La désormais ex-présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) savait que son mandat, qui devrait prendre fin en mars 2017, allait être interrompu par le président de la République. D’ailleurs, bien avant de recevoir le décret lui notifiant la fin de sa mission, Nafi Ngom Keïta a pris la précaution d’adresser une lettre à Macky Sall pour lui faire savoir qu’elle n’a commis aucune faute et n’a pas failli à son obligation de loyauté envers les institutions de la République.
Dans cette missive exclusivement détenue par Dakarmatin, Mme Keïta dit sa difficulté à comprendre la raison de son départ de l’Ofnac avant le terme de son mandat. Toujours dans le document détenu par votre site, la devancière de Seynabou Ndiaye Diakhaté donnait déjà les raisons pour lesquelles elle s’abstiendrait de saisir la Cour suprême pour excès de pouvoir.
« Date d’échéance de mon premier mandat à la présidence de l’Ofnac », c’est ainsi l’objet de la lettre que Nafi Nom Keïta a envoyée à la très haute attention du président de la République, bien avant l’interruption officielle de son mandat. Dans la missive que nous sous sommes procuré pour vous, elle rappelle au chef de l’Etat les principes juridiques régissant la détermination de la date d’échéance de son premier mandat.
Ainsi, précisant qu’elle est entrée en fonction, après prestation de serment, le 27 mars 2014, l’ancienne patronne de l’Ofnac estime qu’à compter de cette date, son premier mandat de trois (3) ans arrive à échéance le 26 mars 2017. En effet, les avancées faites dans sa mission et les importants projets pour 2016 qui, à ses yeux, sont d’une très grande importance dans la mise en place du système national d’intégrité du pays sont, entre autres, les raisons qui expliquent les propositions de nomination que lui a faites le Président Sall, mais qu’elle a tout bonnement refusées.
« C’est pour toutes ces raisons, Monsieur le président de la République, que j’ai respectueusement décliné les propositions de nomination aux fonctions de ministre, ambassadeur, commissaire de l’Uemoa, vice-gouverneur de la Banque centrale, que vous avez eu l’amabilité de me faire les 24 et 28 novembre 2015, et le 10 mai 2016, en échange de mon départ de l’Ofnac », écrit Nafi Ngom Keïta dans sa lettre.
Dans le même sillage, la dame a porté à la connaissance du président sa préférence à retourner à l’Inspection générale d’Etat (Ige) si ce dernier devrait mettre un terme à son mandat en cours. « Si malgré ces éclairages, mon mandat en cours devrait être interrompu avant son terme légal, je serais dans l’obligation de décliner toute autre proposition de collaborer et prierais, dans ce cas là, de bien vouloir signer le décret me remettant à la disposition de mon corps d’origine, l’Inspection générale d’Etat, pour y terminer ma carrière en 2022 », indique-t-elle dans sa lettre.
Toutefois, à ceux qui lui suggèrent de saisir la Cour suprême pour « excès de pouvoir », suite à la publication du décret notifiant l’interruption de son mandat, Nafi Ngom Keïta a expliqué, avant même la sortie dudit décret, les raisons pour lesquelles elle renoncerait à un tel recours. « Je m’abstiendrai de saisir la Cour suprême pour excès de pouvoir car, son Premier Président, qui est sensé recevoir mon recours, est en désaccord avec l’Ofnac, parce qu’il s’abstient de faire sa déclaration de patrimoine comme du reste vos ministres, conseillers. Quand je vous en ai rendu compte, vous m’avez demandé de le laisser tranquille, alors qu’il est assujetti à la déclaration de patrimoine en sa qualité d’ordonnateur, dont les opérations annuelles dépassent le montant d’un milliard de FCfa fixé par la loi n°2014-17 au 02 avril 2014 relative à la déclaration de patrimoine », renseigne encore Mme Keïta.
Dakarmatin