Péjorativement, la « Françafrique » est utilisée régulièrement pour dénoncer la politique étrangère de la France en Afrique. Depuis quelques années, avec l’accession de la nouvelle génération à la tête des Etats africains, cette collaboration semblait battre de l’aile. Mais avec le temps, la réalité finit par rejaillir : les relations d’antan sont pérennisées par la nouvelle classe politique malgré ses discours guerriers.
Dans une interview de Robert Bourgi publiée le 11 septembre 2011 dans le Journal du Dimanche (JDD) le conseiller officieux de l’Elysée pour les questions africaines, se souvenait avoir été un porteur de valises d’argent qu’il allait chercher auprès de chefs d’Etat africains pour le compte de Jacques Chirac. En faisant cette révélation, M Bourgi confirmait ce qui était déjà connu. Mais Jacques Chirac n’a pas bien digéré ce plat. Il porte alors plainte en diffamation contre Robert Bourgi et le Journal du Dimanche (JDD) en décembre 2011. Les Chefs d’Etat africains en profitent pour revoir leur posture. C’est à partir de là que certains se sont faits remarquer par des discours révolutionnaires, et le Chef de l’Etat Sénégal s’est bien illustré dans ce domaine.
En effet, tout récemment, du haut de sa tribune, en marge de la 33 eme session du Comité d’orientation du Nepad le 13 juin 2015, à Johannesburg, le Président Macky Sall qui se prononçait sur la vague d’immigration de l’Afrique vers l’Europe et les modalités de résolution des flux migratoires, faisait comprendre qu’ils ne peuvent pas accepter qu’on traite l’Afrique avec mépris. Et ce discours guerrier n’était le premier.
A travers cette posture, le Chef de l’Etat avait réussi, aux yeux de certains, à incarner la révolution. Il sortait ainsi la tête de la boue. Et le ministre Youssou Ndour a, dans un interview accordée hier à la chaîne de télévision française BFMTV, pris le soin de défendre cette posture. 
Mais apparemment cela n’est qu’un leurre car le Monsieur Afrique de la France opère toujours en douce. Le fils spirituel de Jacques Foccard qui s’est engagé, selon le site de RFIvisité à buzz.sn, à soutenir François Fillon se dit prêt à mettre ses réseaux africains au service de celui-ci. A cet effet, il a fait savoir qu’il a déjà contacté Macky Sall et Alassane Ouattara à cepropos.
Cependant, Robert Bourgi écarte hic et nunc “tout soutien financier” des chefs d’Etat africains qu’il assure avoir approchés pour soutenir son candidat. Il est palpable qu’il veut à tout prix se défaire de cette réputation de “porteur de valises” mais en avouant qu’il travaillerait l’oreille de certains présidents africains en vue d’un soutien à son candidat, Robert Bourgi se remet en selle. L’homme reprend du service. Maintenant, il revient aux chefs d’Etat africains de lui dire dans un langage clair que le continent noir a d’autres chats à fouetter.
