TANOR ET MACKY : LE PS SIFFLE LA FIN DE LA COMEDIE !
En Afrique, nous ignorons les procédures codifiées de dévolution du pouvoir. La machine démocratique cale dès qu’il est question de changement à la tête de l’Etat, ou des chapelles politiques.
Imbu de la légalité que lui confère son statut de secrétaire général régulièrement élu, Tanor a oublié qu’il tirait la légitimité qui y était attachée de l’assemblée souveraine des militants du PS, qui sont en définitive les garants de l’orientation politique de leur parti.
Tanor est arrivé en fin de règne. Il s’accroche au pouvoir, entouré d’une stoïque garde qu’il a positionnée auprès de Macky, auquel il renouvelle à chaque fois que de besoin son allégeance sans honneur par un ravalement sans dignité de la stature de son parti, qu’il en transformé en souteneur éhonté d’un Macky peu courageux qui compte sur des personnalités politiques comme Tanor et Moustapha Niasse pour se donner une carrure d’homme d’Etat.
Tanor gâté par Macky et bien rétribué en conséquence n’a pas mesuré jusqu’où il pouvait aller trop loin dans l’inféodation de son parti à Macky. Il a tenté de « tuer dans l’œuf toute velléité d’affirmation de soi » des leaders qui ont légitimement émergé au PS et dont la progression fulgurante et le charisme dépassent désormais le maitre. Au lieu de les couver et de choisir la sagesse de favoriser leur émergence avec ce que cela comporte en termes de perspective de reconquête du pouvoir par un PS porté par ses leaders qui affolent Macky au point de le faire courir à Paris chercher l’intervention d’Abdou Diouf pour s’assurer d’un second mandat qu’il compte obtenir sans péril en s’assurant d’un triomphe sans gloire, Tanor et ses courtisans ont préféré « extirper leur sort des aléas du jeu démocratique » qui pourrait se traduire par une retraite politique pour eux !
Le PS n’est pas l’AFP. Moustapha Niasse gérait non seulement son parti politique mais il payait un salaire aux membres les plus influents de sa formation politique. « Qui paye commande » a-t-on l’habitude de dire !
Ce n’est pas le cas au PS. Un parti de longue tradition démocratique avec des bouleversements qui ont provoqué sa perte du pouvoir. Les ruptures que ses transfuges ont pu gérer avec tact l’avaient certes affaibli, mais elles avaient en son temps renforcé le leadership stratégique d’un Tanor présenté comme celui qui avait tenu fermement les rênes au moment de la débandade, entouré de ceux que l’on appelait à l’époque les « boys Tanor ».
Khalifa Sall en était un. Mais il a été assez intelligent pour retourner avec humilité à la base, et se tailler un costume de responsable national, avec l’assentiment bienveillant d’un Tanor qui a toujours cru qu’il contrôlait la situation. Surtout que Khalifa Sall a appuyé la dernière candidature de Tanor à la présidentielle, à l’issue de laquelle il s’est engagé à ne plus se présenter.
Qu’est-ce qui explique alors qu’il soit aujourd’hui si bien accroché à Macky qu’il décide de sacrifier son parti et ses hommes sur l’autel d’un compagnonnage avec Macky qui ne profite qu’à lui, et à quelques affidés qu’il sert avec une bienveillance patriarcale ? Tanor a oublié que le sénégalais pouvait tout subir, sauf qu’on le brime, qu’on le minimise : le mattey éhonté affiché par un Tanor maitre dans l’usage de la langue de bois et si sûr de son fait qu’il bénissait les attaques de ses sicaires fanatisés, à l’image d’un Moussa Bocar Thiam ou d’un Abdoulaye Wilane, le fou du roi a été la dernière goutte d’eau qui a fait exploser le vase !
Le PS vit aujourd’hui « le drame d’une succession manquée » dont l’issue sera fatalement un parricide. Le couteau est déjà sous la gorge de Tanor. Le déchirement des militants poussés dans leur derniers retranchements et qui se désolent presque d’en être réduits à user de la violence pour se défaire de lui est suffisamment sincère et explicite pour montrer combien ils sont attachés aux symboles de leur parti.
Peut-être que Tanor n’est plus qu ‘ « un vieil homme », malheureusement ! C’est un mythe qui s’effondre, et avec lui la tentative vouée à l’échec de Macky de réunir autour de lui l’opposition dite représentative, afin d’espérer un second mandat.
Le grand perdant de cette révolte du PS, c’est bien lui. Entouré de vieillards cacochymes totalement amortis, il constate chaque jour combien son projet politique est chimérique !
Sans coup férir, Khalifa vient d’indiquer à Tanor la porte de sortie. C’est le retour du bâton pour ce baron du PS qui a appris à ses poulains de l’époque comment « vaincre sans avoir raison ». Sur ce point, l’élève vient de dépasser le maitre.
Et de se dresser dans toute la splendeur de sa prestigieuse légitimité devant Macky.
Après l’avoir supplié de renoncer à être candidat contre lui, après avoir longtemps cru pouvoir le maitriser grâce à Tanor, on peut dire à Macky, ce message tiré du roman historique Ivanhoé avertissant Jean sans terre de l’évasion de son frère Richard Cœur de Lion qui rentrera en Angleterre reconquérir son trône qu’il avait usurpé en son absence, en soudoyant ensuite des alliés pour qu’il le retienne prisonnier sur le chemin du retour des croisades : « Prends garde, le lion a rompu ses chaînes » !
Cissé Kane NDAO
Président de l’A.DE.R