La troisième journée du procès de l’imam Ndao et de ses co-accusés s’est ouverte, ce mercredi. Le présumé terroriste Ibrahima Diallo a fait face aux juges pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste. Abu Oumar, de son nom de guerre, a contesté des faits qui lui ont été reprochés. Le premier grief a porté sur la résistance musclée qu’il aurait opposée aux agents venus procéder à son arrestation.
« Je n’ai jamais opposé une résistance lors de mon arrestation. Je ne me suis pas rebellé. Les agents venus m’arrêter m’ont surpris alors que je m’habillais pour aller à la mosquée. Ma main a juste frôlé un des éléments venus me cueillir. Mais je n’ai aucunement donné un quelconque coup à l’un d’eux, comme indiqué dans le procès-verbal », a-t-il répondu au procureur.
Ce dernier l’a longuement interrogé sur ses idéaux islamiques. Devant les enquêteurs, Ibrahima Diallo aurait soutenu mener le jihad pour l’application de la charia au Sénégal. « Je n’ai jamais engagé d’acte de violence pour que le jihad soit appliqué. Je crois que pour l’application de la charia au Sénégal, il nous faut juste inviter les gens à l’instaurer. Je n’ai jamais soutenu, ni devant les enquêteurs ni devant les magistrats instructeurs, avoir appris à manier des armes. Je leur ai précisé que je n’avais jamais fait d’entrainement. Par contre, un jour quelqu’un s’est présenté, il avait par devers lui une kalachnikov. Il m’a juste montré comment on utilise cette arme », a-t-il déclaré.
« Boko Haram tuait beaucoup de personnes »
Toutefois, Diallo n’a pas caché ses relations avec Boko Haram. Concernant sa rencontre avec Aboubakar Shekau, le chef de Boko Haram, il soutient avoir été à son domicile en compagnie d’Abu Mujahid, Abu Salman, Ahmed Balal et Moussa. Ce, dans le but de rentrer au Sénégal. « Je suis revenu au bercail lorsque je me suis rendu compte que dans la localité où on était, il n’y avait pas la guerre mais qu’on y entendait les crépitements des armes et des détonations ». Il poursuit : « En réalité, si j’ai pris l’option de retourner au pays, c’est parce qu’il y a une divergence de vue notamment sur les cartes d’identité ».
Toutefois, Diallo, jure n’avoir été témoin d’aucune exaction du groupe djihadiste. « Il y a une personne qui venait régulièrement nous voir. Il s’appelait Abu Moussa. Un jour j’ai appris qu’il a été exécuté puisqu’il était pris pour un espion par les éléments de Boko Haram. Je n’ai pas été témoin de cela. On m’a juste rapporté ce fait. Mais, je confirme que Boko Haram tuait beaucoup de personnes ».
« Le projet que nous avions au Sénégal »
Selon les confessions de Diallo, c’est Mactar Diokhané qui est allé voir Shekau afin qu’il leur permette de rentrer au Sénégal. « Mactar est revenu de ce tête-à-tête, en nous promettant de nous mettre en relation avec une personne qui nous guiderait et nous orientait. Je ne me souviens pas du nom de cette personne. Il avait juste dit qu’il allait nous mettre en relation avec cette personne. Il y avait Moussa Aw, Moustapha Faye, Ibrahim Mballo, Oumar Yaffa, Mohamed Ndiaye et Abu Jaffar. Nous étions tous d’accord sur les conditions posées par Diokhané ».
Parmi ces conditions, rappelle le procureur, il y a avait l’obligation de considérer Diokhané comme leur guide pour l’exécution d’un projet au Sénégal. Celui-ci portait sur l’acquisition de terres destinés à l’agriculture, a prétendu l’accusé. C’est dans cette optique, d’ailleurs, que Diallo aurait contacté Imam Ndao. « A mon retour du Nigeria, j’ai été voir l’imam Ndao. C’était après la Tabaski et ce fut la deuxième fois. A notre rencontre je lui ai demandé des conseils sur le commerce puis sur l’agriculture. C’est ensuite que je lui ai prêté un million FCFA. Mais je dois préciser que c’est à mon retour du Nigeria que j’ai informé l’imam de mon voyage. Il n’était même pas au courant », précise-t-il.
Auteur: Youssoupha Mine – Seneweb.com
La face cachée de Ameth Ba alias « Zaid », combattant tué à syrte
A la barre de la Chambre criminelle de Dakar hier, Ibrahima Diallo a avoué que c’est Zaid Ba qui lui a donné l’argent pour rallier les bastions de Boko Haram.
Mais qui est Zaid Ba ? Libération révèle que son vrai nom est Ameth Ba. Il a rejoint l’État islamique à Syrte en même temps que son épouse Ndèye Sy K. et leur fille. Il a d’ailleurs été tué dans les combats comme l’a confié à la DIC, Mbaye K., père de Ndeye Sy K.
Il expliquait qu’il n’avait plus de nouvelles de sa fille et de son mari.
En août 2015, il ajoutait que sa fille a joint au téléphone sa maman pour lui dire qu’elle vivait désormais dans un État islamique où la charia était appliquée.
Mbaye K. ignorait encore que Ndèye Sy K. avait rejoint l’État islamique. Mais il y’a de cela deux mois, cette dernière a appelé encore sa mère pour lui dire que son époux, Ameth Bâ, était mort au combat, en même temps que d’autres Sénégalais, sans plus de précisions. C’est en regardant l’indicatif du numéro avec lequel elle appelait que sa famille a compris qu’elle était en Libye dans les territoires contrôlés par Daesh.
RENVOYÉ DEVANT LA CHAMBRE CRIMINELLE DANS LE DOSSIER IMAM NDAO ET CIE : Moustapha Diatta inculpé dans l’affaire Ould Sidi Ahmed Sina, lié au planificateur et au cerveau de l’attaque de Grand Bassam
Jugé devant la Chambre criminelle de Dakar en même temps que Imam Alioune Badara Ndao et Cie, Moustaphha Diatta a été inculpé dans le cadre d’une procédure similaire en cours d’instruction devant le doyen des juges, selon les informations exclusives de Libération. Un dossier aux ramifications sous régionales qui concerne les ressortissants maliens Ould Sidi Ahmed Sina, Sidalamine Ould Ile Ame et Boubacar Niangadou qui seraient liés aux auteurs de l’attaque du Grand Bassam en Côte d’Ivoire intervenue il y’a de cela deux ans exactement.
Alors qu’il est jugé devant la Chambre Criminelle en même temps que l’imam Alioune Badara Ndao et Cie, Moustapha Diatta est encore dans le collimateur du parquet de Dakar. Et, cette fois-ci, dans un autre dossier de terrorisme présumé.
Libération a appris de sources autorisées qu’il a été inculpé pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, financement du terrorisme en bande organisée, actes terroriste et blanchiment de capitaux. Des faits qu’il a formellement niés.
D’ailleurs, il devait être interrogé dans le fond par le doyen des juges cette semaine mais il est sûr que cet interrogatoire sera reporté car comparaissant devant la Chambre criminelle réunie en formation spéciale.
Courant février 2017, la Police publiait un communiqué laconique en parlant de l’arrestation des deux premiers ressortissants maliens : « c’est dans le cadre de la communauté de renseignement mis en place depuis l’avènement de la menace terroriste dans notre pays que la Police judiciaire à travers la Division des investigations criminelles (DIC) a arrêté à l’auberge Keur Damel, le sieur Ould Sidi Mouhamed Sina, né en 1974 à Tombouctou, alors qu’il s’apprêtait à la quitter aux environs de midi après un séjour de près d’un mois.
Ould Sidi Mouhamed Sina était le contact d’Ould Nouini, présenté comme le planificateur de l’attaque de Grand Bassam et il était en contact avec Moustapa Diatta, présumé terroriste actuellement dans les liens de la détention.
Dans la continuité de l’opération combinée des éléments de la Brigade d’intervention polyvalente et de ceux de la DIC, le chauffeur de nationalité malienne et répondant au nom de Ould Ame Sidalamine, né en 1982, résidant à l’Unité 26 des Parcelles Assainies a été lui aussi interpellé à la gare routière des Baux maraichers à bord du véhicule de marque Hundaï immatriculé en Gambie BJL 8187 L. » Pour avoir relayé ce communiqué ainsi que les éléments du Procès-verbal de la DIC, Moustapha Diatta a servi une citation directe à Libération.
Le tribunal a ordonné un sursis à statuer lorsque l’affaire a été appelée à la barre.
Sina a avoué connaître Mohamed Ould Nouini, Kounta Dallah et son chauffeur Battesti écroué à Abidjan après l’attentat de Grand Bassam
Ce dossier concernant les ressortissants maliens est très complexe. Selon les informations de Libération, la Délégation générale du Renseignement qui a mené plusieurs jours de filature et un intense travail souterrain avant l’entrée en action de la DIC. Les services secrets avaient, dans le cadre du « bornage » des appareils téléphoniques des Maliens, retrouvé Moustapha Diatta dans les contacts de Ould Sidi Mouhamed Sina.
Un autre Sénégalais, architecte de son état, est visé par un mandat d’arrêt international dans le cadre de la même procédure.
Dans cette affaire, comme dans d’autres dossiers de terrorisme présumé, les services sénégalais auront fait un travail remarquable. Lorsque la police sénégalaise avait mentionné le nom de Ould Nini, beaucoup s’interrogeaient sur son rôle d’autant que Kounta Dallah, un autre malien, était présenté comme le cerveau de l’attaque de Grand Bassam.
Les services sous régionaux ont aujourd’hui établi que Kounta Dallah n’était qu’un planificateur de l’attaque et que Ould Nini était bien le cerveau.
De son vrai nom Mohamed Ould Nouini dit Hassan Al-Ansari, il a été tué lors d’un raid français dans le nord du Mali le 14 février dernier. D’ailleurs, en revendiquant la double attaque de Ouaga, intervenue le 3 mars dernier, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) soutenait avoir agi pour venger sa mort. Pour dire que les autorités sénégalaises ont réalisé une grosse prise.
Mieux, Ould Sidi Mouhamed Sina a reconnu, lors de sa garde à vue, avoir rencontré, courant novembre 2015, Kounta Dallah – recherché par tous les services sous régionaux – dans la localité de Boni où se trouve la maison de sa mère. Il était aussi lié à Barry Battesti, d’après ses propres aveux. Chauffeur de Kounta Dallah, Battesti, écroué à Abidjan, a activement participé à l’attaque de Grand Bassam au même titre qu’Aliou Doumbia, arrêté au Mali ou Mimi Ould Baba Ould Cheikh, un des cerveaux intercepté dans la même localité. Midy Ag Dicko qui avait hébergé le commando à Abidjan a été aussi écroué au Mali. Pour dire que toutes les pistes mènent dans ce pays, deux ans après l’attaque du Grand Bassam.
DAKARACTU
Deuxième jour du procès de l’Imam Ndao : Des aveux, des dénégations et des regrets
Les exceptions de nullité soulevées par les avocats n’ont pas empêché le procès de l’Imam Ndao et de ses co-accusés pour terrorisme supposé de se poursuivre ce mardi 10 avril. Le président de la chambre criminelle a joint certaines exceptions au fond mais a quand même renvoyé un des accusés, Mouhamed Seck devant le tribunal des mineurs avant d’appeler à la barre Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf et Ibrahima Diallo alias Abou Moussa.
Premier à passer devant le juge, Mouhamed Ndiaye a nié les faits à lui reprochés, à savoir actes terroristes par association de malfaiteurs, actes de terrorisme par menaces, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux, apologie du terrorisme. Invité à faire un mini portrait de lui, Mouhamed Ndiaye s’est décrit comme un analphabète pêcheur de profession. Métier qu’il dit avoir embrassé en Mauritanie. Pays où il a fait la connaissance de Lamine Coulibaly. D’ailleurs, c’est en voulant offrir un téléphone portable à ce dernier qui n’en disposait pas qu’il a été arrêté par les forces de police mauritaniennes avant d’être remis à la police sénégalaise. C’est le même jour que Mor Mbaye Dème, l’un de ses co-accusé a été cueilli, car, selon lui, ce dernier voulait juste s’enquérir de la situation. “Mais il n’a rien à voir dans cette affaire”, a-t-il cherché à disculper son camarade d’infortune. Interpellé sur la rencontre de Lac Rose à laquelle il aurait participé, Mouhamed Ndiaye a nié avoir pris part à cette réunion.
En revanche, il a admis avoir assisté à la réunion de Rosso, dans le nord du Sénégal. Un rencontre dont le but était de voir dans quelles conditions lui et ses coreligionnaires pouvaient aller en Syrie, suite à une proposition de Moustapha Diop alias Abu Hatem. Mais avant cette rencontre, Mouhamed Ndiaye a révélé avoir acheté un terrain à Richard Toll et qu’il a été dissuadé par Aboubacry Guèye dit Abou Hamza de rester dans un pays où la charia n’est pas appliquée. Ce dernier lui suggéra de faire sa migration vers une terre d’Islam. La réunion s’est finalement tenue mais rien de concret n’est sorti des débats, selon Mouhamed Ndiaye qui ajoute qu’une deuxième rencontre a été organisée à Richard Toll pour aplanir les positions. A ce propos, il révèlera que Moustapha Diop alias Abou Hatem a été de ce conclave qui a été pire que le premier puisque s’étant terminé en queue de poisson. Mais ça, Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf ne s’en souvient pas. Ensuite, l’accusé concède s’être rendu en Mauritanie pour reprendre sa vie en main, mais c’etait sans compter sur la détermination de ses amis d’aller au Niger. “Quand j’ai entendu que mes amis s’apprêtaient à rallier le Nigeria, je n’ai pas voulu être en reste. Je suis allé en Mauritanie, j’ai récupéré ma famille pour la réinstaller au Sénégal avant de partir”, a déclaré l’accusé qui n’a pas manqué de nier que Matar Diokhané n’était au courant de leur projet de voyage.
“J’ai été témoin de combats, mais je n’ai pas pris les armes”
Au Nigeria, Mouhamed Ndiaye dit Abou Youssouf et ses compatriotes ont été récupérés selon ses dires par des hommes venus à bord de deux motos. Des hommes dont il ne peut dire qu’il s’agissait de combattants de Boko Haram. Cependant, l’homme a reconnu qu’ils ont été d’abord à Abadam, à Doza ou Fathul Mubin puis à Sambissa. Des zones connues pour avoir été sous le controle du groupe jihadiste nigérian. À la question du juge de savoir s’il y était pour se battre aux cotés de Boko Haram, Mouhamed Ndiaye a opté pour des dénégations systématiques. Il a argué avoir fait le déplacement pour apprendre le coran même s’il ne se rappelle pas une seule fois s’être adonné à cet apprentissage. Pour se tirer d’affaires, l’accusé a tenté de faire croire au juge qu’il a cherché à se retirer des zones contrôlées par Boko Haram. Une entreprise loin d’être une promenade de santé, a t il ajouté, car pour lui, “on risque d’être arrêté si on quitte une zone occupée par Boko Haram pour aller vers une autre”. Des arguments qui n’ont pas convaincu le juge qui a rappelé à l’accusé qu’il avait le droit de mentir, mais qu’il sache que ces mensonges peuvent lui porter préjudice. Un rappel qui n’a pas eu d’effet sur l’accusé puisqu’interpellé sur sa maîtrise des armes et sa participation à des combats au Nigeria, il a renié tout ce qu’il aurait dit devant les enquêteurs. Tout au plus, Mouhamed Ndiaye aura concédé “ je n’ai pas suivi de formation militaire. On nous a juste montré comment on manie une arme”. Dans la même optique, il révèle que c’est un Sénégalais du nom de Moustapha Diallo, alias Abou Dardar qui était leur “formateur”.
Mouhamed Ndiaye a aussi nié avoir pris part aux combats même s’il reconnait être témoin de bombardements de l’armée nigériane. Pourtant devant les enquêteurs, l’ancien pêcheur a déclaré avoir appris le maniement des armes de type Kalachnikov et d’avoir aussi participé aux combats. Il aurait ajouté que c’est lui même qui aurait ramassé les corps de ses compatriotes Cheikh Ibrahima Dieng et Moussa Mbaye tués au front. Quand l’heure du retour au pays a sonné, Mouhamed Ndiaye avoue l’avoir fait avec Matar Diokhané et Ibrahima Diallo alias Abou Moussa. A la fin de son interrogatoire, Mouhamed Ndiaye alias Abou Youssouf a regretté d’avoir mis les pieds au Nigeria et d’avoir fréquenté un groupe jihadiste.
Poursuivi pour les memes chefs d’accusation que son compatriote Abou Youssouf, Ibrahima Diallo a refuté les faits. Contrairement à son “ami” qui a avoué avoir participé à au moins deux rencontres, Abou Moussa dit n’avoir assisté qu’à une seule, notamment celle du Lac Rose. Pour les motifs, il a laissé entendre que c’était pour établir un “Daara” et non pour mettre sur pied une cellule pour prendre la défense de l’Imam Abdou Karim Ndour, alors en maille à partir avec la communauté mouride à Diourbel.
Au sujet de son voyage au Nigeria, Ibrahima Diallo a affirmé que c’est Zaid Bâ qui lui a conseillé de le faire au prétexte qu’il pouvait vivre sa religion comme il l’entend. “J’ai décidé d’y aller pour voir si tel était le cas”, a renchéri l’accusé devant la barre. Aussi a-t-il confié que ses compagnons de route étaient Abdoul Aziz Dia, Mouhamed Lamine Mballo et Ibrahima Bâ, tous écroués, à l’exception du dernier cité. Ibrahima Diallo a indiqué qu’ils ont été accueillis par un homme répondant au nom de Abou Hamid qui les a conduits dans une concession à Abadam. “Nous y apprenions le coran et avions le droit de sortir pour aller à la mosquée. Mais quelques temps après, nous avons été déplacés vers Fathul Mubin d’où nous avons été acheminés à Sambissa”, consent à dire l’accusé. À l’image de Mouhamed Ndiaye, il a réfuté avoir été inité au maniement des armes.
L’Imam Ndao et l’argent d’Ibrahima Diallo
Sur les raisons de leur retour au Sénégal, l’accusé affirme que tout est venu d’une rencontre que les Sénégalais de Boko Haram ont eu avec le chef dudit groupe jihadiste. “Nous avons tenu une rencontre entre sénégalais et il y a eu une dispute entre Moussa Mbaye (tué au Nigeria) et Aboubacar Guèye. L’altercation a été rapportée à Shekau par Malam Omar. Nous avons été convoqués par Shekau pour être sermonnés sur l’endurance dont tout musulman devrait s’armer”, s’est épanché Ibrahima Diallo qui ajoute qu’ils n’ont pu quitter Boko Haram qu’après l’intervention de Matar Diokhané qui a eu un entretien avec Abubakar Shekau. Au passage, l’accusé a révélé qu’ils ont du faire des concessions, à savoir déchirer leurs cartes d’identité ou encore se passer de leurs passeports. A leur retour, Ibrahima Diallo a avoué s’être rendu chez Matar Diokhané pour lui réclamer une somme d’argent que ce dernier lui avait promise. Mais Diokhané lui a rétorqué qu’il devait secourir des Sénégalais en provenance du Nigeria, pris au Niger alors qu’ils étaient en partance pour leur pays d’origine. Ce qui n’empêchera pas Ibrahima Diallo d’empocher la bagatelle de 22000 euros en coupures de 500 qui lui ont été remis par l’une des épouses de Diokhané. Mais lorsque Coumba Niang lui a demandé de porter secours à son mari Matar Diokhané cueilli alors qu’il était à la rescousse de ses compatriotes au Niger, Ibrahima Diallo a déclaré avoir rejeté la requête.
Ses relations avec l’Imam Ndao ont intéressé le juge. A ce propos, l’accusé a balayé du revers de la main la thèse qui le présente comme un ancien élève de l’Imam Alioune Ndao. Cependant, il reconnait avoir remis au représentant de la Ligue des Imams et oulémas du Sénégal à Kaolack la somme de 7 millions FCFA. “Pour qu’il me les garde”, a-t-il dit. “Mais il ne connaissait pas la provenance de cet argent et n’était pas informé de ce que je revenais du Nigeria”, a-t-il ajouté. Il a aussi soutenu avoir prêté de l’argent au religieux qui reviendra sans doute sur ses déclarations qui le compromettent d’autant qu’il a toujours réfuté avoir pris part à un quelconque projet d’établissement de califat islamique entre le Sénégal, la Guinée Bissau et la Gambie.
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