LE COMMISSAIRE BOUBACAR SADIO REMONTE LE MORAL A KHALIFA SALL: «Les geôliers d’aujourd’hui seront les prisonniers de demain et les prisonniers d’aujourd’hui seront les geôliers de demain»

Boubacar Sadio apporte son soutien à son ami et frère Khalifa Sall. Dans une longue lettre, le commissaire de police divisionnaire de classe exceptionnelle à la retraite affirme haut et fort que le maire de Dakar est «un otage» politique du «prince de Sunugaal» qui, avec son régime, a décidé que le maire de la capitale ne va pas participer à la présidentielle où il pourrait être un très sérieux prétendant. Devant la détermination du régime à écarter leur leader, l’ancien Directeur général adjoint de la police nationale demande aux partisans, sympathisants et amis de Khalifa Sall, d’intensifier et rendre pérenne la lutte, car convaincu que «les victoires significatives s’arrachent au prix de véritables sacrifices» et «il n’y a que la détermination de la masse qui soit à même de s’opposer à la massue du tyran». Pour le procureur Diaby, Commissaire Sadio n’est pas du tout surpris de sa posture, car, rappelle-t-il, ce dernier avait adopté une même attitude d’intégrité et de justice, il y a plus de 30 ans, au moment de la radiation des policiers. 

«L’Etat est un être énorme, terrible, débile, cyclope, d’une puissance et d’une maladresse indignes», C’est par ces propos de Paul Valéry que le commissaire à la retraite Boubacar Sadio a débuté sa longue lettre à son ami Khalifa Sall. Ce dernier, pour lui, est en prison par la seule volonté de Macky Sall et ses affidés, qui veulent l’écarter de la course à la présidentielle. «Pour ce faire, il a usé de ses pouvoirs et de sa mainmise totale sur les institutions, notamment celles judiciaires, pour vous en exclure», explique le commissaire de police à la retraite.

«Le sacrifice on le fait ou on le fuit»

Loin de se morfondre ou de s’apitoyer sur le sort de son ami Khalifa Sall, dont la «dignité ne lui permet guère de quémander la pitié», l’ancien commissaire Boubacar Sadio trouve que le temps est venu pour tous les soutiens du maire de Dakar de serrer les rangs et de faire face de la plus dure manière à ses bourreaux. «Il est du devoir de vos souteneurs et de toutes les personnes éprises de justice de mener le combat et d’intensifier la lutte sous d’autres formes. Il faut littéralement changer d’approche et bannir cet angélisme qui n’est rien de moins que la traduction d’une naïveté ou pire d’une absence manifeste de stratégie conquérante», martèle-t-il. Ce qui est d’autant plus important, pour lui, que «les victoires significatives s’arrachent au prix de véritables sacrifices ; et le sacrifice on le fait ou on le fuit. Il n’y a que la détermination de la masse qui soit à même de s’opposer à la massue du tyran». Pour le commissaire de police à la retraite, «la mobilisation doit être permanente, constante, massive, généralisée et décentralisée».

«Observez un mutisme total pendant ce procès. Refusez d’alimenter cette parodie de justice…»

Pour l’ancien Boubacar Sadio, la messe étant dite par le pouvoir, Khalifa Sall ne doit même plus leur donner le plaisir de le voir s’exprimer à son procès. «Monsieur le Maire et cher ami (…), pour ce procès en appel, je crains fort qu’il n’y ait confirmation de la première sentence. Aussi, insisterai-je pour que vous observiez un mutisme total pendant ce procès. Refusez d’alimenter cette parodie de justice, cette tragi-comédie dont le scénario a été imaginé, concocté dans un obscur cabinet sis à l’Avenue Léopold Sédar Senghor», conseille-t-il.

«Cet Etat énorme, terrible, débile et cyclope qui a fait montre d’une maladresse qui aujourd’hui se retourne contre lui»

Considérant la tournure qu’à prise le procès en appel du maire de Dakar, avec la décision de la Cour de justice de la Cedeao, Boubacar Sadio voit l’Etat se tirer une balle dans le pied. «Au troisième jour de votre procès en appel, l’intervention du Procureur général, M. Lansana Diaby, qui a attiré l’attention de l’assistance pour avoir demandé au juge président de la Cour d’appel de bien vouloir se conformer aux décisions de l’instance communautaire et ce, pour être en phase avec les engagements de l’Etat du Sénégal. Cet Etat énorme, terrible, débile et cyclope qui a fait montre d’une maladresse qui aujourd’hui se retourne contre lui», fait-il remarquer.

«Lansana Diaby a eu une position et une posture similaires, il y a 31 ans…»

Commentant la posture du Procureur général qui a été saluée par tous les observateurs et la défense, l’ancien Directeur général adjoint de la Police nationale n’est pas du tout surpris. Car il y a eu un précédent. «Le magistrat Lansana Diaby a eu une position et une posture similaires, il y a 31 ans de cela, précisément à l’époque du régime socialiste. C’était pendant la dure période de la radiation des policiers. Il avait eu à exprimer son opinion, contraire à celle du tout-puissant ministre d’Etat de l’époque. Et pour cet acte courageux et valeureux, il avait été victime d’une mesure qui avait toutes les allures d’une sanction administrative», rappelle-t-il.

Lansana Diaby, un magistrats intègre, courageux et surtout impartial»

Non sans insister sur les valeurs qui guident l’homme : «le Procureur Lansana Diaby fait partie de ces magistrats intègres, courageux de leurs opinions et surtout impartiaux dans leurs décisions. Ils font la fierté de la justice et honorent leur corporation. C’est quelqu’un de profondément croyant qui a pour seule référence le Saint Coran, qui s’abreuve à la source du Prophète (Psl) et se sustente de la seule vérité. J’ose fortement espérer qu’il est resté le même».
Dès lors, il appelle Khalifa Sall à garder espoir, en des jours meilleurs. «Les geôliers d’aujourd’hui seront les prisonniers de demain et les prisonniers d’aujourd’hui seront les geôliers de demain», soutient-il, tout en rappelant, comme le disait Rabelais, que «le temps est le père de la vérité».

Synthèse de Mbaye THIANDOUM

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