Amadou Mokhtar Mbow comme Penda Mbow ont cru devoir préciser que l’apport financier de M Lamine Diack à la tenue des Assises nationales n’a aucun lien avec les faits de corruption pour lesquels il est poursuivi en France. Certes! Mais si l’on en croit Le Monde, dès 2006, Lamine Diack est entré dans les bonnes grâces de la Russie alors que les Assises se sont tenues en…2008.
Dans un souci d’éclairer la lanterne de l’opinion publique, Amadou Mokhtar Mbow a reconnu que Lamine Diack financé en partie les Assises nationales. Toujours selon l’ancien directeur de l’Unesco, c’est Penda Mbow qui a reçu les 10 000 euros (6,5 millions FCFA) de Diack. Le professeur d’Histoire à l’Université de Dakar ne dira pas le contraire. Mieux, Penda Mbow affirmera même que l’ancien président de l’IAAF a contribué financièrement aux Assises à hauteur de 9,5 millions FCFA. Cependant, Amadou Mokhtar Mbow comme Penda Mbow ont vite fait d’annihiler tout lien entre l’argent reçu et l’affaire de corruption pour laquelle Lamine Diack est mis en examen en France. Il aurait tu des cas de fraude d’athlètes russes contre des dessous de table qui auraient servi à financer l’opposition sénégalaise en 2012.
“Il a contribué au financement des Assises nationales, mais il l’a fait en 2008. Il n’y avait pas de problèmes avec les Russes, il les a eus à partir de 2011”, a précisé Penda Mbow. Pour sa part, le président de la Commission nationale de réforme des institutions dira pour se laver à grande eau :“Il l’avait fait en 2008. Et, l’affaire des athlètes Russes a débuté en 2011. Donc, il n’y a aucun lien entre les Assises nationales et l’argent que Lamine Diack aurait reçu des Russes”.
Mais ces arguments peuvent-ils revêtir les habits d’une vérité absolue si l’on sait que dès 2006, M Diack est entré dans les bonnes grâces de la Russie à telle enseigne que ce pays de l’Est s’investisse en faveur de l’opposition, trois ans plus tard, dans la conquête de Dakar, alors convoitée par Karim Wade. C’est du moins ce qui est écrit noir sur blanc dans l’article du Monde qui traite des aveux de Diack à l’OCLCIFF et au juge français Renaud Van Ruymbeke du pôle financier du tribunal de Paris.
Selon Le Monde, les déclarations de Lamine Diack font état de 400 000 voire 450 000 euros (300 millions FCFA) injectés par la Russie dans les Locales de 2009 pour que le fils de Wade soit battu. Pour ce faire, il dit avoir demandé à Valentin Balakhnichev (ancien président de la fédération russe d’athlétisme et ancien trésorier de l’IAAF) de “faire passer le message à Poutine” qu’il a rencontré en 2006 lorsque ce dernier était en campagne pour l’obtention des jeux olympiques d’hiver à Sotchi. “Le message est passé, assure Diack. J’étais en contact avec l’ambassadeur de Russie à Dakar depuis mon entretien avec Poutine en 2006. Balakhnichev a fait passer le message et l’ambassadeur m’a contacté ».
Au sujet du financement des Assises nationales auxquelles n’avait pas pris part l’actuel président du Sénégal, Diack admet y avoir contribué dans un entretien avec la RFM au lendemain de la parution de l’article du Monde. Ce que viennent de confirmer ses organisateurs. Mais tout comme ces derniers, le tout puissant président de l’IAAF de 1999 à 2015 n’a pas levé le lièvre sur la provenance des fonds mis par ses soins dans l’organisation des Assises nationales. Ce qu’il ne peut pas nier par contre à la lumière de ses aveux, c’est qu’au moment où se tenaient ces assises nationales en 2008, il était en contact permanent avec la Russie. Maintenant reste à savoir si des fonds russes ont atterri dans les Assises qu’Amadou Mokhtar Mbow et Cie voulaient exclusivement nationales. Une autre zone d’ombre que doit éclaircir l’enquête en cours.
