LE LIEUTNANT TIRE UNE BALLE AU PIED DU MARCHAND AMBULANT QUI SE RETROUVE AVEC UNE JAMBE AMPUTÉE : Seydina Daouda Pouye, pour des faits aussi graves, va en mission au lieu de venir à la barre s’expliquer
Dans cette affaire qui opposait le lieutenant Seydina Daouda Pouye au marchand ambulant, le tribunal des flagrants délits de Dakar n’a pas pu en savoir plus hier, car le gendarme qui a allégué une mission pour ne pas déférer à la convocation de Dame justice n’a pu donner sa version des faits à la barre, malgré la gravité des faits. Et même si le prévenu Mouhamed Fall qui est poursuivi pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit, détention illégale d’arme et rébellion, a été rétabli dans sa dignité et relaxé, il n’en demeure pas moins qu’il reste définitivement handicapé. De ce fait, son avenir et celui de sa famille est à tout jamais hypothéqué.
Suite à la demande de l’avocat du prévenu Mouhamed Fall, marchand ambulant, le tribunal avait accepté de renvoyer cette affaire aussi grave dans le but d’y voir clair avant de la plaider et de rendre le verdict. Parce que la robe noire avait sollicité un transport sur les lieux où son client avait reçu la balle en plein pied et le domicile de l’agent afin de voir la distance qui les sépare. Puisque le lieutenant avait déclaré mordicus que son domicile se situe à deux kilomètres du lieu du drame, alors que le mis en cause soutenait le contraire. Celui-ci avait révélé au tribunal que ladite demeure se situait à quelques encablures du lieu où il avait reçu la balle. Ce transport sur les lieux qui a été programmé pour le mardi dernier, 26 janvier, a été effectué.Hélas, malgré les dénégations du lieutenant sur ce point, il s’est avéré que c’est le pauvre marchand ambulant qui avait raison, car le constat qui a été effectué sur la configuration des lieux l’a démontré.
Mais, c’était peine perdue, car le gendarme Seydina Daouda Pouye, sur qui le mis en cause a pointé un doigt accusateur, n’a pas cette fois-ci déféré à la convocation du juge comme il l’avait fait le vendredi dernier, 22 janvier, quand l’instruction d’audience avait été entamée. Et le motif allégué concernant son absence à la barre est qu’il serait parti en mission sur ordre de son supérieur hiérarchique. Vrai ou faux, en tout cas, le marchand ambulant dont la jambe a été amputée ainsi que bon nombre de ses proches présents à cette audience vont se contenter de cette réponse.
Et même si dans cette procédure, il est poursuivi pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit, détention illégale d’arme et rébellion, Mouhamed Fall restera à jamais un homme handicapé parce qu’il a non seulement perdu sa jambe, mais il ne pourra plus nourrir sa famille y compris son épouse en état de grossesse. Hier, face au juge du tribunal des flagrants délits de Dakar où il comparaissait pour lesdites infractions, le garçon de 26 ans a nié les faits. À l’instar de celui-ci, le témoin entendu à la barre, Ibra Fall, a enfoncé le gendarme. «Le jour des faits, Mouhamed Fall avait garé sa moto pour arranger une bagarre entre deux gars près de la boutique. Le gendarme est sorti de sa maison et a tiré une balle en l’air pour disperser la foule. Quand le prévenu est monté sur sa moto pour repartir, il l’a sommé de descendre. Face au refus de celui-ci, il lui a tiré une balle sur la jambe. J’ai entendu dire que le gendarme a déménagé avant-hier», a-t-il raconté. Ce, avant que le représentant du procureur ne requiert la relaxe de l’homme amputé de sa jambe, Mouhamed Fall. Par ailleurs, l’avocat de celui-ci, Me Iba Mar Diop, a demandé au tribunal de rétablir son client dans sa dignité puisque, selon lui, il a subi une injustice. Et concernant le bourreau de son client, la robe noire d’ajouter que le lieutenant Seydina Daouda Pouye a délibérément servi des contrevérités pour maquiller sa bavure. Après les plaidoiries, le tribunal a purement et simplement relaxé Mouhamed Fall.
Fatou D. DIONELES ECHOS