Macky Sall ne supporte pas ses numéros 2 ? Alioune Badara Cissé est parti après être accusé de prendre des positions opposées à celles du chef. Mimi Touré, jouant désormais le rôle du numéro de l’Apr, a connu presque le même sort. Elle a été sacrifiée sous l’autel d’une dualité avec son patron. Aujourd’hui, le parti au pouvoir n’a qu’une seule constante : son leader de Président de la République. Tous les numéros 2, ont été tous «dévorés».
En novembre 2013, les relations heurtées entre Macky Sall et Alioune Badara Cissé vont atteindre un point de non retour. Ainsi, au cours d’une réunion du secrétariat exécutif national de l’Apr, Macky Sall va mettre fin aux fonctions de coordonnateur national de l’Apr de Me Cissé. Le relevant du coup de toutes les instances de direction du parti. Une décision approuvée à l’unanimité par l’instance dirigeante de l’Apr. Cette décision, disait-on, faisait suite aux sorties récurrentes du désormais ex coordonnateur de l’Apr dans la presse pour prendre des positions opposées à celles de la mouvance présidentielle et dont la dernière en date fut une lettre ouverte qu’il avait adressée au chef de l’Etat pour demander la libération de Alioune Aïdara Sylla et Bara Gaye, respectivement emprisonnés à l’époque pour détention illégale d’un chèque et outrage au président de la République.
Répliquant à sa manière à cette mise au frigo, Abc multipliera les mouvements de soutien dénommés «Abécédaires» à l’étranger, notamment en France, en Espagne, aux Usa. Comme si cela ne suffit pas, il descend dans la verte Casamance, où il réunit tous les chefs religieux à sa cause. En sus, ce qui a de plus intriguer le parti présidentiel et son chef, c’est la décision prise par l’ex ministre des Affaires étrangères de se constituer pour assurer la défense de Karim Wade. Abc ira jusqu’à rencontrer Me Wade. «C’est l’avocat de Karim Wade qui a rendu visite au père de Karim Wade», expliquait-il, arguant qu’il ne cautionne pas le fait qu’on l’expose devant une juridiction d’exception peu soucieuse des principes et règles de droit et des règles élémentaires de la défense.
Une autre victime, Mimi Touré
Une autre militante pas des moindres. Au lendemain de l’entrée dans le maquis d’Alioune Badara Cissé, Mimi Touré est considérée comme le numéro 2 de l’Apr. Cependant, les lenteurs dans la conduite des dossiers, attitude cavalière dans la gestion de la crise de l’eau et, surtout, opposition farouche à la médiation pénale dans le cadre de la traque aux biens supposés mal acquis. Bref, les griefs contre le chef du gouvernement s’empilent sous les yeux du Président qui affiche des signes d’irritation. À preuve, non content d’avoir employé, lors du conseil des ministres du 2 janvier, un ton incisif pour demander au gouvernement d’accélérer la cadence vers la satisfaction des besoins des Sénégalais, s’engageant même à encadrer lui-même cette marche ; d’être monté au créneau pour calmer les ardeurs du Premier ministre, qui menaçait de ses foudres le directeur général de la Sde, et d’avoir défendu la légalité et la pertinence de la médiation pénale, Macky Sall ne bouge pas le plus petit doigt pour défendre Aminata Touré contre les récurrentes attaques de ses contempteurs.
Depuis lors, elle est traquée comme si elle était l’unique responsable de la débâcle aux Locales. A l’Apr, le numéro est généralement perçu comme un fusible qui protège le Président. Mais dans le cas du régime actuel, le numéro 2, plus proche collaborateur du Président est considéré comme son premier rival. Les numéros 2 ministres sont d’abord combattu par les faucons qui estiment qu’ils ne défendent pas assez le président. Même quand ils font, les faucons arguent qu’ils le font mal ou n’en font pas assez. Et si ce ne sont pas les faucons qui attaquent, c’est la première Dame qui porte l’estocade. Et tout le monde savait que le courant ne passe pas entre Mimi Touré et Marème Faye Sall.
SOURCE: SENEGAL7