A monsieur Yakham Mbaye, directeur général du Soleil.
Monsieur le directeur, par la « Une » de votre journal d’aujourd’hui, vous avez jeté un discrédit sur toute la profession enseignante. « Un métier qui ne fait plus rêver » avez vous dit !
L’enseignement est un métier où vous travaillez beaucoup mais vous êtes faiblement rémunérés. L’enseignement est un métier qui peut vous obliger à vous retrouver à 700 km de Dakar, loin du Palais et de la caisse noire. L’enseignement est un métier qui ne vous permet pas d’être dans un bureau climatisé, il vous oblige à être sous la chaleur et vous expose constamment aux dangers de la craie.
Donc, le métier d’enseignant ne fait pas rêver à toutes les personnes comme vous, qui avez choisi de gagner beaucoup d’argent sans travailler. Donc vous, qui avez déjà goûté aux millions du contribuable sénégalais, ne pouvez plus considérer que l’enseignement fasse rêver.
Pourtant, pour plusieurs raisons, vous devrez respecter les enseignants. C’est grâce à eux que vous êtes instruits pour devenir ce que vous êtes aujourd’hui. C’est grâce à votre entrée à l’école, que vous avez partagé la classe avec Marième Faye Sall, devenue première dame, qui vous a permis d’entendre le titre honorifique de « monsieur le ministre » ou « monsieur le directeur « . C’est grâce aux enseignants que vous aviez pu être directeur général du quotidien Le Populaire, avec lequel vous insultiez le président de la République, jusqu’à ce que votre ancienne camarade de classe, Marieme Faye Sall, vous appelle et vous fasse les propositions qui vous ont amené à vous taire.
Beaucoup parmi les enseignants que vous discréditez aujourd’hui, étaient devant les grilles de l’Assemblée nationale, le 23 juin 2011, jour mémorable qui a favorisé la deuxième alternance, au moment où vous étiez dans les bureaux du Populaire.
Vous devriez respecter ces enseignants à qui vous donnez tous les jours, vos enfants, vos biens les plus précieux.
Vous ignorez que vous dirigez un bien public. Dommage que vous l’utilisez comme un instrument de diabolisation des opposants et de chosification d’honnêtes citoyens qui vivent à la sueur de leur front.
Les enseignants ne sont pas riches, mais ils vivent honnêtement et n’attendent rien de personnes. Personne ne leur reprochera de bénéficier indûment des deniers publics. Ils ne chantent les louanges de personne, pour mériter une promotion.
C’est dommage mais c’est parce que vous n’êtes pas à votre place que vous dîtes ces bêtises.
Babacar Diouf, Enseignant