Le ministre de l’Elevage et des Productions animales, Aminata Mbengue Ndiaye a estimé que le Sénégal peut atteindre son autosuffisance en moutons de Tabaski, « d’ici trois ans », en raison des potentialités disponibles dans le pays.
L’atteinte de l’autosuffisance en moutons de Tabaski sera facilitée par les potentialités disponibles combinées à l’ »esprit positif » des éleveurs et à un encadrement en termes d’alimentation et de vaccination du bétail.
« Avec ce que nous avons pu voir, nous sommes sûrs que d’ici trois ans, on peut atteindre l’autosuffisance en moutons », a dit Aminata Mbengue Ndiaye, qui rencontrait des éleveurs jusque tard dans la nuit, à la gouvernance de Tambacounda.
Elle venait du village peul de Dialali dans le département de Tambacounda, dans le cadre d’une tournée qu’elle mène à travers le pays, afin de se rendre compte du stock de moutons disponible à l’approche de la fête de Tabaski.
Aminata Mbengue Ndiaye a dit avoir rencontré des acteurs « très positifs » qui peuvent atteindre l’objectif qu’ils se sont eux-mêmes fixés comme défi s’ils sont appuyés dans la vaccination, le foncier pour la culture de fourrage, etc.
Le ministre a relevé avoir vu, lors de sa tournée dans certaines localités des régions de Saint-Louis et Louga, des éleveurs détenteurs de milliers d’animaux malgré un endroit hostile, où les conditions en termes d’approvisionnement en eau ne sont pas des meilleures.
A Dialali, où il y a environ 10.000 moutons, avec le vieux Mamadou Bâ comme principal propriétaire, il n’y a qu’un mini-forage, a-t-elle dit.
« Nous avons un disponible assez important au niveau de notre pays, mais comme nous avons une demande très forte – 750.000 moutons – il nous faut faire appel aux autres pays », a dit Aminata Mbengue Ndiaye.
La seule région de Dakar consomme les 360.000 moutons. Elle a noté que près de 350.000 moutons, soit près de la moitié des besoins nationaux proviennent chaque année du Mali et de la Mauritanie.
Chaque année, « près d’un million de petits ruminants » sont décimés par la peste des petits ruminants, a signalé toutefois la responsable du département de l’Elevage, non sans souligner que si le pays arrivait à réaliser les 80% de vaccination recommandés par l’OMS, cela permettrait sauver une bonne partie de ces animaux.
Le vol de bétail a aussi été évoqué comme une préoccupation des éleveurs partout où la délégation ministérielle est passée, a-t-elle rapporté, indiquant que ces derniers plaident pour l’aggravation des peines pour vol de bétail, certains relevant avoir constaté paradoxalement une recrudescence du phénomène depuis le vote de la loi. Aminata Mbengue Ndiaye a d’ailleurs annoncé l’organisation prochaine d’une caravane sur la question du vol de bétail.
Certains éleveurs ont appelé à mettre fin à la loi du silence et à la complaisance, en dénonçant les voleurs qui sont connus dans les différentes localités où ils habitent.
Les feux de brousse et le financement ont également été soulevés par les éleveurs, a dit Aminata Mbengue Ndiaye, qui a indiqué que le chef de l’Etat a donné son accord pour que la prochaine édition de la journée de l’élevage soit axée sur le thème du financement.
Auparavant des ateliers devront être organisés dans les régions pour identifier les difficultés dans ce domaine et faire des propositions qui seront consignées dans un document de plan stratégique à remettre au président de la république.
Le ministre a indiqué que son département réfléchit à l’organisation d’une campagne d’insémination artificielle de masse pour améliorer les qualités génétiques des races locales. Pour le moment, des moutons de race « ladoum » pourront être mis à la disposition de tous ceux qui disposent de brebis et qui comptent œuvrer à l’autosuffisance en moutons, a assuré le ministre.
Le Président de la République veut une autosuffisance en riz en 2017, et le pays « a presque une autosuffisance en poulets et en œufs, depuis la grippe aviaire de 2005 », a-t-elle dit, estimant que cela est possible pour les moutons.
Il faut travailler de sorte que même si les pays fournisseurs ont des problèmes, qu’on puisse se suffire, a-t-elle suggéré, rappelant qu’il y a deux ans, certains craignaient une pénurie de moutons de Tabaski, du fait du conflit au Mali.
Concernant le nombre de moutons entrés à ce jour par Tambacounda, Aminata Mbengue Ndiaye a expliqué le « gap » noté par rapport à la même période l’année dernière par le fait que d’autres moutons sont passés « par d’autres portes » comme Diawara.
Cela fait suite à l’instruction donnée par le gouvernement mauritanien aux wilayas (gouvernorats) de délivrer des laisser-passer, afin que les éleveurs mauritaniens puissent traverser directement la frontière au lieu de devoir se regrouper à Nouackchott avec les problèmes de transport de cela pose, a-t-elle expliqué.
Pour elle, « dans les 10 prochains jours nous allons avoir les mêmes statistiques que l’année dernière ». « C’est les mêmes tendances qui se dessinent » chaque année, a-t-elle dit.
Source : Aps