ALIMENTATION Un couple de Belges, dont le bébé est mort de malnutrition après avoir été nourri au lait végétal est actuellement jugé…
- En Belgique, un couple risque la prison car leur bébé est décédé à 7 mois après avoir été nourri exclusivement de lait végétal entre 3 et 7 mois.
- Un fait divers qui rappelle que nourrir son nourrisson uniquement avec des laits végétaux est très dangereux.
- Comment faire alors quand son enfant est allergique au lait de vache ?
Le régime végétalien, très à la mode, touche de plus en plus de familles en France. Mais autorités et médecins tirent la sonnette d’alarme : imposer à son nourrisson un régime végétalien s’avère très risqué. Et peut même conduire à la mort du bébé. Un couple de Belges en a fait la douloureuse expérience. En 2014, leur nourrisson de 7 mois est décédé car il était nourri depuis ses 3 mois uniquement au lait végétal. Par conviction ou à cause d’allergies, certains parents remplacent le lait de vache par des laits végétaux. Une mauvaise idée ?
Les laits végétaux sont-ils dangereux pour les enfants ?
On parle de lait végétal, mais il s’agit plutôt de boissons ou jus végétaux. Il est très déconseillé et dangereux de donner exclusivement des boissons végétales à un nourrisson entre 0 et 3 ans. Si le lait est l’aliment exclusif jusqu’à 4 ou 6 mois, il constitue une grande partie de l’alimentation les premières années. Et son absence provoque beaucoup de carences. « Dans le lait végétal, il y a zéro calcium, tranche Florence Foucaut, nutritionniste et diététicienne à Paris. Certains industriels ajoutent du calcium, mais ce n’est pas suffisant pour couvrir les besoins d’un nourrisson. D’autant plus que le calcium d’origine végétale est moins bien absorbé que le calcium animal. Il faudrait en consommer des litres pour avoir les apports nécessaires ! Après, ce n’est pas grave de faire boire à son enfant un verre de lait d’amande de temps en temps. Le risque, c’est quand c’est exclusif. »
Quels dangers court l’enfant ?
Ces laits végétaux ne remplissent pas le même rôle que le lait de vache, prévient l’Agence nationale (française) de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses), inquiète de voir la recrudescence de ce régime végétalien. « Leur utilisation peut entraîner, selon les cas, des insuffisances d’apports, des carences, voire des accidents sévères. Le risque est d’autant plus élevé que l’enfant est plus jeune et que la consommation de ces produits est prolongée, exclusive ou prépondérante », indique l’Anses.
Dans un article,le Pr Patrick Tounian, gastro-entérologue pédiatrique à l’hôpital Trousseau, auteur d’une étude intitulée Végétalisme chez l’enfant : une véritable maltraitance nutritionnelle, alerte : « leur consommation par les nourrissons entraîne des complications nutritionnelles, parfois très sévères, justifiant souvent une hospitalisation. Les carences en protéines, fer, calcium, zinc et vitamines D et K ont été les plus fréquemment rapportées. Elles peuvent être responsables d’œdèmes avec hypoalbuminémie, d’anémies profondes nécessitant une transfusion de culot globulaire, de lésions cutanées sévères par carence en zinc, d’hématomes intracrâniens par déficit en vitamine K, de convulsions hypocalcémiques ou de fractures osseuses. Dans les cas extrêmes, ces complications peuvent conduire au décès de l’enfant. » Un drame qui s’est donc produit en Belgique en 2014.
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Est-ce qu’il y a un âge où les enfants peuvent éliminer le lait animal ?
Pas vraiment. « L’apport en calcium conseillé jusqu’à 18 ans, c’est quatre produits laitiers par jour, rappelle François Foucaut. Parce que l’objectif, c’est de constituer le capital osseux. Il faut savoir qu’à partir de 18 ans, on perd des os. Plus les réserves sont importantes, moins la perte sera importante. » Et donc moins il y a de risques de fractures…
Mais les parents végétaliens devraient de toute façon attendre les 3 ans de leur enfant avant de supprimer le lait animal. Et favoriser les laits végétaux les plus riches en calcium. « Il faut bien regarder les étiquettes, reprend Florence Foucaut. Car les industriels ajoutent plus ou moins de calcium. Pour le lait d’amande par exemple, les variations en calcium sont énormes. »
Quel est le meilleur lait à donner à son enfant ?
« A partir d’1 an, on conseille un lait de croissance jusqu’à 3 ans avec un ajout en vitamine D, conseille Florence Foucaut. Mais, comme il est riche en lipides, il peut entraîner une prise de poids. A 3 ans, c’est bien de passer au lait écrémé surtout pour les enfants qui auraient un petit surpoids. » Quant aux laits végétaux, le lait de soja est le plus adapté. Dans la brochure de Santé publique France sur l’alimentation des bébés, il est bien spécifié que « les préparations à base de protéines de soja 1er ou 2e âge sont les seules à être régies par la réglementation des aliments de l’enfance. Ne les confondez pas avec les « laits » ou jus ou crème de soja, qui ne sont pas adaptés aux enfants de moins de 3 ans. »
Que faire si son bébé est allergique au lait ?
« Il existe beaucoup de solutions ! rassure la diététicienne. D’abord, on trouve des laits maternisés hypoallergéniques. Dans lesquels on a enlevé la protéine qui entraîne les allergies. Autre information importante : l’allergie à la protéine de lait de vache peut s’arrêter souvent vers 3 ou 6 ans. On peut également varier les laits d’origine animale. Certains ont moins de protéines allergisantes, par exemple le lait de chèvre. »
Quels signes doivent inquiéter les parents ?
« En général, les enfants carencés sont chétifs, synthétise Florence Foucaut. Si votre enfant montre une fatigue importante, qu’il a un poids inférieur à la normale et une courbe de croissance qui décroche, s’il est beaucoup plus sensible aux infections que ses camarades, les parents peuvent s’inquiéter. Mais mon premier conseil avant de se lancer dans les laits végétaux, c’est de consulter. Seul un médecin pourra dire si le nourrisson est vraiment allergique et comment faire pour l’aider. »
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