Si on se fie aux termes du décret du Président de la République, le motif officiel de la révocation de Ousmane Sonko est un manquement à l’obligation de discrétion professionnelle. L’interview de Mme Viviane Bampassy, Ministre de la Fonction Publique, publiée dans la livraison du quotidien l’OBS du vendredi 2 septembre 2016 révèle les vrais motifs de la mesure inique de révocation prise par le Président Macky Sall.
Madame le Ministre soutient:
« Lorsque Mr Sonko, fonctionnaire de l’Etat s’attaque, de façon très virulente, au chef de l’Etat, la clé de voûte des institutions, peut on admettre, en âme et conscience, cela d’un agent de l’Etat ? On ne peut pas l’admettre d’un simple sénégalais à fortiori un haut cadre de l’administration.
On ne peut pas tenir des propos d’une virulence extrême vis-à-vis de la plus haute autorité du pays, se considérer comme un haut cadre de l’administration et ne s’attendre à rien du tout ».
Aveu ne peut être plus clair.
Il résulte clairement des propos du Ministre de la Fonction Publique, sous l’autorité duquel siège le Conseil de discipline, que ce sont les propos jugés virulents de Ousmane Sonko à l’égard du Président Macky Sall qui constituent le vrai motif de la mesure de révocation. Il apparaît ainsi que le manquement à l’obligation de discrétion professionnel n’est qu’un fallacieux prétexte pour tenter de neutraliser un adversaire politique.
Le Président Macky Sall qui n’est pas un monarque de droit divin , qui a choisi de rester un chef de parti et qui s’adresse en cette qualité, parfois en des termes irrespectueux, à ses adversaires politiques doit s’attendre à subir la réplique des autres chefs de parti comme Ousmane Sonko.
Dans un telle situation le Président Macky n’a pas le droit d’instrumentaliser le pouvoir d’Etat pour un règlement de compte politique.
Les aveux du Ministre de la Fonction Publique trahissent la volonté du Président Macky Sall de faire payer à Ousmane Sonko ses propos jugés virulents. C’est contraire aux principes républicains.
En traitant ceux qui soutiennent Ousmane Sonko de démagogues, Madame Viviane Bampassy, qui nous avait habitué à plus de courtoisie, manque à l’obligation élémentaire en démocratie de respecter les opinions de ceux qui ne partagent pas votre point de vue. C’est regrettable.
Par Mame Adama Guèye