Ahmad Al Bandar, adjoint du chef de cabinet de Saddam Hussein (exécuté par pendaison le 15 janvier 2007) ;
Abdallah Kadhem Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans de prison le 5 novembre 2006) ;
Mezhar Abdallah Roueid, responsable local du parti Baas (condamné à 15 ans de prison le 5 novembre 2006).
Tareq Aziz, ministre des Affaires étrangères, est mort en captivité en Mai 2015 des suites d’une longue maladie.
Le 25 décembre 2006, la Cour d’appel irakienne confirme la condamnation à mort de l’ancien président irakien Saddam Hussein et refuse d’accéder à sa dernière volonté d’être fusillé, comme le prévoyait l’ancienne Constitution irakienne pour les crimes politiques. Elle confirme l’exécution par pendaison, réservée en Irak aux criminels de droits communs. Human Rights Watch a estimé que le procès a été «entaché d’irrégularités, aussi bien sur la forme que sur le fond» et qu’il a été «foncièrement inéquitable».

Source : oumma.com

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