Ça sent le roussi entre l’Apr), parti présidentiel, et le Pds, en prélude à la date de délibération du procès contre Karim Wade et co-prévenus, ce 23 mars prochain. Les deux formations politiques se crêpent les chignons, s’accusant mutuellement de vouloir installer la terreur au Sénégal. Sur les ondes de la Radio futurs média (privée) hier, mardi 17 mars, les responsables politiques de ces deux formations se sont renvoyé la balle.
Interpellé sur les arrestations des responsables du Pds, le ministre de la Jeunesse, Mame Mbaye Niang, a pointé d’un doigt accusateur sur le ‘’Pape du Sopi’’. A l’en croire, «c’est Abdoulaye Wade qui avait dit qu’il ne va jamais accepter que Karim soit condamné. Si cela devait arriver, il avait dit qu’il va mettre sens dessus sens dessous le pays pour faire partir Macky Sall et faire régner le désordre dans ce pays».
Pour lui, il ne devait pas y avoir de problèmes si les gens du Pds n’étaient pas montés d’un cran en mettant en œuvre les menaces proférées, notamment «en prenant des gens pour les préparer à brûler le pays». Pour le responsable apériste, il est clair que la police sénégalaise compte des éléments bien formés et ne fait pas dans l’arrestation arbitraire, d’autant plus que certains responsables libéraux ne sont pas inquiétés. Faisant dans la menace, il a déclaré que «celui qui veut brûler le pays doit faire face d’abord au gouvernement». Mieux, il a fait savoir que «le gouvernement ira jusqu’au bout de sa logique», pour assurer la sécurité à la population.
Ces accusations battues en brèche par Amadou Diarra, maire de Pikine Nord, qui dit être étonné des propos tenus par le ministre de la Jeunesse. D’autant plus que «c’est lui-même qui a dit que le 27 juin 2012, lui et ses partisans étaient en train de coordonner leurs actions pour brûler le pays», a-t-il rappelé. D’ailleurs, a-t-il indiqué, c’est à cause de cette affaire qu’il a été récompensé par Macky Sall qui l’a nommé ministre de la Jeunesse. A en croire le responsable libéral, depuis que le Pds s’est retrouvé dans l’opposition, on n’a jamais constaté des dérives occasionnées par son camp. Par conséquent, il a estimé que «le pouvoir est en train de mettre en place une stratégie d’intimidation. Ils veulent commettre une forfaiture le 23 mars prochain». Pour lui, il est clair que le pouvoir cherche à neutraliser les gens pour leur empêcher de manifester. D’où, selon lui, les arrestations des responsables libéraux de la banlieue, à l’image «d’El Hadj Amadou Sall qui habite Thiaroye, Cheikh Dieng de Djidah Thiaroye Kaw, Babacar Ngaraaf de Guédiawaye, Aminata Nguirane de Pikine, mon directeur de cabinet Cheikh Gueye qui est de Pikine Nord».
Toutefois, les tensions notées dans le pays n’ont pas laissé de marbre les observateurs de la scène politique à l’image d’Alassane Seck, secrétaire exécutif de la Ligue sénégalaise des droits de l’homme, qui se dit inquiet. Pour lui, la liberté d’expression ne veut pas dire qu’on peut se permettre de dire tout ce qu’on veut. S’attaquant à l’Etat, il a estimé que le régime exagère avec ces arrestations tous azimuts. Par conséquent, il a appelé l’ensemble des parties à la sérénité avant le 23 mars prochain.