Le blasphème de Hela Ouardi et «les Brigades de la Foi» de Serigne Saliou

9240632-14749394Dans un excellent éditorial, Serigne Saliou Guèye, monsympathique «domou baye» de Seneplus.com, semble, en toute bonne foi, suggérer qu’en lieu et place de la censure, l’on privilégie la réplique argumentaire envers l’auteur de l’ouvrage sacrilège, intitulé «Les derniers jours du Prophète», qui en aura heurté plus d’un. Je crois pouvoir humblement poser la question de savoir: comment envisager un dialogue avec un auteur qui, dans un parti-pris délirant et déshonorant pour sa corporation, se livre à des affirmations si gratuites,si outrageantes et si mensongères envers l’illustre Messager d’Allah?

Soutenant, par exemple, que «le cadavre en putréfaction du Prophète, abandonné par ses amis les plus proches, est aux antipodes de l’adoration exacerbée dont Mouhamed fait l’objet de nos jours»! Paraissant ainsi railler les musulmans en insinuant que celui envers qui ils nourrissent tant de considération révérencielle n’en vaut véritablement pas la peine. Son corps n’étant devenu qu’une vulgaire charogne ! Or, les historiens, spécialisés dans l’anthologie de la vie des saints, sont unanimes à relever que les corps physiques de ces êtres exceptionnels sont réputés être affranchis de la putréfaction, à fortiori celui du Sceau des Prophète !

Dès lors, comment est-il possible d’engager le moindre dialogue avec un tel «procureur» de la plume qui, l’irrévérence et le paternalisme en bandoulière, se livre péremptoirement à une «réécriture» de l’histoire islamique, condamnant sans appel la FOI des autres, dont elle dépeint leur Modèle comme un moins que rien. Avec un art si consommé de la flétrissure que Salman Rushdie, l’écrivain-pyromane des «Versets Sataniques», ferait piètre figure! Il fut par exemple possible de dialoguer avec l’auteur du livre à controverse «Le Coran et la Culture Grec», ledéfunt Pr Oumar Sankharé, qui s’était trompé de bonne foi. Et avait même présenté ses excuses publiques à la télévision, après avoir révélé de vive voix au président exécutif de JAMRA, Imam Massamba Diop, sa ferme volonté, dès que sa santé le lui permettrait, de faire le tour des cités religieuses du Sénégal, pour se confondre en regrets. Le destin en décida autrement. Que Dieu ait son âme.

Par contre comment envisager une quelconque réplique littéraire à un ouvrage où- tout au long de 368 pages d’amalgames, de contre-vérités historiques et d’insupportables outrages envers la Référence des musulmans -il transparaît nettementque l’auteur y est animé d’une intention manifeste de nuire; au point de n’avoir pas hésité à traiter le Messager d’Allah de «bâtard» (que Dieu nous pardonne)! Cette interdiction que l’Etat du Sénégal a opposée à la propagation sur notre sol de ce pamphlet outrageant a plutôt valeur de symbole, que de prétendre accéder à la requête d’une quelconque «Brigade de la Foi», dont vous affublez amicalement JAMRA & MBAÑ GACCE.

Lorsque Jean-Luc Godard, le célèbre cinéaste français, a défrayé la chronique, avec la sortie, en 1985, de son filmpolémique «Je vous salue Marie», comportant des scènes de nudité et tournant en dérision la grossesse de la mère de Seydina Insa (Jésus Christ), les passions s’étaient déchaînées dans les milieux catholiques conservateurs de l’Hexagone. L’auteur resta sourd à l’indignation collective et même aux suppliques du chef de l’Eglise catholique, Jean-Paul II, qui considérait que ce film «blessait profondément les sentiments religieux des croyants». Des intégristes catholiquesassiégèrent une salle de cinéma, à Nantes, pour s’opposer à sa projection. L’autorité ecclésiastique locale, l’abbé Guérin, trouvait «le niveau de blasphème intolérable», et demandait que ce film soit tout bonnement totalement censuré. Parce, disaient-il, «un tel sacrilège contre la Sainte Viergeétait inacceptable». Il a fallu que les choses dégénèrent, précisément dans la ville de Tours, où une salle de cinéma fut incendiée, pour que plusieurs Communes se montrassent réticentes àadmettre la projection de ce film provocateur dans leurs circonscriptions.

Un scénario similaire s’était produit lors de publication des «Versets Sataniques» de Salman Rushie, en 1988. Beaucoup de pays musulmans qui avaient fait preuve de laxisme, en laissant cette insulte littéraire prolongerses insidieusesmeurtrissures dans le corpus social, l’ont payé cher. Des milliers de musulmans en colère, en Indonésie, au Pakistan, en Malaisie, en Egypte, etc., s’étaient spontanément rués vers des librairies pour les saccager, les incendier. Des autodafés furentorganisés devant des consulats britanniques, pour brûler symboliquement des exemplaires de l’ouvrage satanique de Salman Rushdie. Un traducteur pakistanais fut assassiné. Pendant qu’au Sénégal (après l’alerte lancée par le défunt Abdou Latif Guèye et le rassemblement pacifique organisé par JAMRA à la Grande Mosquée de Dakar avec la bénédiction du Khalife Abdou Aziz Sy Dabakh)une mesure formelle d’interdiction de venteprise par le Président Abdou Diouf devait considérablement dégonfler la légitime exaspérationde la communauté musulmane du Sénégal. Où l’on n’eut pas à vivre, Dieu merci, les tragiques événements que ces maudits «Versets Sataniques» avaient fait endurer à beaucoup de pays musulmans.

Un Etat responsable se doit d’éviter de laisser pourrir de telles situations, susceptibles de pousser les populations, excédées, à vouloir se faire justice elles-mêmes. Ainsi, la censure, sans avoir la prétention d’être une panacée – surtout en ces heures où l’électronique a fini de réduire le globe terrestre en un village planétaire –répond surtout à un impératif de sécurité publique. En ayant surtoutle mérite de savoir dégonfler l’ire des populations, blessées dans ce qu’ellesont de plus cher : leur Foi.

Tous les croyants du monde, toutes confessions religieuses confondues, devraient se donner la main, pour barrer la route à cette nouvelle tendance littéraire et cinématographique, diabolique, anticléricale et islamophobe, qui s’attaque lâchement aux convictions religieuses d’autrui, en faisant du blasphème un détestable fonds de commerce !

Mame Mactar Guèye

Vice-président JAMRA

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