Le beau-père et la mère de Yanis ont été mis en examen et placés en détention provisoire après que l’enfant a été retrouvé mort. Il a subi des violences de son beau-père pour avoir fait pipi au lit.
Comme Yanis venait de faire pipi au lit, son beau-père l’a fait courir dans le froid sur plusieurs kilomètres, près d’un canal à Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais), dans la nuit de dimanche à lundi 6 février. Une punition mortelle : l’enfant a reçu des coups, chuté à plusieurs reprises, puis est décédé.
A l’arrivée des secours, Yanis portait une simple culotte humide. Sa température corporelle était de 25°c et il n’a pas été possible de la ranimer.
Sa mère Emilie, 23 ans, et son beau-père Julien, 30 ans, ont été mis en examen mardi et placés en détention provisoire ce jeudi. La première est poursuivie pour « abstention volontaire d’empêcher un crime ou un délit », le second pour « violences volontaires sur mineur de moins de 15 ans par une personne ayant autorité ».
D’après l’autopsie, l’enfant est mort d’un traumatisme crânien dû à des coups portés à la tête, certains volontairement. « Ce décès par traumatisme crânien, avec la présence d’hématomes sous-duraux, serait consécutif à plusieurs impacts qui seraient des coups de lampe-torche » infligés par le beau-père, a expliqué mardi soir lors d’une conférence de presse le procureur de Boulogne-sur-Mer qui s’est saisi de l’enquête, Pascal Marconville. Sous la violence, la lampe-torche s’est même « littéralement brisée ».
Selon les premiers éléments de l’enquête, le beau-père de Yanis a tenu le rôle principal dans le supplice de l’enfant. Décrit par le procureur de Boulogne-sur-Mer comme « un survivaliste qui rêve de vivre en communauté avec ses quatre chiens », l’homme ne « se rend pas forcément compte de la gravité des faits », a-t-il précisé. Il se considérait comme l’éducateur de Yanis.
La mère et le beau-père de l’enfant étaient ensemble depuis août 2015. Ils vivaient séparément dans le centre-ville d’Aire-sur-la-Lys mais se retrouvaient le week-end dans un petit cabanon sans eau ni électricité, proche du canal. Là, Yanis et le couple dormaient dans le même lit par manque de place.
Ce n’est pas la première fois que le beau-père, qui a reconnu la punition, s’en prenait violemment à l’enfant. Aussi sa grand-mère avait-elle bien aperçu quelques bleus en faisant prendre son bain à l’enfant. Mais il lui avait expliqué qu’il était tombé en jouant. Et comme il semblait bien soigné et bien nourri, elle ne s’était pas inquiétée, a expliqué le procureur de Boulogne.
La mère « dans un autre monde »
La mère de Yanis, semble elle « dans un autre monde », d’après le procureur. Lors de ses auditions, elle a expliqué que les corrections régulières que le beau-père infligeait à Yanis étaient « pour son bien et pour lui remettre les idées en place ». Le soir de sa mort, elle s’est mise en colère en découvrant qu’il avait fait pipi au lit, puis elle est retournée dormir.
Elle risque 5 ans de prison et 75.000 euros d’amende. Le beau-père de Yanis encourt lui la réclusion criminelle à perpétuité.