Pour la première fois de l’histoire du Sénégal, des élections législatives seront disputées dans la plus grande incertitude. Avec une opposition qui monte dans les sondages et une coalition au pouvoir qui se fissure, des citoyens se dressent contre la composition monocolore d’une assemblée aux mains d’un parti et se présentent pour faire entendre leur voix, celle du peuple sans voix. Parmi eux, des journalistes, des activistes, des imams et même des…lutteurs.
Le Sénégal a changé. L’Assemblée nationale, autrefois chasse gardée des politiciens et des partis politiques, est aujourd’hui prise d’assaut par de simples citoyens qui ne veulent plus subir la loi d’un groupuscule de personnes au service des intérêts d’une seule personne. Des groupes parlementaires agissent pour leur cause et leur idéologie. La majorité parlementaire ne fait qu’appliquer les yeux fermés les instructions de leur chef de parti. Cette majorité mécanique est loin du peuple qui, aujourd’hui, réclame de vrais députés.
Et les candidatures se font entendre de partout. Des imams réunis au sein de la plateforme « And samm Jikko Yi » se lancent dans la course aux législatives. « 145 organisations qui constituent And Samm Jikko’ vont, en toute souveraineté et collégialité jouer un rôle important aux Législatives du 31 juillet 2022 en présentant une liste unique » a déclaré le 19 février lors d’une manifestation, Mame Makhtar Gueye de l’ONG Jamra qui emboite le pas au prêcheur Oustaz Alioune Sall, qui lance un appel à la mobilisation en vue des élections législatives prévues le 31 juillet 2022.
Et cet engouement pour les législatives est porté par des citoyens lambda qui déclarent sur la toile : « on aura des députés journalistes, députés imams, députés activistes, députés chanteurs, députés lutteurs, députés capitaines, députés marabouts »…« On veut des députés oustaz et animateurs pour une bonne assemblée bien représenté ». Ces citoyens qui appellent à une représentation très colorée de l’Assemblée ont réagi suite aux déclarations de certains acteurs de la vie publique Sénégalaise.
Guy Marius Sagna a déclaré, à travers sa page Facebook, sa candidature pour les prochaines élections législatives : « J’ai décidé aujourd’hui d’accepter votre invitation à être candidat pour les prochaines élections législatives du 31 juillet 2022…Oui, nos luttes qui durent depuis plus de 20 ans dans la rue avec des victoires, des défaites, des avancées doivent entrer à l’assemblée nationale du Sénégal. » (Déclaration de Guy Marius Sagna du 18 avril 2022).
Et l’activiste Guy Marius Sagna n’est pas le seul. Il est suivi par le journaliste Pape Djibril Fall qui a rendu publique hier 22 avril, sa décision de participer aux législatives : « Dans notre cher pays, se tiendront les législatives en juillet prochain. C’est une échéance cruciale pour la survie de notre nation, de notre démocratie, de nos fils et filles de notre pays… ceci me conforte dans mon attachement à notre grande nation, ma fidélité aux valeurs d’humanisme, d’empathie… C’est fort de ce constat que j’ai décidé de m’engager davantage à vos côtés en répondant favorablement à votre invite. Je suis candidat à la candidature pour les élections législatives du 31 juillet 2022 ».
Toutes ces candidatures ne sont pas là pour grossir la mouvance présidentielle. Bien au contraire, toutes ces personnes dont plusieurs iront sous la bannière de la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi, comme l’a confirmé de son côté Guy Marius Sagna, veulent aller à l’Assemblée nationale pour s’opposer au président Macky Sall dans le vote des lois ; Ils ne veulent plus laisser le président et sa majorité parlementaire voter ce qu’ils nomment des « lois scélérates ».
Si les tendances se confirment avec cette montée de l’opposition, le Sénégal va se retrouver avec des députés comme Ahmed Aïdara, maire de Guédiawaye, Guy Marius Sagna coordonnateur de FRAPP (Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine), le journaliste Pape Djibril Fall et peut-être l’autre journaliste « pro-Sonko » Pape Alé Niang, les imam et Oustazs de And Samm Jikko yi, et le lutteur de Fass, Gris Bordeaux. Et ce sera l’une des assemblées les plus démocratiques de l’histoire du Sénégal.
Le président et sa majorité font tout pour éviter une forte représentation des groupes hétéroclites qui ne feront qu’affaiblir la mouvance présidentielle. Des opérations de débauchage de plusieurs responsables de l’opposition ont été lancées par locataire du palais. Le président Macky veut conserver sa majorité de 2017 à l’assemblée en ralliant à Benno Bokk Yaakaar plusieurs maires qui ont gagné les locales sous la bannière Yewwi Aska Wi…
La Rédaction de xibaaru