Le 25 juillet 2015, la Fédération algérienne de football (FAF) avait publié une déclaration annonçant qu’à compter de juin 2016, elle appliquerait une nouvelle loi selon laquelle les joueurs étrangers ne pouvaient plus venir jouer dans les ligues professionnelles en Algérie.
Après avoir été abandonné par Nantes, son club d’enfance, l’attaquant franco-ivoirien Ghislain Guessan a joué dans des ligues inférieures, françaises et italiennes.
Lorsqu’il est devenu évident que les clubs européens n’étaient plus disposés à parier sur le joueur de 23 ans, il a décidé de tenter sa chance en Algérie.
La ligue nord-africaine s’est depuis longtemps établie comme un moyen efficace pour les talents d’Afrique sub-saharienne de se faire un nom, parfois pour finir par jouer en Europe.
En 2014, il a signé avec RC Arbaa et a depuis eu beaucoup de succès. Cette saison, il a marqué 10 buts et fait une passe décisive.
Pourtant, alors que la campagne actuelle se termine, une nouvelle loi va forcer Guessan et 20 autres joueurs étrangers en Algérie à préparer leurs départs.
Des réactions variées
« Au début, je n’y croyais pas, puisque chaque ligue professionnelle a des étrangers et que cela améliore la qualité du football, » a déclaré Guessan.
Mais le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, a expliqué la décision en remettant en cause les dossiers de recrutement des clubs algériens.
« 46% des 28 joueurs étrangers ont joué moins de la moitié de la saison », a-t-il affirmé. « L’idée derrière la signature de joueurs étrangers est qu’ils sont censés jouer. Il y a même deux joueurs qui n’ont pas joué une seule minute. Alors, quel est le but ? Nous devons nous poser des questions. »
Les réactions ont été variées. Le président de l’ES Setif, Hassen Hammar, a déclaré qu’il soutenait le verdict de la fédération, parce qu’il croyait que les clubs recrutaient de manière irresponsable.
Le président du MC Alger, Omar Ghrib, a contesté la décision, affirmant que les ligues professionnelles ne devaient pas avoir leur mot à dire sur la façon dont les clubs font des transferts. « Si la fédération veut gérer le club, ils doivent payer les joueurs », a déclaré Ghrib.
Responsabilité financière
Même si la qualité des joueurs étrangers a été examinée de près, la principale justification de la FAF est d’abord un manque de responsabilité financière.
En février, une vidéo avait été diffusée de Mohamed Coumbassa, un milieu de terrain guinéen, collectant des dons de sympathisants de l’USM El Harrach parce qu’il n’avait pas été payé pendant six mois.
Il est apparu plus tard que Coumbassa avait joué 18 matchs pour El Harrach sans jamais recevoir de permis de travail.
Améliorer les conditions de vie
Gilles Ngomo du CR Belouizdad, lui, envisage son départ d’Algérie après avoir passé huit ans dans le pays avec trois clubs différents.
« J’ai passé de merveilleuses années en Algérie. Je me suis très bien adapté et les gens ont été fantastiques », affirme-t-il.
Le milieu de terrain camerounais est marié à une Algérienne et a même considéré une demande de citoyenneté algérienne en 2012.
Il a déclaré à BBC Sport : « Si la loi est nécessaire, alors j’espère qu’elle permettra d’améliorer les conditions de vie pour les joueurs étrangers. »
Joueurs africains
Bien que le Président de la Ligue professionnelle, Mahfoud Kerbadj, insiste sur le fait que la loi s’applique à « tous les étrangers, et pas seulement aux Africains », les analystes pensent que la loi aura principalement un impact sur les joueurs d’Afrique sub-saharienne, qui se verront refuser l’accès à une ligue vue comme un tremplin vers le football européen.
Un milieu de terrain camerounais, Abenego Tembeng, qui joue actuellement pour DRB Tadjenanet, a déclaré à BBC Sport qu’il avait commencé à planifier son déménagement à l’étranger immédiatement après avoir entendu parler de la loi.
« J’ai commencé à faire des plans avec mon agent tout de suite, mais en attendant la fin de la saison, nous espérons un changement, » a-t-il expliqué. « Je ne sais pas si cette loi sera temporaire. J’espère que les choses évolueront et que je pourrai rester avec Tadjenanet la saison prochaine. »
Mais si Tembeng aimerait rester à Tadjenanet pour une autre année, Guessan, lui, n’espère pas rester en Algérie.
Après avoir marqué 10 buts en 21 matchs pour RC Arbaa, et être devenu le meilleur buteur de la ligue algérienne pour une grande partie de la saison 2015/16, l’ancien joueur de Nantes voudrait jouer à nouveau de l’autre côté du bassin méditerranéen.
« J’ai planifié beaucoup de projets en Algérie. Des grands clubs ici avaient suivi mes progrès, mais maintenant je vais me concentrer sur un déplacement vers l’Europe, » a-t-il déclaré. « C’est dommage, parce que ce n’est pas facile de jouer dans la ligue algérienne. Si vous avez du succès ici, vous pouvez réussir partout. »