l est 13 heures à Tivaouane plus précisément au quartier « Keur Mass », situé sur la route de Mboro, à quelques encablures du collège Serigne Babacar Sy. Dans ce paisible quartier de la cité religieuse, une maison peinte en jaune attire la curiosité des pèlerins. Dans la cour, des femmes, sous l’ombre d’un grand manguier, assises sur des nattes ou sur des chaises, s’affairent autour de grosses marmites. Certaines épluchent les légumes, d’autres enlèvent les écailles des poissons. « Nous préparons le déjeuner pour les membres du dahira qui sont en cours de route », informe Seynabou Gueye, membre du dahira « Moukhi-Bina ».
Dans cette concession, l’ambiance du Mawlid est palpable. Des haut-parleurs, accrochés aux différents coins de la maison, distillent les sons de Doudou Keindé Mbaye . Cette maison n’est pas celle d’un guide religieux de la confrérie. Elle est une maison chrétienne qui, pour les besoins du Gamou, a revêtu ses plus beaux atours. Antoinette Bampoky est la doyenne de la maison.
Symbole du dialogue islamo-chrétien
Présidente des femmes catholiques, elle nous explique que cela fait 22 ans qu’elle héberge dans sa maison, pendant toute la période du Gamou, le dahira Moukhibina de Raaw (Saint-Louis). « L’histoire a débuté avec mon époux, Elias qui fut un technicien supérieur de la santé. Il est togolais mais il était en mission à Tivaouane. Lors d’un Gamou, des femmes venues de Raaw, voulaient passer la nuit à la belle étoile avec leurs enfants. Il les a invités à l’intérieur de la maison et leur a cédés une chambre où elles ont logé duranttout leur séjour dans la cité religieuse », a expliqué Antoinette Bampoky.
Qui indique qu’après le décès de son époux, elle perpétue toujours cet acte. « Nous vivons en parfaite convivialité avec les musulmans du quartier. A chaque Gamou, nous sortons de nos chambres pour les céder aux pèlerins. Je passe la nuit sous la véranda, sur un matelas. Et, je le fais avec plaisir », s’enorgueillit-elle avant d’indiquer que ses enfants préparent également des mets qu’ils distribuent aux fidèles.
Président du dahira, Assane Gueye s’en réjouit. « Nous sommes à l’aise dans cette maison. On nous traite comme des rois. Cette dame est d’une bonté incommensurable. Elle ne ménage aucun effort pour mettre ses hôtes à l’aise. Elle est l’incarnation parfaite du dialogue islamo-chrétien ».
A l’instar de Antoinette Bampoky, nombreux sont les chrétiens vivant dans la cité religieuse qui, pendant le Gamou, accueillent leurs frères musulmans.