La voyance, un des incontournables de la tradition africaine, est loin de vivre ses derniers jours au Sénégal. Avec la multiplication des voyants et voyantes, à travers les rues de notre pays, les radios et télévisions, beaucoup de sénégalais ont fini par adopter cette pratique que la religion musulmane a pourtant banni. Beaucoup d’entre les personnes croisées pour les besoins de notre reportage avouent croire en la voyance et se fient à elle pour se préparer aux événements futurs.
Une ronde aux quartiers rond-point Liberté 6 et Grand Yoff nous montre que beaucoup de nos compatriotes se fient à ses pratiques, malgré les barrages dressés par la religion. La chose indéniable reste le fait que les voyants et voyantes eux, font des chiffres d’affaires plus que conséquents.
Pour élucider ce mystère, nous avons posé pieds dans deux quartiers de Dakar. Trouvée au rond-point liberté 6 en train d’attendre son bus Fatou Diop, étudiante au département de la sociologie, avoue croire en la voyance, « je crois en la voyance, car ça fait partie de notre culture. Et si on a un problème, la première chose à faire, c’est d’aller voir un marabout ou un voyant, pour qu’ils puissent nous consulter les cauris et nous prédire l’avenir », avance-t-elle.
Avant d’ajouter que « la voyance fait partie de nous, de notre culture. On nous a initié à cela, il y a des années. On avait l’habitude de voir, nos mamans et grand mères consultaient des voyants à la maison. C’est pour cela, qu’on le fait. On sait que, c’est interdit par la religion, mais, on y peut rien, puisque ce sont les réalités de la société qui nous poussent à le faire. Comme dit l’adage mieux vaut prévenir que guérir. On est dans une société, où les gens ne croient plus en Dieu. Ils peuvent te détruire comme si de rien n’était. La seule voyance autorisée par la religion est, celle qui se fait avec le coran, communément appelé listikhar », dixit-elle.
Omar Mbengue, un homme religieux d’une trentaine d’années et habitant à Grand Yoff n’est pas du même avis que Fatou Diop.
«Je ne suis pas tenté par cette pratique. Je n’ai jamais consulté de voyants ou voyantes, car la religion musulmane nous l’interdit. Je préfère prier, au lieu de passer tout mon temps, à errer chez les marabouts, voyants et voyantes », avance-t-il.
Toutefois, Omar juge, que c’est insensé d’empiéter sur son avenir vue que « quelle que soit la durée de la nuit, il fera jour. Croyons en Dieu. Si cela ne tenez qu’à moi, la voyance n’aurait pas de beau jour dans notre pays », fustige-t-il.
Du côté des voyants, c’est sous une autre optique qu’ils jugent cette activité vis-à-vis de la religion. Abdou Sall, un voyant établi au rond-point liberté 6 affirme que « la voyance est vaste, on l’appelle medium, vue qu’on voit ce que l’on consulte. La voyance, on l’acquiert par don, étude, rêve, carte, lègue ce qui permet de prédire le futur d’une personne».
Suivant le marabout voyant, «on voit toujours des clients, les gens viennent de partout. Je vois le double, de ce que je recevais. La religion n’a pas interdit la voyance, mais, c’est la manière dont on le fait, qu’elle a banni. Car certains en profitent, pour diviser les familles et semer la zizanie dans la société. C’est pourquoi, on l’a bannie dans la religion. Mais le listikhar, les cauris, les cartes et sable n’ont pas de différence, car ils prédisent uniquement l’avenir ».