Depuis les années 80 et ce, jusqu’en 2000, le théâtre avait le vent en poupe, au Sénégal. La comédie jouée par les professionnels faisait le bonheur de la population. Les diffusions sur la chaîne de télévision nationale, chaque Mardi soir, de pièces de théâtre, des troupes théâtrales du Sénégal avaient une grande audience ! Le jeu des « Apolo, Cumba am Ndey, Coumba Amoul Ndey » etc…, ne laissait personne indifférent.
Tout ce naturel pour nous faire vivre des histoires passionnantes parfois tristes, souvent heureuses, faisait présager de longs siècles de bonheur à ce théâtre sénégalais, qui n’avait rien à envier à celui des occidentaux ou des autres pays africains. Les doyens ont fait des émules. Beaucoup d’entre nous rêvaient de brûler les planches pour faire comme les anciens, qui ne cherchaient pas la gloire ; leur but principal étant de transmettre des émotions fortes aux spectateurs. Les acteurs vivaient d’art et d’eau fraîche.
A cette période, nul ne pouvait se douter que tout stagnerait un jour. Le théâtre brillait de mille feux ! Feu Cheikh Tidiane Diop, Babou Diop, Lamine Ndiaye, des noms de référence ! Les foules se ruaient devant le petit écran, pour voir Moustapha Diop, Ndeye Mour Diop, Pape Demba Ndiaye et tous leurs autres compères… Ah que le théâtre était chic ! Il y en avait pour tous les goûts et tous les genres.
Puis vint l’heure de la traversée du désert. Personne ne comprit comment cette sécheresse artistique arriva. L’humour de comptoir prît la place vacante et s’imposa dans les cœurs des Sénégalais, plus facile, et surtout plus commercial. Désormais, faire du théâtre est devenu « vouloir faire rire à tout prix ». Le Sénégal a commencé à regorger d’humoristes de tous degrés et toutes qualités.
Il faut dire que les ingrédients étaient réunis pour accueillir à bras ouvert le « nouveau théâtre » : la crise ! Pour égailler les cœurs, quoi de plus approprié que d’écouter des sketchs, parfois sans têtes ni queues, qui font rire à la seconde et qu’on oublie à la minute. De l’humour jetable, à consommer sans modération. Il y en a à gogo !
A cet effet, quel a été le rôle du Ministère de la Culture dans la décadence du théâtre sénégalais ? L’on ne saurait le dire. Mais le constat est que la plupart des acteurs adulés par le passé, ne sont que des loques ambulantes qui tentent de conserver leur dignité et luttent de leur dernier souffle pour redorer leur blason. Pas facile, quand la société actuelle est peu réceptive… On coupe et on décale devant ce théâtre, qui se voudrait d’élite, un peu trop recherché à notre goût..
Ce soir, beaucoup de Séries inonderont les télévisions. Une manière encore plus sûre de faire disparaître le Théâtre. Qu’on se le dise, une fois pour toutes : le théâtre est en crise ! Les talents explosent sur les planches et, de moins en moins, des gens peuvent en profiter. Les plus tenaces et les plus passionnés demeurent actifs au sein de compagnies indépendantes.
La vérité est là : le théâtre sénégalais, le vrai est mort. Il attend sa résurrection qui, malheureusement, se fait encore désirer. Que ceux qui ont à cœur de sauver ce qui nous reste du théâtre, se manifestent, pour contribuer, à leur manière, au miracle. Il faut ressusciter le théâtre sénégalais. Aidons les acteurs à y croire !
Nafissatou DIEYE(actusen.com)