C’est de l’obscurité la plus profonde que jaillit la lumière la plus pure, l’histoire du capitaine Mbaye Diagne en est l’exemple patent. En 1994, il est observateur de l’ONU au Rwanda et va assister au génocide qui va causer près d’1 million de morts. Face aux horreurs qu’il voit au quotidien, il décide de son propre chef, d’aller à l’encontre des directives de l’ONU et de sauver autant de personnes qu’il peut. « Il s’en allait seul, puis revenait avec des dizaines de personnes qu’il avait arrachées à l’orgie sanguinaire des génocidaires» témoignera le général Roméo Dallaire (commandant en chef de la mission de la MINUAR). Il organisait ensuite leur évacuation vers le Kenya puis partait à nouveau en chercher d’autres. Il sauvera ainsi plus de 600 personnes, avec pour seules armes, ses convictions et la force de son verbe. Il se fera tuer lors d’une de ses « escapade humanitaire ».
Aujourd’hui, il est considéré comme « l’homme le plus courageux ayant servi l’organisation des Nations unies ». La médaille du courage de l’ONU porte son nom. Toutefois, cet homme est un parfait inconnu dans son pays et dans son continent. Et pourtant, quand on rapporte la grandeur de ces actes à la petitesse de ses moyens, quand on contextualise ses faits, on peut dire sans ambages qu’il est l’un des plus grands héros du 20èmesiècle. Il a été profondément humain dans une période où la bestialité était la norme. Il a préféré la mort au déshonneur, il a fait preuve d’un courage extraordinaire quand le monde entier se complaisait dans un silence complice et un mutisme assassin. Une rose parmi les orties, voilà ce qu’il était. L’histoire du capitaine Mbaye Diagne doit être sue de tous, par devoir de mémoire mais aussi pour célébrer la seule cause qui devrait importer: la cause humaine