Après plusieurs mois de concertations doublées parfois de combines, souvent menées sous forme d’alliances et de mésalliances, au gré des intérêts de positionnements du moment, pour dresser des listes en vue des élections législatives du 30 juillet prochain, nous voilà à la phase fatidique pour choisir sur un nombre pléthorique de 47 noms de listes de candidats des partis ou coalitions de partis ou indépendants et de couleurs. Vouloir, à tout va, être député du peuple oblige ! Même si, l’extraordinaire explosion du budget d’organisation de ces dites élections, initialement prévu à 5 Milliards de FCFA, n’émeut bon nombre d’entre eux et risque, comme le prédisent des spécialistes en la matière, d’atteindre son paroxysme avec un montant estimé, tenez-vous bien, à pas moins de 16 Milliards de FCFA. Normal, nous diront certains car la démocratie à un PRIX. Mais, nous, nous leur dirons NON, lorsque le peuple doit trinquer de plus de 305 millions de FCFA pour chaque liste conquérante, cautionnaire que de 15 millions FCFA pour devenir ensuite, pour la plupart de simples spectateurs au parlement. In fine, on se demande réellement, si l’enjeu en vaut la chandelle pour le peuple.
Afin de nous prémunir d’un mauvais “investissement” n’est-il pas temps de repenser un autre système électoral plus adapté au contexte actuel ?
Défini étymologiquement comme “une méthode de transformation des suffrages en élus qui n’est pas sans influence sur la façon de « faire de la politique » par les parties en présence, les systèmes d’alliances, l’organisation des campagnes électorales, ou le résultat”, le système électoral est également considéré comme un facteur important d’orientation positive du vote populaire, car sa logique et sa dynamique influencent indirectement le choix de l’électeur/trice. Ce qui a conduit de nombreux théoriciens au XIXème siècle, à l’instar de l’économiste-polytechnicien Victor Prosper Considerant (considéré comme inventeur de la représentation proportionnelle scrutin de liste suivant la parution de “Opuscule” en 1846) et du Mathématicien-Juriste Victor D’Hont (le premier à avoir testé ce scrutin en Belgique en 1899) à se pencher sur les différents modes de scrutins, leurs effets et leur fonctionnement. Qualifiée de “théorie du vote” dans le jargon anglophone, cette étude constitue une discipline du droit constitutionnel entrant en parfaite adéquation avec la science politique et les mathématiques.
Actuellement, pour choisir parmi 7 755 candidats des partis ou coalitions de partis ou indépendants et leurs suppléants respectifs, nos 165 futurs représentants, nous avons un mode de scrutin mixte parallèle dans 53 circonscriptions électorales, au total (45 départements du pays et 8 circonscriptions de la Diaspora). L’un dit Majoritaire ou Départemental, régi par la logique du “VAE VICTIS” (malheur au vaincu en latin) ou « le vainqueur gagne tout », “RAW GADDU” chez nous, autrement dit la liste de candidats arrivée première est la seule représentée, concerne les 105 sièges (y compris ceux de la Diaspora), répartis conformément aux dispositions du décret n° 2017-443 du 15 mars 2017. Le second, appelé Proportionnel ou National, s’efforçant d’attribuer des représentants à toutes les 47 listes de candidats des partis ou coalitions de partis ou indépendants en fonction de leurs résultats respectifs, table sur les 60 autres sièges restants. Ce scrutin plurinominal à la proportionnelle prévoit généralement une attribution des sièges soit au plus fort reste, soit à la plus forte moyenne. Pour ces prochaines élections législatives, c’est la répartition au plus fort reste qui est en vigueur, conformément au Code Électoral.
Et comme tout système d’élection, il a ses avantages et ses inconvénients. Parmi ses avantages : on a le fait qu’on se suffit à un unique vote. Mais, le plus remarquable de ses inconvénients est qu’un ignoble groupuscule pourrait arracher un siège ! L’horreur est qu’il se targuera toujours, malgré sa non représentativité, d’être un ou des députés du peuple comme tous les autres ! Alors, pour parer à cette probable éventualité, certaines démocraties majeures, ont trouvé une astuce en ajoutant souvent un règlement qui élimine purement et simplement les listes ayant obtenu moins de 5% des voix. Dans notre analyse, inutile pour le moment de faire état à ce règlement des 5%. Nous nous intéresserons plutôt à la répartition des 60 sièges de la nationale entre les 47 différentes listes de candidats des partis ou coalitions de partis ou indépendants en compétition.
Pour ce faire, il faut d’abord déterminer le quotient électoral qui s’obtient de la sorte : on divise le total des suffrages valablement exprimés (donc à ne pas prendre en compte, ni les bulletins blancs ni les nuls) par le nombre de sièges à pourvoir, à savoir 60, s’effectuant comme suit : Quotient électoral = total des suffrages valablement exprimés / nombre de sièges à pourvoir. Après, il servira de diviseur pour chacune des parties. Ainsi, chaque liste obtiendra autant de sièges que son score contiendra le quotient électoral. Attention ! Ça peut paraître banal, mais il faut toujours travailler avec les virgules du nombre correspondant à la moyenne de chaque liste : c’est ça la règle ! Car les décimales seront déterminantes pour la deuxième répartition des sièges restants. Si quelqu’un est tenté de vouloir faire plus simple en proposant le chiffre sans les virgules, c’est certainement qu’il y trouve son compte.
En illustration, ci-après, à titre d’exemple, l’élection des membres d’un conseil d’administration sur la base d’un scrutin proportionnel :
16 sièges sont à pourvoir ;
4 listes se sont présentées ;
167 suffrages exprimés dont 1 nul et 1 blanc ;
165 suffrages exprimés valides (ni blancs, ni nuls) répartis comme suit :
Liste A : 34 voix
Liste B : 75 voix
Liste C : 46 voix
Liste D : 10 voix
Pour trouver le Quotient électoral, on prend 165 voix pour 16 sièges, ça fait 165 divisé par 16 qui donne 10,3125 voix pour obtenir 1 siège. Néanmoins, l’application du quotient électoral ne permet pas automatiquement de distribuer tous les sites. Pour attribuer maintenant les sièges restants, il existe deux méthodes de calcul :
– La méthode de « la plus forte moyenne » consistant à diviser le nombre de voix de chaque liste par le nombre de sièges obtenus + 1 ;
– La méthode dite du « plus fort reste » qui nous concerne, consistant à soustraire du nombre de voix de chaque liste le total des quotients électoraux qu’elle peut contenir, à comparer ensuite les voix restantes.
Contrairement à la méthode de « la plus forte moyenne », nous nous rendons aisément compte que celle du « plus fort reste » favorise les petites formations politiques ou coalitions ou candidats indépendants (Voir Tableau – cas liste D *).
Listes Voix obtenues Voix/Quotient Sièges immédiatement acquis Décimales restantes converties en sièges Sièges à redistribuer
aux plus fortes décimales restantes Total
Sièges Obtenus
A 34 3,2969 3 0,2969 3
B 75 7,2727 7 0,2727 7
C 46 4,4606 4 0,4606 1 5
D 10 0,9696 0 0,9696 1* 1
TOTAL 165 15,9998 ~16 14 1.9998~2 2 16
On voit que les 14 sièges ont été acquis immédiatement (partie entière de la division par le quotient électoral). Les deux derniers sièges restants ont été attribués aux listes ayant le plus fort reste c’est à dire les 2 qui disposent, après détachement des nombres entiers, des décimales les plus élevées. Ainsi, les voix en décimales se transforment en sièges.
C’est pourquoi, métaphoriquement, l’éminent politiste français Michel Hastings indique que les systèmes électoraux permettent « la transmutation des voix en sièges, moment alchimique où le choix de l’électeur se métamorphose en représentant élu, comme le vil plomb en or ». Toujours selon lui, [cela se doit à une pluralité de facteurs (historiques, culturels, géographiques) et aux priorités envisagées par les législateurs lors de l’écriture du texte de loi. Celui-ci doit, précisément, satisfaire à deux exigences très différentes : au niveau micro-électoral, il faut adopter des règles permettant de choisir les personnes chargées de composer l’assemblée élective; et au niveau macro-électoral, il faut adopter des règles permettant d’établir le nombre de sièges attribué à chaque parti et – par conséquent – son poids au sein de l’assemblée élective ; l’un ou l’autre niveau étant considéré prioritaire en raison du moment historique où chaque loi a eu naissance].
Par ailleurs, il est véritablement reconnu que dans la conception d’un système électoral, un des aspects les plus déterminants est le type de bulletin de vote permettant à l’électeur/trice d’exprimer adéquatement son choix. En l’espèce, nous aurons, selon les experts, exactement plus de 365 millions de bulletins et 7 millions d’enveloppes, compte non tenu des autres imprimés (fiches de dépouillement et de transmission, enveloppes de transmission des PV … etc) et pour couronner le tout, une (1) seule liste à dénicher parmi 47. D’où cet intérêt à repenser intégralement le système, et pourquoi pas, comme ça se fait, en de pareilles élections, dans des pays de référence tel que la France, permettre à l’électeur/trice de venir avec un des bulletins (identiques) de vote, préalablement envoyés sous forme de propagande, à son domicile, à condition qu’il soit dissimulé afin d’assurer le secret de son vote.
Maintenant, face à une telle situation, d’aucuns proposent que l’électeur/trice soit autorisé(e) à emmener au moins 5 listes, au choix dans l’isoloir, d’autres pensent, pour le respect de la confidentialité et des dispositifs de la CEDEAO qu’il faudrait plutôt lui laisser y emporter tout le lot. Toujours est-il que, quel que soit le moyen utilisé, l’électeur/trice aura du mal à faire le distinguo et des couleurs et des listes. Courage Chers Concitoyens/nes ! Puisqu’il ne sera pas de tout repos, de chercher cette “aiguille” dans une meule de foin.
Cependant, il ne faut jamais se décourager à exercer ce DROIT de vote, qui en plus de représenter le seul moyen d’être en contact direct avec ce que nous avons de plus sacré, à savoir la DÉMOCRATIE, est de surcroît un DEVOIR moral et civique qui protège cette dernière.
Après tout, nous avons déjà bien saisi que S’INSCRIRE, c’est S’ENGAGER et que VOTER, c’est également CHOISIR nos dirigeant(e)s d’aujourd’hui et de demain, donc, faisons-le et pour nous, et pour nos enfants !
De plus, du moment que chacun(e) à son mot à dire, sachons qu’au vu de son impact, “ un bulletin de vote est plus fort qu’une balle de fusil » dixit Abraham Lincoln.
ALORS, ALLONS Y VOTER !
Qu’Allah SWT veille sur NOTRE CHER Sénégal…Amen
Par Elhadji Daniel SO,
Président d’En Mouvement ! Défar Sénégal
Ensemble, Construisons le Sénégal !