La basilique Saint-Pierre était comble lorsque le pape François est arrivé, jeudi 24 décembre au soir, pour la traditionnelle messe de minuit, célébrée cette année sur fond de menaces jihadistes et de violences au Moyen-Orient. Arrivé au milieu d’une longue procession au son du « Gloria in excelsis Deo », le pape argentin a exhorté les 1,2 milliard de catholiques à chercher le « sens de la justice », appelant à la « sobriété » et à conjurer « toute peur ».
« Dans une société souvent éprise de consommation et de plaisir, d’abondance et de luxe, d’apparence et de narcissisme, Dieu nous appelle à un comportement sobre, c’est-à-dire simple, équilibré, cohérent, capable de saisir et de vivre l’essentiel », a recommandé le pape de 79 ans.
« Dans un monde qui est trop souvent dur avec le pécheur et mou avec le péché, il faut cultiver un fort sens de la justice », a-t-il ajouté. « Il a critiqué la culture de l’indifférence, un thème cher au pape François qui en avait déjà parlé lors de son voyage à Lampedusa », rappelle Natalia Mendoza, la correspondante de France 24 au Vatican.
Pâle et la voix sourde à la suite d’une grippe, il a ensuite demandé aux fidèles parfois persécutés à résister à « toute peur et toute frayeur ». La peur s’est néanmoins immiscée jusqu’à Rome où les pèlerins n’étaient pas venus en foule, jeudi dans la journée, par crainte d’attentats.
Violences au Proche-Orient
À Bethléem, où Jésus est né selon la tradition biblique, les pèlerins étrangers se faisaient aussi rares, alors que les violences ont connu une recrudescence depuis près de trois mois. Quatre Palestiniens ont encore été tués jeudi par les forces de l’ordre israéliennes en Cisjordanie occupée, dont trois après avoir lancé des attaques contre des juifs.
La messe de minuit, célébrée dans l’église de la Nativité en présence du président palestinien Mahmoud Abbas, a été dédiée aux victimes du terrorisme et le patriarche latin de Jérusalem, Fouad Twal, a largement évoqué le conflit au Proche-Orient. « Nous songeons aux maisons démolies à Jérusalem et en Palestine, aux terrains expropriés, et aux hommes touchés par une punition collective », a-t-il déclaré.
« Nous songeons aux victimes du terrorisme, partout, de quelque peuple que ce soit », a-t-il poursuivi. Les cloches ont sonné sur la place où les lumières du sapin avaient été éteintes quelques minutes en mémoire de ces victimes.
« Possibles menaces »
Dans plusieurs pays, et pas seulement dans la région, Noël a été en partie éclipsée par les violences des jihadistes. En France, où des attentats revendiqués par l’EI ont fait 130 morts le 13 novembre, la sécurité a été renforcée à l’entrée des églises durant les messes de Noël. Quelque 800 fidèles ont même été évacués par prévention d’une église de Besançon, après une alerte à la voiture suspecte lancée en début de soirée.
Faisant état de « possibles menaces contre les Occidentaux », les ambassades des États-Unis et du Royaume-Uni à Pékin ont quant à elles demandé à leurs ressortissants d’éviter un quartier animé de la capitale durant les fêtes de Noël. « Il y avait une tension et une présence policière inhabituelle dans la ville », a noté Baptiste Fallevoz, correspondant de France 24 à Pekin, qui note que le niveau d’alerte a été monté à 2 sur une échelle de 4.
En Irak, le patriarche de Babylone des chaldéens, Louis Raphaël Sako, a annulé à Bagdad les cérémonies de salutations des responsables politiques et religieux. En Somalie, pays à majorité musulmane, le gouvernement est allé jusqu’à interdire les célébrations de Noël et du Nouvel An au motif qu’elles pouvaient susciter des attaques des islamistes shebab.