Abdoulaye Baldé a connu la plus grosse humiliation de sa vie, avec la procédure le visant au niveau de la Crei, avec ses convocations incessantes à la gendarmerie où, après y avoir été comme ministre d’Etat, ministre des Forces armées, avec tous les honneurs, il est retourné comme «délinquant». Parlant de l’immense patrimoine qui lui a été attribué, le maire de Ziguinchor, qui était dimanche dernier à l’émission «Toute La Vérité» animée par Pape Cheikh Sylla, botte en touche et affirme qu’il est loin d’être un milliardaire. Sur ses relations avec la famille présidentielle, à travers son épouse, Baldé soutient que celles-ci n’ont nullement été mises en avant, vu la manière dont sa femme, comme lui, a été traînée dans la boue.
PERTE DU POUVOIR : «Sur le plan personnel, on reçoit beaucoup de frustrations»
«J’ai toujours reçu les honneurs. J’ai toujours été adulé et puis, tout d’un coup, on est dans l’opposition. C’est un coup. Après une ascension linéaire, aller dans l’opposition, ce n’est pas évident. Sur le plan personnel, on ressent beaucoup de frustrations. Des personnes qui vous adulaient, et qui vous font des brimades de façon inutile et méchante. Il y a les gens que vous aviez toujours considérés comme étant des amis, comme étant des frères et que vous avez peut-être accompagnés, et qui étaient tout le temps chez vous, mais que vous n’arrivez plus à avoir au téléphone. Mais ce n’est important. Ça fait partie de la formation d’un homme».
CONVOCATIONS REPETEES A LA GENDARMERIE : «Ma plus grande humiliation…»
«J’ai subi des brimades. J’ai été plusieurs fois convoqué à la gendarmerie. J’y suis allé au moins quatre fois. C’est la plus grosse humiliation que j’ai subie. Je n’ai jamais voulu en parler. La dernière fois que j’ai été à la caserne Samba Diéry Diallo, c’était en tant que ministre d’Etat, ministre des Forces armées. J’étais reçu avec tous les honneurs dus à mon rang par les généraux. Et quand j’y suis retourné la première fois, j’y suis retourné comme un petit délinquant. Comme si j’avais volé de l’argent ou fait des trucs. Sincèrement, ça m’a fait mal. Des convocations à la gendarmerie à n’en plus finir. Ensuite à la Crei. Ils m’ont fait poireauter. On est venu me cueillir devant mes enfants. J’étais chez moi, les gendarmes sont venus m’arrêter. Ils m’ont mis dans une fourgonnette. J’ai été chez le Procureur. Je suis parti à la Crei plusieurs fois. Il y a des fois où je suis parti sans que ça soit médiatisé… Tous les lundis, je suis obligé d’aller signer, pour signaler ma présence sur le territoire national. Je pouvais juste me déplacer jusqu’à Diamniadio si je suis à Dakar. Si je veux aller à Thiès ou à Mbour, je suis obligé d’appeler à la Crei. C’est de l’humiliation. Je suis certes un citoyen, un justiciable, je ne le refuse pas. Mais, la justice est faite en respectant un certain nombre de normes et de principes. Je suis quand même Docteur en droit. Un citoyen, tant qu’il n’est pas condamné, il est innocent. Il y a la présomption d’innocence qui fait qu’il faut respecter un certain nombre de principes et de valeurs. Il y a un délai pour l’instruction. C’est 6 mois le délai d’une instruction normale. Vous ne pouvez pas mettre quelqu’un dans une situation d’exception, de privation de liberté, de privation de mouvements pendant presque 5 ans. (…). Les gens font beaucoup d’injustice vis-à-vis de moi, en me présentant comme un privilégié. Karim Wade et Tahibou Ndiaye ont été mis en demeure et emprisonnés. A part eux, parmi les 25 qu’on a cités, j’ai été le seul à être mis en demeure pour justifier l’origine licite de mon patrimoine. J’étais le seul à être inculpé. J’ai été le seul à être mis sous contrôle judiciaire, parmi les hommes politiques. Il n’y a pas eu quelqu’un d’autre. Et je suis le seul dans une phase terminale d’instruction. Par conséquent, je ne vois pas quelle est la faveur qui m’a été faite dans tout ça».
5 MILLIARDS DE PATRIMOINE : «On a gonflé mon patrimoine… je suis loin d’être un milliardaire»
«On m’a attribué des sociétés et des entreprises qui ne m’appartenaient pas. On a gonflé mon patrimoine. On a dit que j’avais un terrain qui coûtait 300 millions au Cap-skiring alors que je l’ai acheté à 4 millions. Une radio Fm à Ziguinchor qui a coûté 13 millions, on a dit qu’elle a coûté 550 millions. (…). On m’a interdit de parler de ce dossier, mais c’est dans l’ordonnance qui m’a mis sous contrôle judiciaire. Nous avons de façon générale, et avec mes avocats, fourni toutes les preuves que le patrimoine, que je détiens actuellement, a une origine licite. Nous avons fourni plus de 1000 feuilles de mes avoirs. Sur le plan foncier, j’ai une maison qui est sous hypothèque, que j’avais acquise en tant que jeune commissaire de police, à la Bicis, dans une convention Bicis-Police. C’est là où j’habite aux Almadies. J’ai une maison à Ziguinchor qui est sous bail. Donc que je n’ai pas achetée. L’ensemble des preuves ont été fournies. (…). Je suis loin d’être un milliardaire. Une fois, ma fille m’a dit : ‘’Papa, j’aurais aimé que toutes ces choses qu’on invente soit une réalité, parce qu’on n’aurait pas connu certains problèmes’’. Mais ici, au Sénégal, les gens restent dans leurs salons en inventant des choses. (…). Vous savez, il y a des moments où je pouvais gagner facilement 10 millions par mois. D’abord j’étais secrétaire général de la Présidence, j’étais Directeur exécutif de l’Anoci et je faisais des dizaines de missions à l’étranger. Et on pouvait facilement se retrouver avec 10 ou 15 millions par mois. J’étais aussi maire, j’étais président de Conseil d’administration de plusieurs sociétés. Mais, malgré tout ça, je n’ai qu’une maison à Dakar et je n’ai qu’une maison à Ziguinchor. J’aurais pu avoir plus. Et lorsque l’expertise réelle a été faite, on s’est rendu compte que ce que je possède, aujourd’hui, je pouvais l’avoir quatre fois. (…). Je vis décemment, parce que je suis maire, je suis député. J’ai des revenus décents. Je travaille, j’ai exercé de hautes fonctions dans ce pays. J’ai eu des fonctions au niveau international. J’ai des relations qui font que je vis convenablement, mais je ne suis pas milliardaire. Ce n’est pas vrai. Je suis millionnaire parce qu’on me paye chaque mois un million au minimum. C’est facile d’être millionnaire au Sénégal. A l’Assemblée nationale, on me paye plus d’un million. Je suis aussi maire et là aussi je suis payé. Donc des millionnaires, je pense qu’il y’en a beaucoup au Sénégal. (…). Je suis tranquille par rapport à la Crei ; je suis tranquille par rapport à tout ce qui concerne la justice de mon pays. Je suis un justiciable comme tous les autres».
RAPPORTS AVEC ALIOU SALL ET MACKY SALL : «Si les liens de famille étaient mis en avant, on n’en serait pas là»
«Aliou Sall est un jeune frère. Lui-même, il a dit qu’il a été beaucoup influencé par ce que j’ai fait. Vous connaissez les liens de parenté qui existent entre lui et ma belle-famille (Ndlr : le Président Sall est homonyme du père de son épouse). J’ai connu le jeune Aliou Sall. Il était journaliste ; il venait à la maison. Mais on n’a pas de relations de travail. Les relations familiales, à travers mon épouse, n’ont jamais été mises en avant. N’oubliez pas que mon épouse a été entendue plusieurs fois à la Crei. La dernière fois remonte à lundi dernier. Donc si les liens de famille dominaient, je pense qu’on n’en serait pas là. Ne l’oubliez pas. Elle a été mise sous contrôle judiciaire, interdite de voyage, et elle émargeait tous les lundis à la Crei comme moi. Si les liens de famille étaient mis en avant, on n’en serait pas là.
EMPECHE DE REJOINDRE MACKY PAR SA FEMME : « Je crois qu’on lui prête des intentions qui ne sont pas réelles»
«Tous ceux qui me connaissent savent que je suis maître de mes convictions. C’est vrai que j’écoute mon épouse, comme on le fait dans tous les couples. Mais quand j’ai une décision à prendre, je la prends. Je suis un homme de conviction. C’est par conviction que j’ai créé un parti politique. Je l’ai créé avec des milliers de femmes et d’hommes à travers le monde, et ce n’est pas sous l’influence ou la dictée de quelqu’un que je prendrai une décision. Encore moins celle de mon épouse. Je crois qu’on lui prête des intentions qui ne sont pas réelles. Mon épouse n’a pas ce pouvoir-là sur moi. Si je dois prendre une décision, je la prends avec ceux et celles avec qui j’ai créé le parti».