Banjul (Gambie) (AFP)-La justice gambienne a décidé de maintenir en détention les opposants arrêtés mi-avril et accusés de rassemblement illégal après avoir examiné lundi une demande de liberté sous caution.
Au total, 37 personnes, dont le chef du Parti démocratique uni (UDP, principale formation de l’opposition), sont inculpées de six chefs d’accusation, dont rassemblement illégal et incitation à la violence, selon des sources judiciaires.
Cinq des prévenus n’ont cependant pas comparu à l’audience de lundi devant la Haute Cour de Justice à Banjul. Aucune explication n’a été fournie à leur absence.
Dix-huit des accusés ont été arrêtés le 14 avril, y compris un haut responsable de l’UDP, Solo Sandeng, lors d’un rassemblement pour réclamer des réformes politiques en Gambie, rassemblement dispersé par les forces de sécurité.
M. Sandeng avait alors été emmené dans un véhicule vers une direction inconnue, selon des témoins. Deux jours plus tard, sa mort en détention était annoncée par l’UDP et par Amnesty International.
Les autres opposants inculpés, dont Ousainou Darboe, chef de l’UDP, ont été arrêtés le 16 avril lors d’une manifestation en réaction à la mort en détention de Solo Sandeng.
Lors d’une audience la semaine dernière, les prévenus avaient plaidé non coupable et leurs avocats avaient réclamé leur libération sous caution.
Lors d’une nouvelle audience lundi devant la Haute Cour de Justice, le procureur Hadi Saleh Barkum a affirmé avoir reçu la demande de libération de l’équipe de la défense mais par voie orale.
La Haute Cour a renvoyé l’affaire à jeudi, le temps pour la défense de mettre sa demande par écrit. Les accusés ayant comparu ont été reconduits en prison sous escorte de la police anti-émeutes.
Un des avocats de la Défense, Antouman Gaye, a indiqué avoir déposé une nouvelle demande de liberté sous caution pour ses clients.
Parmi les accusés, Solo Sandeng et quatre autres personnes identifiées comme Lamin Ceesay, Fatoumatta Camara, Fatoumatta Jawara et Nokoi Njie, ces trois dernières étant des femmes, tous présumés morts ou sérieusement blessés d’après des défenseurs des droits de l’Homme, n’ont pas comparu.
La Gambie est dirigée d’une main de fer par Yahya Jammeh, parvenu au pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang en 1994 puis élu en 1996, et réélu tous les cinq ans depuis.
M. Jammeh été investi en février candidat de son parti pour briguer un cinquième mandat lors de la présidentielle de décembre. Son régime est accusé par des ONG et le département d’Etat américain de disparitions forcées et de harcèlement de la presse et des défenseurs des droits humains, accusations qu’il rejette régulièrement.