L’émission du vendredi soir, conduite par Khalifa Diakhaté, est suivie des Sénégalais. Il n’y a aucun doute là-dessus. Elle intéresse parce qu’elle traite des sujets d’actualité, même des plus délicats, tout en permettant au téléspectateur de se faire une idée (fut-elle approximative) du regard de la presse.
Cependant, l’émission « Diakarlo » gagnerait en maturité et en notoriété, si les multiples querelles de chapelle entre animistes (lesquelles empêchent parfois de suivre fidèlement le fil du débat), si les interventions tous azimuts et parfois inutiles du présentateur, et surtout si le rappel à l’ordre du « corps étranger » Birima pouvaient constituer des urgences, dès maintenant.
Certes, il n’est pas journaliste, Birima. Loin s’en faut. Et à cet égard, il lui est pardonnable beaucoup de dérapages. Mais quand son insuffisance intellectuelle, sa dévotion syndicale et son militantisme de peu de profondeur prennent le pas sur le discours, il devient un danger permanent. À la place d’un Papis Diao qui semble hésitant sur tout, Birima, lui, fonce tête baissée dans la démesure, en n’interrogeant qu’un égo démesuré et déséquilibré qui ne repose sur rien de solide. La passion, quoique souvent aveugle, doit servir de credo.
D’innombrables bévues entachent la crédibilité des interventions de Birima. Il y a quelque temps, sans doute, pris par le feu de la discussion, il ne manquait pas de taxer Me Wade de noms d’oiseaux, sans tenir compte de notre société, de l’âge et du rang. Certainement pas des attaques personnelles, pour Birima dont on connait la seule extravagance des propos.
Mais y a-t-il eu des cris d’indignation pour le stopper dans cet élan néfaste ? On peut ne pas le croire si Khalifa et son équipe considèrent qu’il ne s’agissait là que d’un incident isolé, une certaine tolérance coupable de l’extravagance d’un invité qui semblait s’être trompé de dimanche. Mais quand cette tolérance complice commence à prendre des proportions susceptibles de créer le désordre ou la confusion dans les rangs des téléspectateurs, ce mal sénégalais peut être appelé laxisme sous d’autres cieux.
Avant-hier, quand Birima a avancé que les Sénégalais qui voteraient Non au prochain référendum méritaient d’être égorgés, il semble maintenant avoir franchi le rubicond, bien qu’en vain, il ait essayé de ravaler prestement et maladroitement ses propos devant un tenace et réfléchi Bouba Ndour.
Alors n’est-il pas possible de le raisonner pour ne pas continuer à heurter des sensibilités, même si Birima ne parait pas toujours mesurer l’ampleur des dégâts qu’il provoque ? Faut-il toujours s’en accommoder et rire jaune, du moment que le personnage apporterait beaucoup de sel à l’émission ? Faut-il au contraire s’en offusquer et s’en séparer, dès maintenant, pour la survie de cette émission qui fait recette et qui après tout, reçoit chaque semaine une bonne partie ceux qui savent et des décideurs qui ne se bousculent plus de peur d’être ridiculisés ?
Tout le débat parait se situer à ce niveau.
Cheikh Ba (Rewmi)