Pour Amnesty International, la situation à la frontière avec l’Italie est critique. Selon l’ONG, qui indique ce mercredi dans une publication avoir réalisé « une mission d’observation dans les Alpes-Maritimes du 19 janvier au 26 janvier », le sort réservé aux migrants, notamment mineurs, ne se ferait pas sans quelques « violations » du droit français.
« Le plus souvent, les renvois vers l’Italie sont organisés sans formalités » et « les enfants non accompagnés ne font pas l’objet de l’attention requise par leur situation de vulnérabilité qu’exige pourtant la législation française de protection de l’enfance », accuse notamment Amnesty International.
Renvois « en dehors de tout cadre légal ou réglementaire »
Mardi, le parquet de Nice a d’ailleurs été saisi de plusieurs plaintes après le renvoi de trois adolescents érythréens en Italie « en dehors de tout cadre légal ou réglementaire », selon leurs avocats. Hébergés dans un foyer de Nice, ces mineurs bénéficiaient depuis janvier d’une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance du département des Alpes-Maritimes.
Ils ont été reconduits à la frontière par la police après des contrôles d’identité dans un train pour deux d’entre eux et à Nice pour le troisième. Et ce, malgré avoir présenté une attestation émanant de leur foyer. « Ils étaient déjà admis en France et reconnus comme mineurs isolés devant être protégés », avance l’une des avocates Me Maeva Binimelis.
Les deux plaintes, visant notamment la préfecture et la police aux frontières, ont été déposées pour « délaissement de personne hors d’état de se protéger ». Sollicités par 20 Minutes, les services préfectoraux ont indiqué ne pas souhaiter communiquer sur ce sujet.
Ils dénoncent les « carences des pouvoirs publics »
En 2015, environ 1.500 mineurs isolés avaient été pris en charge dans le département des Alpes-Maritimes. Il y en a eu quatre fois moins l’an dernier. Pas assez, selon le collectif d’aide aux migrants Roya Citoyenne qui peste contre les « carences des pouvoirs publics ».
Dans la vallée de la Roya, une zone montagneuse coincée entre la France et l’Italie, les habitants voient affluer de nombreux migrants, bloqués ensuite dans cette enclave par des contrôles policiers.
« Les politiques n’assument pas leurs responsabilités. Avec des avocats français et italiens, nous allons vérifier la légalité de ce qui est fait à la frontière mais aussi une fois que ces personnes sont arrivées en France », explique à 20 Minutes Cédric Herrou, membre de l’association, devenu symbole de l’aide aux migrants dans les Alpes-Maritimes.
L’agriculteur, poursuivi pour avoir véhiculé des personnes en situation irrégulière depuis l’Italie, est dans l’attente d’un jugement qui doit être rendu vendredi par le tribunal correctionnel de Nice. Plusieurs rassemblements de soutiens sont programmés.