Et si on en parlait… 17 milliards récupérés de Karim : vérité ou mensonge d’État…
Deux faits décisifs viennent d’attiser de nouveau l’Affaire Karim : l’État du Sénégal déclare avoir récupéré plus de 17 milliards de lui et en même temps, la Justice française, longtemps indifférente à cette affaire, vient de déclarer recevable la plainte de celui-ci « contre X pour détention arbitraire ».
Le débat sur le référendum est si hégémonique que ces deux faits nouveaux ne font pas l’objet d’une attention nationale. D’abord, la prétendue récupération de 17 milliards est bizarre. Est-ce une opération dont la véracité, l’authenticité et l’exactitude sont indiscutables ? Beaucoup d’observateurs doutent et soupçonnent un mensonge d’État dont la finalité politico-judiciaire est de se donner bonne figure, se construire un atout pour le référendum et se procurer l’ersatz d’une crédibilité en phase avec l’intérêt national.
Cette histoire de plus de « 17 milliards récupérés » des comptes de Karim Wade déclarés après que celui-ci eut appelé de sa cellule carcérale à voter ”Non” au référendum et son annonce s’étant tenue lors d’une conférence de presse tenue non à Dakar, mais à Paris, dans les locaux de l’agence PB Com Internationale de Patricia Balme qui a en charge la communication de Macky Sall rendent bien compte de la portée essentiellement politique de cette annonce.
Aucun numéro de compte bancaire authentique n’a été livré pour donner le sérieux et la véracité des chiffres gigantesques et de biens immobiliers féeriques servis en conférence de presse. La valeur réelle du recouvrement authentique des colossales sommes de milliards évoquées est bien douteuse et prête même à rire.
Avec cette affaire controversée et obscure de traque de biens supposés mal acquis engagée dans une atmosphère d’euphorie, de règlement de comptes et de volonté de réduire à néant un potentiel candidat, le régime actuel s’est retrouvé dans un labyrinthe politico-judiciaire dans lequel il se noie.
Cette traque de biens supposés mal acquis se retourne contre Macky Sall lui-même : les citoyens incriminent un règlement de comptes, accusent une justice à double vitesse et dénoncent un hideux favoritisme politique.
Ces imputations des citoyens ont maintenant une ampleur internationale. D’abord, malgré l’indifférence de Macky Sall, le Groupe de Travail des Nations-Unies sur la détention arbitraire estime que l’embastillement de Karim Wade est illégal et autocratique. Ensuite, la justice française qui, auparavant avait des positions de retrait par rapport à cette affaire, vient de déclarer la plainte de Karim Wade contre l’État du Sénégal recevable.
Cette recevabilité est préjudiciable à l’image de Macky Sall et à la crédibilité de la justice sénégalaise qui sont désormais convoqués au banc des accusés sur la scène internationale.
Avec Karim Wade, ce régime est quand même allé trop loin et avec démesure et fanfaronnade. Les choses ont été faussées, dès le début, avec des magistrats ostentatoires aux propos accusateurs titanesques et des acteurs politiques phénoménaux qui se délectaient de la privation de liberté d’un adversaire élevé au rang d’ennemi.
Ces prétendus 17 milliards récupérés ne font pas d’effets auprès des masses. C’est une déclaration qui ressemble plus à un canular qu’à une opération sérieuse et authentique. Encore que c’est un cabinet privé de communication qui gère l’image de Macky Sall qui s’est chargé de la porter au public. C’est alors évident que la justice française considère que la plainte contre l’État du Sénégal est bien recevable.
Le Piroguier de Rewmi