Le Sénégal est un pays bien étrange. Tout le monde se plaint d’une justice à deux vitesses, d’une justice aux ordres, d’une justice parfois injuste. Mais la question qu’il faut se poser c’est est-ce que les Sénégalais sont justes ? Est-ce que les Sénégalais sont des patriotes, est-ce qu’ils sont respectueux des lois et règlements. Des interrogations fort à propos quand on voit comment un simple fait divers peut être transformé en sujet d’intérêt national.
Loin de vouloir dénigrer qui que ce soit, il faut qu’on soit logique. Dans la vie, on ne peut pas vouloir une chose et son contraire. On se plaint à chaque fois que les autorités sont trop laxistes, que c’est le « masla » qui tue la société, que l’indiscipline doit être punie, qu’il faut un assainissement des finances publiques, la reddition des comptes mais quand on prend une célébrité en flagrant délit, qu’importe la gravité de ce qu’il a fait, tout le monde se lève pour réclamer sa libération ou s’indigner qu’il soit au moins convoqué.
Nul n’est censé ignorer la loi, dit-on, mais au Sénégal, certains connaissent la loi, choisissent délibérément de l’enfreindre et quand ils sont pris, tout ce que le pays compte de soi-disant défenseurs de droits de l’Homme se lève pour crier au scandale. Que veut-on à la fin ? Que la justice s’applique ou qu’elle ne s’applique pas ? Car il faut le dire il faut bien commencer quelque part.
Les opposants n’aiment pas qu’on emprisonne leurs camarades même lorsqu’ils sont fautifs, les artistes ruent dans les brancards quand un des leurs foule le respect des institutions au pieds, les journalistes crient à la violation de la liberté d’expression quand un des leurs dérapent, un citoyen insulte toute une République, c’est un activiste, il ne faut surtout pas le toucher, ainsi de suite. Quand la justice va-t-elle enfin s’appliquer à ces classes privilégiées même à titre d’avertissement ? Car, on a l’impression que le sort des pauvres inconnus, les gens qui n’ont pas accès au médias, n’intéresse personne, sauf quand ils meurent en prison. Ils sont combien en détention préventive à attendre leur jugement depuis des années, on ne défend leur cause que quand une personnalité se fait emprisonner.
Le tintamarre suscité par certaines affaires judiciaires est étonnant tellement elles sont des épiphénomènes politisés à outrance. Et l’on s’en donne à cœur joie dans les réseaux sociaux pendant des semaines pour finir par être complètement oubliées. Comme l’a si bien dit Ibrahima Sène du PIT, « nul ne peut enfreindre délibérément la Loi sous prétexte qu’il défend une cause juste ! Il est temps de se ressaisir et de défendre les causes justes dans le respect des Lois et règlements, pour éviter de prêter le flanc aux forces de la répression aveugle ».
