“Les emprunts non dévoilés dépassent un milliard de dollars et changent considérablement notre évaluation des perspectives macro-économiques du Mozambique”, indique la chef du département Afrique du FMI, Antoinette Sayeh, dans un communiqué reçu mardi par l’AFP.
L’institution a en conséquence décidé d’annuler la mission de ses équipes qui devait se rendre dans le pays cette semaine pour évaluer les comptes publics et donner leur feu vert au versement d’une nouvelle tranche de prêt.
Dans l’urgence, le Premier ministre mozambicain, Carlos Agostinho de Rosario, a entamé mardi une visite de plusieurs jours aux Etats-Unis pour rencontrer la directrice du FMI, Christine Lagarde, et des responsables de la Banque mondiale.
Selon un communiqué du Premier ministre mozambicain, il doit évoquer “le total de la dette contractée par les entreprises publiques, avec la garantie de l’Etat, qui n’apparaissent pas dans les statistiques et n’ont pas été rapportées au FMI”.
“Le gouvernement se précipite aux Etats-Unis pour rencontrer le FMI et expliquer ce scandale financier. Mais ici, nous les Mozambicains, attendons une explication”, a réagi sur Twitter Ivone Soares, la chef de l’opposition au parlement du Mozambique, dont une demande d’enquête parlementaire sur le sujet a été rejetée la semaine dernière.
En décembre 2015, le FMI avait octroyé au Mozambique une ligne de crédit de 282,9 millions de dollars, déboursable par tranches successives en contrepartie de mesures d’économie.
Un premier prêt de 117,9 millions avait alors été aussitôt débloqué pour aider le pays à faire face à la chute des cours des matières premières qui a plombé ses recettes.
Ce plan d’aide sera suspendu “en attendant une transparence totale et une évaluation des faits”, a expliqué Antoinette Sayeh.
“Les bailleurs de fonds semblent de plus en plus susceptibles de suspendre leurs programmes d’aide, surtout si le FMI constate qu’il a été activement induit en erreur par Maputo”, analyse Anne Fruhauf de Teneo Intelligence, une agence de conseil basée à New York, dans une note aux investisseurs.
“Tout cela va avoir un impact énorme sur pratiquement toutes les lignes budgétaires disponibles à Maputo”, poursuit-elle.
Le Mozambique est l’un des dix pays les plus pauvres au monde, selon le FMI, et un quart de son budget provient des bailleurs de fonds.
En décembre 2014, le FMI avait gelé pendant six mois l’aide financière à un autre pays africain, le Mali, après la mise au jour d’”irrégularités” budgétaires dont l’achat d’un nouvel avion présidentiel pour 40 millions de dollars.
Source: AFP