El Hadji Mounirou Ndiaye, économiste a été nommé à la Présidence de la République. C’est l’intéressé lui-même qui a en fait la révélation à travers sa page facebook. « J’ai pris service aujourd’hui comme Ministre-conseiller à la Présidence de la République ». L’enseignant-chercheur à l’Université Iba Der Thiam est désormais le Chef du Bureau de Suivi et d’Évaluation des Politiques et Programmes Publics.
« Je remercie très vivement le Ministre DMG Cheikh Oumar DIAGNE qui m’a réservé le meilleur des accueils et m’a très bien introduit. Je suis très honoré de partager ce champ d’action gouvernementale à côté du Premier Ministre Ousmane Sonko et de son gouvernement », a-t-il ajouté soulignant au passage qu’il mesure toute l’ampleur des charges et responsabilités attachées à sa nouvelle mission.
Très critique avec le régime de Macky Sall, Mounirou Ndiaye a écrit un livre pour lister les failles du programme économique de Macky Sall. Lors de la présentation de cet ouvrage, en janvier 2019, il avait qualifié le Pse de « Plan Sénégal endettement (qui) est un plan d’émergence de fumée ».
Dans un entretien avec Nettali à la même période, il avait enfoncé le clou en parlant de l’aide internationale. « Vous partez au groupe consultatif de Paris où on vous prête 3 927 milliards, dans le cadre du plan d’action prioritaire du Pse, le Papse 2014-2018. Vous revenez dans votre pays, vous en absorbez 2 056 milliards pendant quatre ans et bizarrement pour la seconde phase du plan, allant de 2018 à 2022, vous retournez à Paris et on vous promet un prêt de 7 356 milliards. Vous voyez donc que l’aide ne nous a pas permis de nous passer d’elle », disait-il.
Pour lui, les programmes de Macky Sall comme le TER était juste destiné à séduire l’électorat, mais ne relève pas d’un arbitrage économique judicieux. « On construit un train, alors que les populations auraient sûrement été plus intéressées par la réhabilitation du chemin de fer ».
D’ailleurs, il n’a pas caché son soutien au Pastef. Dans une contribution publié en avril dernier, il commençait son texte, ainsi : « Suivant la logique de la défense et du soutien que nous avons constamment apporté au PROJET, depuis 2021, nous sentons maintenant le devoir pressant de poser le débat de fonds en ce qui concerne la lutte contre la vie chère ». C’était pour dire aux nouvelles autorités qu’il vaut mieux stimuler la croissance que de se focaliser sur la baisse des prix, même si le Sénégal fait partie des 10 pays les plus chers au monde.
« Il faut, cependant, savoir tirer les leçons du passé récent et tenir compte des vulnérabilités et de la dépendance encore profondes de l’économie sénégalaise. Il faut éviter les éternels recommencements dus à des actions d’urgence sans calcul économique, ni arbitrage, ni stratégie adéquats. En 2012, le régime de Macky Sall s’est rapidement investi dans la baisse des prix des denrées alimentaires et la mobilisation de fonds conséquents pour des transferts sociaux. D’environ 6% en moyenne dans la période 2008-2011, le taux d’inflation a été maintenu en moyenne à moins de 0,5% entre 2012 et 2015. Ces actions ont ainsi contracté le PIB en volume et pénalisé la croissance économique qui a été de 3,7% en 2012, 2,6% en 2013 et 4% en 2014. La lutte contre l’inflation a plutôt évincé les préoccupations de création de richesses et d’emploi en contractant le PIB nominal », écrivait-il.