Au petit matin de ce jour ordinaire du mois de ramadan, l’activité économique bat son plein à Dakar Plateau. Dans un appartement avec vue sur la mer, Dr Mabouba Diagne a le téléphone scotché à l’oreille. Le ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage parle de campagne agricole, tente de dénicher des investisseurs et dégage des perspectives. Dans cet entretien, il revient sur sa première année à la tête de ce ministère stratégique, fait le bilan de la campagne agricole et dégage sa feuille de route pour l’élevage.
Vous êtes ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage depuis bientôt un an. Que pouvez nous dire comme bilan ?
Je suis arrivé à la tête du Ministère quasiment à deux mois de la Tabaski et à deux ou trois mois de la campagne agricole. On a réussi avec brio à fournir le marché sénégalais en moutons de Tabaski. On a accompagné les vendeurs de bétail avec de l’aliment dans toutes les régions du Sénégal. En partenariat avec mon collègue, ministre des Forces armées, nous avons sécurisé tous les points de vente. Avec le ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, nous avons électrifié tous les points de vente.
Avec le ministre de la Santé, on a mis des points de santé. Avec le ministre des Collectivités locales, nous avons nettoyé tous les points de vente pour améliorer les conditions d’hygiène. La diplomatie régionale économique a fait aussi que nous sommes allés en Mauritanie et au Mali pour s’assurer que les 2,1 millions de familles sénégalaises, dont 90% sont des musulmans, sont bel et bien ravitaillés. On a importé entre 210.000 et 250.000 moutons.
Pour vous montrer que la production locale de viande de moutons de Tabaski est très importante par rapport aux besoins nationaux. Maintenant, cela ne veut pas dire que nous devons nous contenter de ces résultats.
Pour des souverainistes au pouvoir, importer des animaux n’est-il pas une option contradictoire à la vision déclinée ?
Durant ces 11 derniers mois, on a élaboré des projets et des programmes. Pvar exemple, on a donné des brebis à des femmes rurales et des jeunes, avec des géniteurs, pour les accompagner afin de booster l’autosuffisance et la souveraineté en moutons. Vous avez vu le succès de la Journée nationale de l’élevage. Allez demander aux acteurs, tout le monde est unanime pour dire que la Journée de l’élevage de cette année est la plus réussie. Avec les acteurs, nous avons pu identifier les 20 problèmes qui gangrènent le développement de ce secteur.
C’est la fameuse « Déclaration de Kaolack » qui a été remise au Président de la République et transmise au Premier ministre. Ce dernier nous a donné des instructions pour former un comité d’exécution et de suivi afin de résoudre les problèmes des éleveurs. Le bilan, c’est aussi l’importation avec l’Association nationale pour l’intensification de la production laitière au Sénégal (Anipl) de 1.250 génisses gestantes pour booster l’autosuffisance en lait. Maintenant, on a aussi conçu le concept des coopératives agricoles communautaires.
Mais il y a une orientation élevage et une orientation agriculture. Aujourd’hui, le problème majeur de notre élevage, c’est la maîtrise de l’alimentation. Pour la santé animale, je crois qu’aujourd’hui, à part la peste des petits ruminants, on a fait des progrès considérables. Je dis merci à la campagne de vaccination et à la persévérance de nos fonctionnaires.
Maintenant sur l’alimentation, je demeure absolument convaincu qu’aujourd’hui, à cause des changements climatiques, on est obligés de faire des coopératives agricoles communautaires qui vont booster les cultures fourragères et l’amélioration génétique. Cela aura des impacts sur la transformation locale et va assurer l’encadrement des éleveurs.
Pour ces projets-là, non seulement on a conçu le document de stratégie mais on est train de les stabiliser avec les différents partenaires. Maintenant, la bonne nouvelle, c’est qu’on a sécurisé aussi une bonne partie du financement et on a vingtaine voire une trentaine d’accords déjà financés. Actuellement, on est sur les appels d’offres, les processus de maturation avec les ministères de l’Économie, des Finances et du Budget.
C’est plus ou moins les acquis qui ont été observés dans le domaine de l’élevage. Maintenant, dans l’agriculture, je remercie le Président de la République avec le soutien record de 120 milliards de FCfa pour subventionner les entrants et les engrais. On a impliqué les forces de défense et de sécurité pour distribuer dans les 14 régions, les 46 départements, les 557 communes. Je ne dis pas qu’une partie n’est pas détournée, mais je peux vous garantir que la presque totalité de ces intrants sont allés aux ayant droits.
Maintenant, on est en train encore de raffermir, d’améliorer la stratégie de distribution en introduisant la digitalisation. La phase pilote a été conçue en partenariat avec la Banque mondiale, la Société financière internationale, et incha Allah, on va le faire dans la région de Thiès. Pour la campagne horticole, les prix des légumes sont au plus bas, il y a de l’oignon à gogo, de la pomme de terre.
Mais l’absence de magasins de stockage fait qu’une bonne partie de la récolte est perdue. Que fait le ministère pour aider les producteurs dans ce sens ?
Oui, il y a des problèmes de stockage. Raison pour laquelle j’envisage d’organiser un Forum national sur l’horticulture. Ce forum national sur l’horticulture va regrouper plusieurs acteurs. Durant ce forum, nous allons discuter autour de plusieurs point à savoir le management des pertes post-récoltes, la planification de la production horticole, les stratégies de transformation, la distribution des intrants horticoles subventionnés, l’innovation pour un meilleur ciblage, la géolocalisation, la digitalisation, la construction de 20 hangars de stockage. On explore des scénarios de partenariat public-privé. Par ailleurs, nous revenons de Mbane. On a tout ce qu’il faut pour produire des semences horticoles localement.
Pourquoi on n’en fait pas ? Pourquoi nous dépensons 10 milliards de FCfa pour importer des semences ?
Ça, c’est une question sur laquelle je suis en train de réfléchir. Nous avons vu que le Sénégal est à 4 ou 5 heures de temps de l’Europe. Nous sommes sur des fenêtres d’exportation au moment où l’Europe est dans le froid. Donc ça, ce sont des opportunités. Mais aussi, il y a des opportunités d’exportation dans la sous-région. Pour la tomate industrielle, nous dépensons aujourd’hui plus de 12 milliards de FCfa pour les importations. C’est l’équivalent de plus ou moins 80.000 tonnes de tomates fraîches.
Et il nous faut seulement 533 hectares de serre pour qu’on soit autosuffisant. J’ai l’intime conviction que sur les 18 millions de Sénégalais, trouver peut-être 600 Sénégalais ou 1.000 Sénégalais qui vont investir dans des serres avec l’accompagnement de l’Etat, dans une logique de partenariat public-privé, ça pourrait éventuellement régler le problème. J’ai vu un engouement énorme ces six derniers mois. Tout le monde veut investir dans l’agriculture et l’élevage.
Quel est le bilan de la campagne agricole 2024-2025 ?
D’abord, l’année 2024 a été notre année zéro. Après 101 jours de collecte, du 05 décembre 2024 au 16 mars 2025 et de commercialisation de l’arachide, la collecte globale (semences et huilerie) est de 209.430,081 tonnes contre 100.389,714 tonnes l’année passée à la même période (20 mars 2024, en 112 jours de collecte). Pour les semences, 60.297,69 tonnes de semences à certifier ont été collectées. Pour l’huilerie, la campagne de commercialisation des arachides 2024/2025 a démarré le 5 décembre 2024 avec la mobilisation de tous les acteurs : huiliers, opérateurs privés, organisations de producteurs et autorités administratives.
Au 16 mars 2025, les réceptions ont montré une dynamique encourageante de la collecte Ainsi, 148.899,241 tonnes d’arachides coque ont été réceptionnées par les établissements de la Sonacos. Il y a 358,705 tonnes en graines décortiquées d’arachide soit 233,15 tonnes de coques pour un taux de conversion de 0,65 selon la Sonacos. Cette progression notable témoigne des efforts consentis pour améliorer la collecte au profit des huiliers, en particulier la Sonacos.
À ce jour, des paiements aux producteurs à hauteur de 49.872.875.840 de FCfa ont été effectués, contre 8.412.736.013 de FCfa l’année passée à la même période. Cependant, malgré cette hausse significative de la collecte pour l’huilerie, des marges d’amélioration demeurent. En effet, l’objectif fixé pour la collecte des huiliers était de 300.000 tonnes, ce qui signifie que le volume collecté jusqu’à présent ne représente qu’environ 49,71 % de cet objectif. Cette performance, bien que satisfaisante, aurait pu être encore meilleure si les financements nécessaires avaient été disponibles à temps.
Par ailleurs, la société Copeol n’a pas encore démarré ses opérations de collecte en raison de contraintes financières, ce qui limite davantage l’atteinte des objectifs globaux du secteur huilier. Il est donc essentiel de renforcer les dispositifs de financement afin de maximiser le potentiel de collecte et d’assurer un approvisionnement optimal des huileries.
A titre de comparaison globale, au 16 mars 2025, le total de la collecte de semences et huilerie est de 209.430,081 tonnes tandis qu’au 20 mars 2024, la collecte s’élevait à 100.389,714 tonnes, soit une performance en valeur absolue de 109.040,367 tonnes par rapport à l’année précédente. Les exportations d’arachides décortiquées s’élevaient à 101.403,000 tonnes au 20 mars 2024. S’agissant des paiements des factures des opérateurs d’intrants agricoles subventionnés, au 18 mars 2025, un montant de 39,097 milliards a été effectivement payé.
L’Etat a-t-il épongé ses dettes vis-à-vis des opérateurs ?
Notre gouvernement a épongé trois années consécutives de créances dues aux opérateurs. Ça, c’est un record. Au moment où nous vous parlons, 50 % des créances de 2023-2024 ont été payées. Dans les deux ou trois semaines qui vont venir au maximum, on va solder les créances de 2023-2024. Cela vous montre l’engagement du gouvernement pour le secteur agricole.
L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye vous demande de publier les statistiques de la campagne…
Abdoul Mbaye est un grand frère que je respecte énormément et il le sait. Mais, je ne suis pas dans le débat politique. Pour reconstruire ce pays, il faut le faire dans le « Jub, Jubal et Jubanti ». (Il hausse le ton) Il faut que les gens arrêtent de raconter des histoires. Vous me permettrez de rappeler des faits. Dans ce pays, il est temps qu’on commence à se dire la vérité entre Sénégalais. Le gouvernement a donné les intrants à temps, a augmenté les subventions et la pluie était au rendez-vous. Maintenant, on peut dire que Dieu nous a donné ce qu’il a. Moi, je ne suis pas politicien et je ne le serai jamais, ce qui m’intéresse, c’est de soutenir le Sénégal. On a redémarré les usines.
On a dépassé de loin les résultats des campagnes des années précédentes. Allez dans le monde rural, vous verrez qu’on est en train d’acheter les graines. La vérité, c’est qu’on est en train de reconstruire le secteur agricole du Sénégal. Ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. On a trouvé un secteur agricole moribond, je m’excuse du terme. On a trouvé un secteur agricole où une bonne partie des intrants était détournée. Cette correction ne se fera pas du tic au tac. En tout cas, nous sommes animés d’une très bonne volonté pour reconstruire l’agriculture et l’élevage de ce pays.
Maintenant pour les statistiques, vous croyez que ça a du sens qu’au moment où nous faisons les collectes des achats, qu’on parle de statistiques ?
Il faut terminer la campagne de commercialisation, savoir ce qui a été récolté, transformé et exporté pour être en mesure de publier des statistiques. On ne construit pas un pays dans le débat politicien. Il y a beaucoup de gens qui spéculent et racontent beaucoup de contrevérités pour des agendas politiques. Moi, je ne suis pas dedans. Je les invite à regarder mon parcours pour savoir si je suis un farceur ou pas. Donc j’invite le grand frère Abdou Mbaye à revoir ses notes. Je lui demande en retour ce qu’il a fait quand il était là.
A quand la fin de la campagne agricole ?
Peut-être dans moins d’un mois. Au moment où je vous parle, on est en train de préparer la prochaine campagne. Dans un mois, tout sera clos et on sera en mesure de dégager des bilans. Les gens croient que l’agriculture se résume à l’arachide. On a 21 spéculations sur lesquelles nous devons avoir une autosuffisance en semences certifiées.
Comptez-vous ouvrir le marché aux Chinois lors de la prochaine campagne agricole ?
On décidera ensemble avec tous les acteurs de la filière. Probablement après la fourniture des usines et huileries. C’est extrêmement important de relancer nos usines. Il y a quelques ajustements à faire sur la structuration du financement de la campagne.
La Sonacos fonctionne à merveille, toutes les usines marchent, des milliers de personnes ont repris le travail…L’huile « Ninal » est revenue sur les rayons des supermarchés. En six mois, notre gouvernement est parvenu à redémarrer toutes les usines de la Sonacos. Mais comme notre pays n’a pas encore atteint une autosuffisance en semences certifiées, si les autres ingrédients de l’équation sont là, la productivité peut être impactée. Raison pour laquelle, dans certains endroits du pays, on a eu des problèmes de rendement en termes de productivité. Mais c’est une équation qu’on est en train de résoudre.
La décision d’interdire les exportations d’arachide a-t-elle eu les effets escomptés ?
Absolument. Regardez le dynamisme de la Sonacos et la fourniture des graines à tous les niveaux de collecte. On va explorer maintenant les possibilités d’ouvrir les frontières parce qu’on a sécurisé une bonne partie des semences et une bonne partie aussi des besoins des usines.
Pour le financement de la campagne par La Banque agricole (Lba) et autres, est ce que les ambitions déclinées lors du lancement ont été atteintes ?
Oui absolument… Vous avez récemment dîné avec Bagoré Bathily de Dolima.
Avez-vous des convergences de vues ?
Des convergences de vues totales. D’ailleurs, beaucoup d’autres partenaires veulent nous accompagner Il y a quelques mois, on a vu des hommes d’affaires comme Pierre Goudiaby Atepa ou Yérim Sow s’investir dans l’agriculture.
Où en êtes-vous par rapport à ce projet ?
On est en discussion.
Pour la tomate, est-ce que vous discutez avec les 3 industriels ?
Oui on discute avec tous les acteurs de la filière. Pour l’importation de génisses, des experts estiment que ce n’est pas une bonne approche parce que les conditions de vie de ces vaches à l’étranger peuvent différer avec celles du Sénégal.
Partagez-vous cette conviction ?
L’idée peut être partagée. Vous savez, on a besoin de produire 300 millions, disons 400 millions de litres de lait par an. Produire 400 millions de litres de lait, à raison de 15 litres par vache. Pour atteindre 15 litres par vache, il faut une amélioration génétique et il y a plusieurs approches pour améliorer génétiquement. On peut faire de l’insémination artificielle, du transfert d’embryons ou importer des génisses.
Maintenant, utilisons ces trois stratégies-là. Moi, je demeure absolument convaincu qu’il faudrait faire un mix de ces trois stratégies-là. Une seule ne peut pas accélérer l’autosuffisance en lait. 400 millions de litres de lait, tu le divises par 15 litres de lait, multiplié par 365 jours. Il nous faudrait à peu près 75.000 vaches qui peuvent produire 15 litres de lait par jour pour espérer accélérer d’une manière industrielle la production de 400 millions de litres de lait. Je demeure absolument convaincu que c’est comme ça qu’il faudra le faire. Maintenant, je ne suis pas pour que l’on importe seulement.
Vous disiez être d’accord pour l’augmentation des taxes sur le lait importé. Le gouvernement va-t-il aller dans ce sens ?
C’est une manière d’inciter les importateurs à investir dans la production locale de lait et aussi d’accompagner les éleveurs dans l’effort de contribuer à l’autosuffisance et à la production locale de lait.
Pourquoi la loi criminalisant le vol de bétail n’est pas appliquée ?
Le vol de bétail est mon casse-tête. On est en train d’organiser un comité interministériel pour en discuter. Cela fait partie de la « Déclaration de Kaolack ». On est en train d’y travailler.
Comment comptez-vous régler les conflits permanents entre agriculteurs et éleveurs ?
Si on parvenait à mettre en place ces coopératives agricoles communautaires, ces conflits seraient réglés. Il faudra créer des corridors de pâturage. Je rappelle que sur le Ranch de Dolly, j’ai déjà écrit à la Primature. On a déjà « redrafté » le projet de décret pour transformer le Ranch de Dolly, un des plus grands corridors de transhumance, pour en faire un Etablissement public à caractère industriel. Il s’agira de faire une coopérative agricole communautaire, orientation élevage sur le Ranch de Dolly. Cela va booster aussi les cultures fourragères.
Est-ce que vous avez réussi à mettre en place des coopératives agricoles communautaires depuis votre installation à la tête du ministère ?
Vous savez, un projet s’élabore, se finance et obéit à certaines normes de lancement public. Il y a une conduite à faire avant de lancer un marché public. Pour un projet, de la conception jusqu’à la pose de la première pierre, il faut au minimum six mois, y compris la planification budgétaire. Donc, on est sur ce processus de planification. Aujourd’hui, j’ai le plaisir de vous dire qu’on a identifié une vingtaine de sites, une vingtaine de canaux de financement déjà approuvés, qui suivent le processus de maturation au niveau du ministère de l’Économie et des Finances avec nos services. Maintenant, il reste la planification budgétaire. Je vous rappelle que l’Assemblée a été dissoute et il y a eu une nouvelle législature avec des réglages sur la loi de finance. Il y a un processus qui est en cours. Mais dans quatre semaines, on va officiellement avec nos partenaires techniques et financiers, procéder au lancement des coopératives agricoles communautaires.
Où l’Etat va-t-il trouver les ressources pour financer la mise en place de 557 coopératives agricoles communautaires ?
On a déjà les ressources avec la Banque mondiale, le Fonds international de développement agricole. Il y a aussi des projets existants que j’ai reconvertis en se basant sur les nouvelles priorités de l’Etat.
Quel est le coût de ces coopératives ?
En moyenne, pour aménager un hectare agricole, il faut plus ou moins 14 millions de FCfa. Disons qu’on démarre avec des coopératives de 100 hectares, cela va nous coûter 1.400.000.000 de FCfa. On peut y rajouter 600 millions en termes de besoin de fonds de roulement, cela fait 2 milliards. Pour les 525 communes rurales, si on les multiplie par 2 milliards, c’est 1.050 milliards de FCfa.
Maintenant, 1.050 milliards de FCfa, c’est pour faire 525 coopératives agricoles communautaires de 1 hectare à raison de 14 millions par hectare. Quand les Sénégalais entendent 1.050 milliards, ils vont dire que c’est un budget relativement important. Oui mais nous dépensons chaque année 1.070 milliards de FCfa pour importer des produits alimentaires. Donc, cet investissement stratégique va nous permettre de sortir le pays de cette dépendance à l’importation. Dans la planification 2025-2029, d’après la Déclaration de la politique sectorielle que mes services ont faite, mon budget total va tourner au-delà de 1.700 milliards de FCfa du moins, en ne tenant pas compte des 30% que le secteur privé pourrait éventuellement contribuer à travers les partenariats publics privés.
Donc, je crois qu’aujourd’hui, si on met le focus sur l’implantation de 525 coopératives agricoles communautaires, j’ai l’intime conviction que si on parvenait à former les agriculteurs proprement, les formaliser proprement, les accompagner, le financement deviendra facile et le pays serait prêt à décoller. Quelle est la stratégie du gouvernement pour une autosuffisance en riz ? Le Sénégal importe plus de 1,4 million de tonne de riz. A raison de 5 tonnes à l’hectare, il nous faudrait au moins 200.000 hectares. Nous avons besoin de 1960 milliards de FCfa pour aménager correctement 140.000 hectares, former les agriculteurs, les producteurs et accompagner les industriels qui vont transformer le paddy. Tant que ces investissements ne sont pas faits, on va continuer à importer. On a trouvé certaines unions hydro-agricoles qui ont des arriérés de 9 milliards de Fcfa avec La Banque agricole. On est en train de voir comment résoudre le problème. Au-delà des 1.960 milliards de FCfa, il y a l’encadrement des paysans, l’autosuffisance en semences certifiées, la transformation, l’optimisation des charges d’exploitation…
Il faudrait amener le solaire et faire en sorte que les infrastructures d’irrigation ne soient pas ces canaux ouverts où le typha va venir pour bloquer de temps à temps etc. Donc, il y a des investissements stratégiques que notre pays doit faire pour atteindre l’autosuffisance en riz.