La location meublée ou la discrétion bon marché

Activité économique très fructueuse, la location meublée a connu, depuis quelques années, un développement inattendu. Dans nombre de quartiers calmes et souvent résidentiels de la capitale, l’offre est grande et diversifiée. De 20 000 à 30 000 F Cfa par jour, propriétaires et intermédiaires se font de l’argent. Mais certains font planer le mystère sur leurs chiffres d’affaires et bénéfices.

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Le studio est au premier niveau de cet immeuble de quatre étages, sis à Mermoz, 2e porte. Au total, 10 appartements, dont quatre studios meublés sont mis en location. ‘’Entrez ! Admirez comme c’est beau et spacieux. Voici les toilettes. Il y a le chauffe-eau. Vous avez votre bar américain. Les télécommandes de la clim et du frigo sont sur la table. Vous avez aussi un petit frigo bar’’, indique le courtier.

Combien faut-il casquer pour avoir droit à un tel luxe ? ‘’C’est 30 000 F Cfa par jour. Si vous faites 10 jours, ça vous revient à 275 000 F CFA’’, répond-t-il. Dans cette zone de Mermoz et des autres quartiers résidentiels, les logements meublés se sont imposés.

Ils sont devenus tellement nombreux qu’on en arrive à oublier l’existence de logements hôteliers. Des quartiers les plus huppés de la capitale aux zones touristiques de Mbour, Saly et Somone entre autres, les appartements, maisons et résidences meublés pullulent. C’est devenu un phénomène immobilier. Avec des prix divers, ils sont tout aussi prisés des populations qui trouvent par là, le moyen d’accéder au confort, au calme et au retrait paisible et à moindre coût.

Au-delà de la triste renommée acquise avec les nombreuses frasques qui s’y déroulent, les logements meublés sont devenus une activité très rentable. Propriétaires et intermédiaires se remplissent les poches, sans aucune obligation de rendre des comptes à qui que ce soit.

Bref, Les locataires économisent et les propriétaires s’enrichissent. ‘’C’est un business qui rapporte beaucoup aux bailleurs. C’est même devenu fréquent de voir des Sénégalais propriétaires de maisons à Dakar prendre des appartements ou chambres meublés pour des besoins privés. C’est ce que les gens ont compris et ils en ont fait leur poule aux œufs d’or’’, révèle Pape Ousmane Fall, gérant d’une dizaine d’appartements meublés.

D’après lui, l’avantage de ses logis situés vers Yoff Tonghor réside avant tout dans la situation géographique. Il y a aussi l’accessibilité des prix. ‘’Nous ne sommes pas loin de la route qui mène vers l’aéroport Léopold Sedar Senghor de Dakar et, en même temps, c’est discret. Quant à nos prix, ils varient entre 20 000 F Cfa et 25 000 F Cfa par jour. Ainsi, nous ne recevons pas moins de 5 personnes par jour’’, affirme M. Fall. Concernant la durée, il précise que c’est assez rare de voir un client y séjourner plus d’un week-end.

‘’Mais cela ne nous empêche pas de faire de gros bénéfices. Moi-même, des clients m’offrent parfois de l’argent’’, tempère-t-il. Cependant, il ne veut pas avancer de chiffre d’affaires. ‘’Nous avons des gains, mais nous avons aussi des dépenses. On a une dame qui est chargée de faire le linge des draps et serviettes, chaque deux jour. Elle utilise une machine à laver. C’est aussi à elle de faire le repassage. On a également deux gardiens qui se relaient matin et soir’’, explique-t-il. En bon agent marketing, Pape Ousmane vante les appartements dont il a en charge. Il dit veiller à ce qu’il ne s’y passe pas n’importe quoi.

Ailleurs, dans une autre zone chic et calme, l’offre est tout aussi grande. A sacré cœur, de 1 à 3, les propriétaires de maisons et d’immeubles ont su saisir cette belle opportunité d’affaires. Les annonces ne sont pas visibles à travers les rues. À l’exception de quelques tableaux installés ça et là, la précision n’est jamais faite. Il faut surtout se diriger vers les sites internet spécialisés. P

ourtant, c’est l’une des repaires de cette nouvelle pratique. ‘’Il y a des maisons à étages qui sont habitées et louées en même temps. En fait, la famille habite au rez-de-chaussée et le propriétaire construit de petits appartements en hauteur. Il les meuble pour en faire une location journalière. Cependant, ils sont très sélectifs par rapport à leur clientèle. C’est souvent des maisons de passage pour ceux qui doivent séjourner quelque temps à Dakar’’, affirme un autre agent commercial du nom de ‘’jambaar’’.

‘’Une clientèle sérieuse’’

Ce trentenaire qui se dit businessman s’activant dans le courtage à ses heures perdues soutient qu’il a une commission pour chaque client.

Des logements de ce genre, il en a une dizaine sous sa coupe. Les prix qu’il propose sont identiques à ceux de Pape Ousmane. Ils varient de 20 000 F Cfa à 30 000 F Cfa par jour et par chambre, en fonction de l’espace. A la question de savoir comment procède-t-il pour trouver des clients mais aussi connaître les logements meublés disponibles, Jambaar se frotte les mains et laisse échapper un sourire qui dévoile un large diastème. ‘’Je ne vous le dirai pas. Mais, sachez que j’ai un bon carnet d’adresses pour ça. Ce que je fais, c’est légal et nous avons une clientèle sérieuse. En résumé, je me suis fait un nom dans ce domaine’’, dit-il.

Miranda par contre a accepté de livrer ses statistiques. Ivoirienne de nationalité, elle a fini par s’installer au Sénégal. Cette jeune femme qui s’est réellement imprégnée des réalités du pays a loué l’appartement en face du sien pour se faire de l’argent.

‘’C’est un studio. Je l’ai meublé et climatisé et je ne le loue qu’à des gens qui viennent en mission au Sénégal. Ils sont nombreux à venir de mon pays donc. J’ai saisi l’opportunité’’, raconte-t-elle.

A propos du gain, elle confie : ‘’Le loyer et les factures payées, en plus de la rémunération de la femme de ménage, je peux avoir au minimum 60 000 F Cfa de bénéfice’’.

Sanslimitesn.com

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