Des économistes et experts ont suggéré au gouvernement sénégalais de profiter des perspectives de l’exploitation pétrolière au Sénégal pour amplifier la création d’emplois.
Ils participaient à un colloque ouvert le même jour à Dakar, sur le thème : « Accélération de la transformation économique et sociale : quelles nouvelles opportunités pour le Sénégal ?’’, rapporte l’agence de presse sénégalaise.
Cette rencontre se tient à l’Institut Confucius de l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD), précise la même source.
« Dans leur politique d’emploi, les autorités doivent profiter de la perspective de l’exploitation du pétrole, pour créer beaucoup plus d’emplois« , a souligné l’économiste Pierre Dockes, président du Cercle des économistes de France.
« Il faut s’ouvrir au monde, ça, c’est vrai. Nous sommes dans la globalisation, mais il faut en même temps penser à éviter le capitalisme exagéré« , a indiqué M. Dockes, par ailleurs professeur d’économie politique à l’Université Lumière-Lyon-II.
« On ne peut pas dire que le pétrole brut qui sera exploité ne sera pas exporté’’, mais le Sénégal « aura beaucoup à profiter, si la transformation de ce pétrole brut s’effectue » à l’intérieur de ses frontières, a-t-il dit.
L’économiste français a donné en exemple la filière arachide sénégalaise, caractérisée par son extraversion, ce qui fait que la production est pour l’essentiel transformée à l’extérieur, au détriment de l’activité économique nationale.
« C’est une nécessité à mon avis, a insisté Pierre Dockes à propos des possibilités de transformer les produits pétroliers au Sénégal. Aujourd’hui, personne n’ignore que si le Sénégal anticipe sur la formation des ressources humaines adéquates, rien ne l’empêcherait de traiter son pétrole sur place, ou bien une bonne partie de cette manne« , en vue de générer plus d’emplois.
« Vous pouvez constater le cas de certains pays qui exploitent des ressources minières ou pétrolières, comme le Niger, le Tchad. Cette inattention a créé de vives réactions de la part de la société civile, ou tout simplement des populations qui sont parfois polluées et ne reçoivent rien en retour« , a signalé M Dockes.
Fallou Samb, conseiller spécial du chef de l’Etat sénégalais, est lui aussi d’avis que « la transformation » d’une économie doit répondre aux besoins de la demande sociale.
« La question est de savoir comment cette transformation doit avoir un impact significatif sur la demande sociale« , se demande M. Samb, juriste de formation, spécialisé dans les questions de commerce international, d’investissement et de développement en Afrique et dans les pays en développement en général.
Les politiques économiques, en particulier celles qui concernent les perspectives de l’exploitation pétrolière, doivent avoir « un impact sur les populations« , a ajouté Fallou Samb, également spécialisé dans les questions générales d’assistance technique liée au commerce pour les pays en développement, les pays les moins avancés en particulier.
« Depuis deux ans, nous avons vu les résultats du Plan Sénégal émergent. Dan ce cas de l’exploitation du pétrole, cela devra être ressenti également par les populations« , a poursuivi cet expert, directeur de l’Agence africaine de coopération et d’information pour le commerce international (AACICI).
Selon lui, ’’beaucoup de paramètres’’ entrent en compte dans le cadre des logiques visant la transformation de l’économie. Cette perspective nécessite que les pays puissent compter sur « des penseurs en économie bien de chez nous« , a-t-il souligné, citant les exemples de David Ricardo, Karl Marx, Thomas Malthus et John Maynard Keynes.
« Il faut réinventer l’économie avec nos propres réalités, en tenant bien sûr compte de ce que nous avons appris. Et sur ce plan, il nous faut des penseurs économistes africains« , a-t-il souligné.