J’ai écrit cette lettre en m’adressant à tous. Et particulièrement à la jeunesse d’aujourd’hui, désorientée et désemparée, qui cherche une voie.
Je veux qu’elle reprenne confiance en elle et fasse sien l’esprit pionnier.
Qu’elle n’attende rien de l’Etat providence, ne se recroqueville pas sur la sécurité facile, mais qu’elle parte à la conquête du monde, sac au dos, en comptant d’abord sur elle-même sans craindre l’imprévu.
Qu’elle préfère au confort individuel étriqué, la passionnante aventure de la vie partagée avec les autres, tous les autres.
Qu’elle ne craigne en rien la mondialisation, mais qu’au contraire, armée des solides valeurs, elle l’aborde comme une chance.
Qu’elle échappe au danger du narcissisme et à l’influence des réseaux sociaux
qui la guettent
Qu’elle soit généreuse, ouverte, collective, responsable, mais aussi courageuse, audacieuse, et exigeante.
Qu’elle retrouve cette aptitude à s’enthousiasmer, à s’émerveiller et à s’engager pour des causes supérieures.
Qu’elle voie loin et grand, sans peur de l’avenir.
Qu’elle se saisisse enfin de l’optimisme, qui n’est pas un état d’esprit changeant au gré des aléas de la vie, mais une continuelle volonté d’influer sur la vie elle-même.
Qu’elle soit, en bref, jeune de cette ambition sans cesse renouvelée de conquêtes et d’idéal.
Nos aînés ont contribué à rendre la société de plus en plus matérialiste. De nos jours, et comme chacun sait, c’est l’argent qui mène le monde. Certes, il a toujours exercé une grande influence sur les êtres humains, mais cette influence semble avoir atteint son paroxysme et donne lieu à une avidité et à une cupidité apparemment sans limite. Vénéré tel un dieu, il sert de fondement à une religion sans âme, avec ses fidèles et ses serviteurs. Son credo est on ne peut plus simple et se résume en un mot : «avoir» (toujours plus). Sur son autel, les valeurs morales les plus élémentaires sont sacrifiées : honnêteté, intégrité, équité, générosité, partage, etc. Cela étant, nous avons tous besoin d’argent, de sorte que ce n’est pas lui qui est à blâmer, mais la trop grande importance qui lui est accordée aujourd’hui. De «serviteur» qu’il devrait être, il est devenu un bien «mauvais maître», et ce, dans toutes les catégories sociales.
Notre monde chamboulé mais néanmoins devenu un village global ouvre paradoxalement, à chaque jeune d’aujourd’hui, voire à tout responsable qui sommeille en nous, bien plus d’opportunités pour entreprendre cet exaltant voyage et aller au bout de lui-même.
Abdu-Lahi LY
Citoyen Sénégalais