L’Etat du Sénégal aurait commis l’erreur de promouvoir un théâtre d’élite

Le professeur de lettres Ousmane Diakhaté, enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) a relevé l’ »erreur de l’Etat » du Sénégal d’avoir opté depuis les années 60 pour un « théâtre d’élite » quand il s’est agi de faire la promotion du quatrième art.

« L’erreur de l’Etat, dans sa politique de développement culturel, et du théâtre en particulier, depuis les Indépendances (1960), c’est d’avoir opté pour le théâtre d’élite et de ne pas trop se préoccuper des autres formes de théâtre« , a analysé M. Diakhaté, spécialiste de la dramaturgie et enseignant au département de lettres modernes de l’UCAD, informe l’agence de presse sénégalaise.

Il intervenait au 2e séminaire de recherche de l’Institut fondamental d’Afrique noire, un démembrement de l’Université Cheikh Anta Diop, et de la Direction des arts du ministère de la Culture et de la Communication.

« Politiques culturelles au Sénégal, théâtre et conte : l’Etat et le théâtre, le cas du Sénégal » était le thème de ce séminaire, qui fait partie d’une série de rencontres qui se tiendront les deux premiers mercredis de chaque mois, jusqu’en juillet prochain.

« Les politiques culturelles » menées par les pouvoirs publics au Sénégal doivent être revues, avec un encadrement des acteurs et une « concertation permanente » entre ces derniers et les autorités de l’Etat, selon Ousmane Diakhaté, directeur général du Théâtre national Daniel-Sorano, de 2000 à 2013.

Il estime que l’Etat doit permettre aux acteurs du théâtre d’exercer leur métier dans « de meilleures conditions » de travail.

De son côté, le directeur des arts au ministère de la Culture et de la Communication, Abdoulaye Coundoul, reconnait que le théâtre sénégalais connaît des difficultés depuis les années 60.

« Concernant les activités théâtrales, il faut dire que le temps est en train de nous rattraper, avec des troupes théâtrales qui naissent et occupent les médias, en faisant plus que ce que font les acteurs du Théâtre national Daniel-Sorano« , a signalé M. Coundoul.

Il fait allusion à une forme de théâtre qui fait fureur au Sénégal, aux côtés d’un quatrième art jugé plus conventionnel.

Le directeur général du Théâtre national Daniel-Sorano, Sahite Sarr Samb, a abondé dans le même sens, en faisant état d’une forme de « centralisation » de cet art par l’Etat, qui côtoie « un théâtre populaire » réputé moins conventionnel.

M. Samb a insisté sur la nécessité d’assurer la « réglementation du secteur » par la définition d’un statut des artistes par exemple.

Abdoulaye Coundoul a rappelé que le ministère de tutelle a mis en place un fonds d’aide dédié au théâtre.

Selon lui, l’Etat cherche à bien comprendre les difficultés auxquelles cet art est confronté, afin d’y remédier.

Les séminaires prévus d’ici à juillet permettront d’identifier « les problèmes liés à l’organisation, au financement, à la réglementation, à la formation, à la création d’infrastructures culturelles, etc. » selon un document des organisateurs.

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