Le xessal en milieu estudiantin : Pourquoi les filles se blanchissent la peau?

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La femme africaine et la dépigmentation, c’est une longue histoire. Elle la définit selon ses orientations et ses objectifs : xéssal, léral, gnaral, diwu… la dépigmentation communément appelée xéssal est bien connue des Dakaroises. Elle a fini de métamorphoser beaucoup de jeunes filles. De nos jours, parmi ses meilleurs adeptes figure un nombre important d’étudiantes qui, conscientes du danger que recèlent ces produits essayent tant bien que mal de la légitimer.

Adossées au mur de la bibliothèque universitaire,  quatre jeunes filles discutent tranquillement. Seule Rama a conservé son teint noir, les trois autres ont préféré se blanchir leur peau. Chacune avance des arguments pour expliquer le choix du xéssal. Rama à la noirceur d’ébène indexe les hommes. Même si elles se partagent la faculté des sciences juridiques et politiques, elles n’ont pas les mêmes arguments pour s’exprimer sur la dépigmentation constatée chez les jeunes étudiantes.

Sous le couvercle de l’anonymat, l’une des amies de Rama parlent de feeling : « le xéssal a du feeling et j’aime bien ». Ce qui veut dire qu’elle met l’accent sur la beauté, sur les regards des autres. L’autre évoque la beauté : « le xéssal me va très bien : “plus je m’y mets, plus les hommes apprécient” et la troisième moins verbeuse, dit que c’est pour augmenter sa beauté. Rama, quant à elle, dit que ce sont les hommes qui encouragent les jeunes filles. Quand une fille commence à se dépigmenter, ils disent « boy yagui ci dara » (tu es entre de bonnes mains) et cela l’encourage. Très à l’aise, quand elles parlent du xésal, on sent qu’elles n’ont pas envie d’arrêter si tôt la dépigmentation.

L’effet de mimétisme
On se rend compte que chacune a sa façon de voir le phénomène. Les échanges avec ces filles ont permis de savoir que l’environnement impacte foncièrement sur leurs vécus. Nul ne peut dire qu’elles ne connaissent pas le danger qui les guette en détruisant la mélanine. A force de discuter avec ces étudiantes, on sent la tacite influence de leur entourage, soit c’est une amie, une parente ou une sœur. Le paradoxe est que ces jeunes filles, un temps soit peu, ont entendu parler des effets néfastes des produits utilisés. Mais le regard social fait qu’elles hypothèquent leur santé pour paraitre ravissante. Le malheur est que, quand la personne s’y lance, il lui sera difficile de s’en sortir « si je diminue d’aucuns diront que j’ai des problèmes ce qui fait que si je n’augmente pas, je ne diminuerai pas » nous confie une jeune fille étudiante deuxième année en géographie. Le phénomène est comme un monstre, même s’il vous libère, il vous laisse avec des stigmates. La configuration sociologique de la société Sénégalaise donne une importance remarquable aux «rumeurs ». Par conséquent, si on n’est pas doté d’une capacité de discernement, on risque de se fondre la masse à l’aveuglette, sans rime ni raison.
La responsabilité de la télévision
En dehors de la floraison des spots publicitaires, les ambassadrices du xéssal sont nombreuses sur le petit écran. Les animatrices s’affichent gaiement et chacune veut apparaître rayonnante. Elles oublient que certaines adolescentes s’identifient à elles. Ces jeunes filles les imitent à la lettre pire, sans raison. Alors leur responsabilité est plus que jamais engagée.”La télévision a une sorte de monopole de fait sur la formation des cerveaux d’une partie très importante de la population.” Dixit le sociologue français Pierre Bourdieu. Par conséquent, la force de ce médium n’est plus à démontrer d’où l’importance d’avoir un regard averti sur le contenu pour ne pas pervertir la jeunesse.
Les conséquences de la dépigmentation
Les femmes qui font la dépigmentation sont exposées à de nombreuses conséquences telles que les infections, l’obésité de la face et des parties supérieures du tronc, le diabète, l’hypertension artérielle. Pour le Professeur Fara Boury Gning “Ce sont les complications les plus manifestes et les plus évidentes puisqu’il s’agit de l’utilisation directe du produit sur la peau. C’est des complications infectieuses qui sont parfois graves, des infections dues à des bactéries. Ces infections ne surviennent pas seulement chez des patients qui pratiquent la dépigmentation artificielle, mais elles revêtent un caractère de gravité sur ce terrain en rapport avec le produit qui est utilisé. Il s’agit le plus souvent de dermocorticoïde qui favorise ces infections graves sur ce terrain’’.
Il poursuit en affirmant que d’autres infections peuvent survenir avec un certain caractère de gravité. Ce sont des infections telles que la gale, qui sur ce terrain donne un aspect diffus En dehors des complications infectieuses, a-t-il soutenu, il y a d’autres types qui sont en rapport avec la diffusion systémique du produit (corticoïde). ‘’C’est-à-dire : le produit est appliqué certes sur la peau, mais du fait des quantités importantes, massives appliquées dessus, il a tendance à pénétrer dans le sang et à provoquer des effets néfastes sur le système endoctriné de ces patients. La femme qui est adepte de cette pratique a le plus souvent un aspect assez particulier. Elle peut être victime d’une obésité qui se manifeste au niveau de la face et des parties supérieures du tronc.
Cette problématique relève de la santé publique, Alors, les autorités concernées doivent avoir une posture beaucoup plus responsable pour freiner ce fléau qui est en train de gagner du terrain dans le milieu estudiantin. Il est envident que cela ne sera pas facile, mais il faut mettre les moyens pour mener une politique dissuasive sans faire recours à la coercition. Sans quoi, en dehors des complications sanitaires, l’identité noire, portée par la peau sera toujours agressée

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