L’essentiel des partis de l’opposition a mis sur pied Mankoo Taxawu Senegaal. Montée en vue des prochaines législatives, cette entité regroupe des partis et coalitions politiques et des mouvements citoyens, notamment. Elle se fixe pour ambition «le redressement du Sénégal».
Mankoo Taxawu Senegaal a de l’allure. Au bas de son acte de naissance figurent, en effet, des signatures prestigieuses : l’ancien Président Abdoulaye Wade (Pds), Idrissa Seck (Rewmi), Modou Diagne Fada (Ldr/Yeesal), Malick Gakou (Grand parti), Cheikh Bamba Dièye (Fsd-Bj), Papa Diop (Bokk gis gis), Mansour Sy Djamil (Bës Du Ñakk), Mamadou Diop Decroix (AJ/Pads) et Khalifa Sall («Initiative 2017», une entité regroupant AD Pencoo, Anc, PS des Valeurs et Taxawu Dakar, notamment).
En attendant de s’entendre sur la position des uns et des autres sur les différentes listes qui seront mises sur pied, ses membres se sont accordés sur le diagnostic de la situation nationale et sur un programme de gouvernance. Le tout est contenu dans un mémorandum signé par les personnalités citées plus haut.
Onze mesures urgentes
Dans le document parvenu à Seneweb, l’opposition pointe «la dégradation continue des conditions de vie des populations», «les scandales économiques et financiers qui rythment le quotidien du régime du Président Macky Sall», «la gestion nébuleuse et l’appropriation des ressources naturelles (du) pays par la famille, le clan et le cercle des amis et proches du Président Macky Sall ainsi que les lobbys étrangers», «la mauvaise gestion des finances publiques», «les violations récurrentes des libertés publiques»…
Forts de ces constats et «reconnaissant la nécessité d’un dépassement historique pour présenter une liste unique de l’opposition, obtenir une majorité parlementaire et mettre en œuvre un véritable programme de transformations politiques, économiques et sociales», Wade et Cie ont décidé d’unir leurs forces pour une alternance à l’Assemblée nationale.
S’ils atteignent leur but, ils s’engagent à prendre 11 «mesures urgentes». Lesquelles visent quatre objectifs : «améliorer les conditions de vie des populations», «garantir la bonne gouvernance, notamment dans la gestion du pétrole du gaz, etc.», «défendre les libertés et les droits des citoyens» et «renforcer la démocratie».
Parmi les mesures ciblées, il y a «l’adoption et la mise en œuvre consensuelles de nouvelles politiques sectorielles dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche, de la culture, des sports, etc.» ; «l’institution d’un véritable parquet financier pour éradiquer la corruption dans notre société, dans le respect des normes internationales» ; «l’adoption de lois consacrant l’arrêt du pillage de nos ressources, notamment dans les domaines pétrolier, minier, foncier, halieutique, de l’environnement, de l’urbanisme, des collectivités locales, du foncier, etc.» ; «la réforme de la loi électorale par un mode de scrutin plus équitable, notamment avec la suppression du scrutin majoritaire à un tour, le ‘’raw gàddu’’» ; «la garantie d’un accès équitable de tous les partis politiques aux médias publics»…
Une victoire pour Wade
D’ici aux législatives, Mankoo Taxawu Senegaal espère élargir ses bases. Dans ce sens, la coalition tend la main «à tous les partis politiques, toutes les organisations de la société civile, à tous les mouvements citoyens, à toutes les personnalités indépendantes en accord avec (son diagnostic et son programme) et prêts à s’engager pour les intérêts exclusifs de notre peuple».
L’avènement de cette coalition hétéroclite constitue une victoire pour l’opposition. Surtout, probablement, pour Wade qui a été l’un des premiers, sinon le premier, a émettre l’idée d’un vaste rassemblement pour faire face à la majorité aux prochaines législatives, la dominer et imposer au chef de l’État la cohabitation. D’autant qu’il y a le feu dans le camp d’en face avec les partisans de Macky Sall qui se regardent en chiens de faïence s’ils ne se tirent pas dessus.