Retour sur des négociations qui ont mis en scène le gouvernement sénégalais et le Qatar
Ce rêve qui m’a propulsé dans un cadre si privé, m’a ensuite poussé à poser cette question : « S’il paie sa caution, comment le Chef d’État arrivera-t-il à le faire libérer ? »
La voix précise : « Il paiera sa caution et Macky Sall va le gracier car il a ce pouvoir de le faire… Karim Wade quittera ce pays, il va se faire oublier et il profitera tranquillement des milliards restants, cette somme volée aux sénégalais. Après cela, il reviendra sans doute au Sénégal pour faire de la politique.
Dans la nuit du 24 novembre 2016, on annonce la libération de Karim Wade. Vers 1h30, le vendredi soir, le fils de l’ex-chef de l’État file directement à l’aéroport et quitte le Sénégal.
Ayant apprise cette information, je tombe des nues. Je me rappelais de ce rêve…des scénarios qui, jusque-là, sont en train de donner raison à mon rêve.
Je m’enferme dans la chambre et je me perds dans mes pensées : « Le Président Macky Sall est-il en train de jouer avec le peuple sénégalais ? Mais que faisait le procureur du Qatar au Sénégal et pourquoi Karim a-t-il si rapidement quitté son pays ? ». Les idées se bousculent dans ma tête. « Et si ce rêve était vrai, du début à la fin ? »
Deux ans après, le vendredi 24 juin 2016, ce rêve revient me rendre visite.
« Je vous avais dit…il prendra l’avion sans même se retourner dès qu’il quittera son nid de voleur…Les fonds sont disponibles là-bas. En France, il n’y a rien ou si peu. Les pays arabes ne reniflent pas l’argent car Trackfin n’existe pas là-bas. Le pire est que certains soutiens sénégalais s’étonnent du « pas merci» , pas au-revoir ? Pensez-vous que l’on fasse des amabilités à ceux que l’on a volé pendant des années…C’est tellement drôle et tellement prévu. Miss, on rentre dans les sphères ou les plus hauts dirigeants sont impliqués. Pourquoi le procureur de Doha était là pour le transfert ? N’oubliez pas que légalement il est libérable donc la loi le permet, mais comme je vous ai dit, l’épée de Damocles reste contrainte par corps. Il paie la dette sinon il peut retourner en prison demain par le seul bon vouloir du créancier, c’est à dire l’État »…Est-ce une menace étatique ?
Réveillée en sursaut, je m’arrête sur cette phrase : « Il paie la dette sinon il peut retourner en prison demain par le seul bon vouloir du créancier, c’est à dire l’État ». Il est 02h35, je tire mon ordinateur et je tombe sur les déclarations de Sidiki Kaba après la libération de Karim Wade :
« […] A cet effet dira-t-il, cette séquence ne remet nullement en cause la volonté de l’état de poursuivre la lutte contre l’enrichissement illicite. Et les procédures en cours à la CREI seront poursuivies »
Dois-je comprendre par là qu’il est en train de mettre en garde Karim si toutefois il ne respectait pas son engagement, à savoir de payer sa dette, une fois au Qatar ?… et au risque de se retrouver une nouvelle fois en prison ?
Après quelques minutes de réflexion je souris car je me suis fiée à mon rêve. Non…Je ne dois pas faire confiance à un rêve, Non..une journaliste ne doit pas faire confiance à l’abstraction.
Je me lève aussitôt de mon lit et je décide de faire une chose qui pourrait sans doute apaiser mon esprit : Enquêter sur cette affaire.
« On parle de négociations, nous avons entendu parler de cela pendant longtemps. Vous êtes bien renseignés sur les circonstances par lesquelles il est parti et de la manière par laquelle il a voyagé. Le seul travail que j’avais à faire à travers la direction de l’administration pénitentiaire était d’exécuter. S’il veut rester au Sénégal, ou ailleurs c’est lui qui le décide » dira-t-il. « Je voudrais aussi dire que les exécutions de décisions de décret se font de jour comme de nuit. Pour tout le reste je vous renvoie à vos propres investigations. Nous avons fait le travail qu’il faut ».
Abdoulaye Mar Dieye, administrateur adjoint et directeur du bureau régional du PNUD pour l’Afrique, a assisté à la réunion avec le ministre sénégalais de la Justice Sidiki Kaba, et avec l’ ambassadeur du Qatar au Sénégal, Bn Ali Al Qahtani et la délégation.
du cas Karim Wade. L’ambassadeur du Qatar au Sénégal, Bn Ali Al Qahtani a assisté,
encore une fois, à la réunion.
J’ai passé toute la soirée à écrire. Il est 7 h 45 du matin… le lundi 27. Je termine ces dernières lignes de mon papier. Je me lève et me pose cette dernière question avant le grand dodo : L’Afrique est-elle définitivement condamnée ? Non je refuse d’y croire, non…je chasse cette idée de ma tête. Et OUI, je sais qu’un jour…il y aura un grand changement. Quand ? Je ne sais pas…
NB : Le Ministre de la justice a demandé aux journalistes de mener leur enquête. Elle a donc été faite.
Rokhy Goudiaby
Journaliste Canalfrance.info