Blanchi par la police, les réquisitions de la Sonatel et le procureur : Qu’est ce qui retient Sheikh Alassane Sène en prison ?
L’affaire Sheikh Alassane du nom de ce jeune chef religieux accusé de menaces terroristes et placé sous mandat de dépôt par les autorités judiciaires, semble être un énorme coup monté. Un complot pour faire taire un chroniqueur acerbe qui n’hésite pas à s’en prendre aux autorités politiques dans son émission hebdomadaire publiée par le site d’informations en ligne dakaractu.com. L’analyse des procès verbaux d’audition de la Police et des éléments de réquisition servis par la Sonatel sur les appels et sms émis à partir des numéros de téléphone des mis en cause, notamment Salif Hamady Ba alias Johnny et Sheikh Alassane Sène, prouve, à suffisance que le dernier nommé est victime d’une cabale.
L’affaire des sms de menaces de mort envoyés au ministre de l’intérieur Abdoulaye Daouda Diallo et à la Directrice de la Police nationale Anna Sémou Diouf, est partie pour être le scandale politique du siècle. L’arrestation et la mise en garde à vue à compter du 11/2/2015, du sieur Salif Hamady Ba alias Hamdel ou Johnny Ba, par un officier principal de police de la Division des investigations criminelles en charge de l’enquête, a été le premier acte du feuilleton de ce « film policier » sur fond de complot. Johnny Ba, dans ses déclarations à la Police, a varié dans ses positions concernant le téléphone à partir duquel les sms incriminés ont été envoyés.
En vérité, il a menti aux enquêteurs leur affirmant n’avoir jamais vu le téléphone ni connaître le numéro de la puce qui a envoyé les sms. Or, dans les procès verbaux d’audition et de confrontation que Direct Infos a pu obtenir et exploiter, il ressort que Johnny a été confondu par sa cousine Diary Ba à qui il a offert le téléphone après le forfait (l’envoi des sms).
Diary Ba a aussi lors de sa deuxième audition menti aux enquêteurs avant de se rétracter de nouveau confirmant que c’est Johnny qui lui a offert le téléphone (Samsung de couleur rouge). La femme de charge de Johnny, a, elle aussi indiqué aux enquêteurs, avoir vu à plusieurs reprises le téléphone dans la chambre à coucher de Johnny et que la cousine Diary lui a également annoncé avoir reçu le téléphone comme cadeau des mains de son cousin Johnny.
Elle a aussi déclaré avoir acheté la puce, objet du forfait, sur ordre de son patron « près du marché de l’unité 3 des Parcelles assainies dans le courant du mois de janvier. Et qu’elle a formellement reconnu le vendeur lors d’une « Identification » dans les locaux de la Police, le 16 février à 15h 30 minutes. Se sentant pris dans son jeu, Johnny a reconnu son mensonge et dit avoir bel et bien offert le téléphone à sa cousine Diary Ba.
Réquisitions Sonatel
L’exploitation du listing du numéro de téléphone 781235245 a révélé qu’il a été utilisé le 15/1/2015, entre 20h 45 et 21h 56, pour envoyer les messages de Type SMS incriminés qui ont été relayés par les antennes BTS de « l’unité 4-B » des Parcelles assainies et de « Cambérène _05 ». Ces informations obtenues par la police à partir des réquisitions faites à la Sonatel, prouvent également que les sms ont été envoyés dans la zone d’habitation de Johnny (Cité Fadia).
Pour confirmer cette thèse, la Police a eu recours à la géo localisation toujours à partir de réquisitions adressées à la Sonatel. Quand Johnny Ba a déclaré être dans l’impossibilité de dire où il se trouvait le 15/1/2015 au moment où les sms ont été envoyés, les limiers lui ont présenté les résultats de la géo localisation : « le 15/1/2015, à 20h, 21h 23 et 21h 34, vos appels par le biais de votre numéro ont été relayés par l’antenne BTS de la « Cité Fadia » et à 21h51, vous avez reçu un appel relayé par l’antenne BTS de « Cambérène01_ 3 ».
Quid de Sheikh Alassane Sène ?
Après que Johnny Ba a cité le jeune chef religieux comme étant celui qui lui avait offert le téléphone, Sheikh Alassane Sène avait été convoqué à la Dic puis gardé à vue au commissariat central en vue d’auditions et de confrontations. Ce dernier qui n’a cessé de clamer son innocence, a dit aux limiers de la Dic qu’il n’a jamais envoyé de sms aux autorités, qu’il n’est pas allé au domicile de Johnny depuis quatre ans au moins et qu’il n’a dans son répertoire aucun numéro parmi ceux incriminés.
Après le déroulement de l’enquête, l’officier principal d’écrire dans sa notification de levée de garde à vue et de remise en liberté: « En l’absence de charges suffisantes et sur instructions du Procureur de la République, Levons la mesure de garde à vue prise à l’encontre du nommé Cheikh Alassane Sène, pour les nécessités de l’enquête, depuis le13/2/2015, à 23h20 mn, en vue de sa remise en liberté ».
Mais, ironie du sort ! Il a été de nouveau convoqué le lendemain sur instructions du Procureur général, présenté au Doyen des Juges et placé sous mandat de dépôt avant d’être écroué à Rebeuss. Il a par la suite été transféré au Cap Manuel et isolé. Sur son dossier, on nous aurait dit qu’il y est inscrit « terroriste dangereux ».
Ce nouveau tournant piétine et anéantit le travail remarquable des enquêteurs qui, avec un professionnalisme distingué, ont rondement mené cette affaire. Mais qu’y a-t-il vraiment dans ce dossier? Que reproche-t-on à M. Sène? Tous les éléments de l’enquête de la Dic, le disculpent totalement et enfoncent Johnny qui s’emmêlent les pinceaux dans ses dénégations, ses mensonges et ses rétractations.
Mais d’aucuns avancent que Cheikh Alassane Sène dérange avec sorties virulentes contre le « Macky ». Lors du rassemblement contre Charlie à la place de l’Obélisque, Sheikh Alassane Sène a été particulièrement virulent à l’endroit du Président Sall.
Dès lors, il est légitime de se demander si on n’est pas devant un règlement de comptes politiques ou la revanche sur l’épisode Charlie. Ne cherche-t-on à bâillonner les libertés d’expression. Qui sait…. ??? Par ailleurs, nous sommes très surpris par le silence des défenseurs des droits de l’homme qui assistent inertes à une forfaiture de plus du régime. Il y a également le silence de ses pairs religieux qui inquiète.
Source: Direct Info