Par Papa Ibrahima Diassé…
La mère d’Ibrahima Samb, ce taximan qui allait se marier ce 13 Novembre est dans le désarroi. Son unique fils qui parcourait dignement les artères de Dakar à bord d’un taxi jaune noir, s’en est allé brusquement, et de manière cruelle. Une balle de pistolet a « écrabouillé » son crâne en quelques secondes dissipant les espoirs de toute une famille et semant la peur et l’angoisse dans toute une Nation. Une petite dispute est passée par là, lui comme son tueur, n’ont pas réussi à se contenir, ni à verser leur colère dans la maitrise de soi. Ils se sont laissés vaincus par la provocation, et par l’excès d’injure avant que l’irréparable ne soit commis.
Une semaine au paravent, un autre jeune de la Médina, connu sous le nom de Salenko a été sauvagement abattu, pour une banale histoire de casquette. Il est enterré à Yoff, et les jeunes qui l’avaient agressé sont à Rebeuss attendant leur procès qui sans nul doute, aboutira à des dizaines d’années d’emprisonnement voire la perpétuité. Ousseynou Diop, connu à travers les séries télévisées, est un jeune homme frais qui faisait ses affaires tranquillement entre Dakar et le pays de l’oncle Sam, il gagnait aussi, dignement sa vie, avec une petite famille, dont il entretenait si bien une mignonne fille très attachée à lui, mais malheureusement c’est dans les turpitudes de l’inconscience, qu’il a agies, 45 secondes ont gâché sa vie, peut-être s’il avait dépassé la station Shell, dans laquelle il a commis l’erreur de sa vie, il aurait peut-être échappé à une telle sentence, mais il était là, provoquant la mort, et taquinant les rives de la perpétuité.
Des deux côtés, on parle d’espoir évaporé, et dans un constat sociologique, il est sans conteste clair que la nouvelle génération est totalement versée à la violence, à l’arrogance et au manque terrible de sang-froid. La promue d’Ibrahima Samb inconsolable, pleure encore de chaudes larmes, elle ne mange plus, elle a fondu en quelques heures, elle ne parvient pas non plus à comprendre ce destin tragique amené par un mal si profond qui s’est installé subitement sur son chemin et a effarouché son cœur, alors qu’elle était à quelques encablures du bonheur nuptial. La culture sénégalaise peint cette situation comme une forme de poisse, et tout cela est très loin des ondes synergiques de la foi. Mais que faire ?
Du côté de l’épouse de Ousseynou Diop, pire sera de voir son époux indexé de tueur, sa fille en souffrira toute sa vie, lui-même, isolé dans une cellule lointaine, se penchera une de ses longues nuits sur son acte qu’il ne comprend pas finalement lui-même. Mais c’est ainsi qu’il attendra que son sort soit scellé. Même si, en ce moment, il voudra remettre la cassette de son action, en se disant et si je pouvais effacer l’étape de la station Shell de ma journée, j’allais dire de ma vie.
Cette étape qui a fait basculer sa vie à jamais, car la justice ne sera guère tendre avec lui, elle sera plutôt sévère avec Ouzin comme l’appellent ses intimes ne serait-ce que pour donner une leçon à ceux qui voudraient s’adonner à cette pratique horrible. Il est donc parti pour passer le restant de ses jours dans les murs des prisons du Sénégal.
Qu’est-ce que son père et sa mère ont fait à Dieu pour mériter un tel sort? Qu’a-t-il lui-même fait de sa vie, qu’il ne devrait pas, pour en arriver à ce niveau tant redouté? Tous ses proches restent bouche bée. Personne de son entourage ne trouve le mot idéal à placer pour soulager de telles douleurs à géométrie variable qui hanteront aussi longtemps leur vie. Et l’Etat dans tout ça, sa responsabilité dans ce crime odieux est-elle engagée? Les permis de port d’armes qu’il distribue répondent-ils aux conditions requises, sont-ils soumis à des enquêtes de moralité rigoureuses? Autant de questions qui méritent des réponses claires.
Un autre constat manifeste, en prison, ces cas sont fréquents, des adolescents qui n’ont pas maîtrisé leur vie pour quelques petites secondes, et se sont retrouvés bêtement dans les geôles, regrettant leurs actes, mais point préparés pour une réinsertion optimale dans la société. Souvent à leur sortie de prison, ils ne veulent plus commettre les mêmes erreurs, mais loin de la réalité, ils basculent toujours et encore dans les méandres du délit.
Aujourd’hui deux foyers sénégalais sont plongés dans les tréfonds de la douleur, l’une pleure son fils lâchement assassiné et l’autre larmoie aussi son garçon qui sera certainement incarcéré pour toujours. Il est temps que nous nous parlions, les yeux dans les yeux, et pourquoi pas aller vers un « ndeup » collectif, pour vaincre le mal et résoudre les problèmes sociaux qui salissent l’image de notre cher Sénégal de plus en plus méconnu.
Un grand savant disait le fait de ne pas répondre aux injures qui lui sont adressées ne veut guère dire qu’il a peur de les retourner, mais c’est par le silence face à la provocation, qu’il clôt tout débat inerte, insensé et ubuesque. Des lors, il est difficile à l’État de restaurer l’ordre, qu’il le comprenne ainsi, ce qu’il lui faut c’est d’organiser le désordre, car il a atteint un niveau tel, qu’il serait difficile à toutes les échelles de la société, cultuellement comme culturellement de nous en départir!
C’est la triste vérité….