La foi contre la loi

Le Président de la République pourrait annoncer dans son adresse prévue demain mardi 12 mai, la levée de l’interdiction des rassemblements pour les prières dans les mosquées et les offices dans les églises et temples du pays.

Cette ouverture des lieux de culte concernerait les prières collectives du vendredi ainsi que les 5 prières quotidiennes et les «Nafilas» (prières surérogatoires) selon des sources proches des hiérarchies des grands foyers religieux musulmans du pays, qui sont toutefois, tenus de respecter les gestes barrières et la distanciation recommandés par l’Etat du Sénégal et le personnel soignant.

La défiance ouverte de certains foyers religieux musulmans qui ont superbement bravé l’interdit et challengé l’État semble avoir porté ses fruits. La position des autorités est devenue d’autant plus incohérente et intenable qu’elles se sont tiré une balle dans le pied en décrétant la réouverture prochaine des écoles sur l’ensemble du territoire national. Ajouté au fait que les marchés sont restés ouverts depuis le début de la crise sanitaire, en dépit de la proclamation de l’État d’urgence et de l’instauration d’un couvre-feu de 20 heures du soir à 6 heures du matin.

La levée formelle dès cette semaine de la décision de fermeture des lieux de culte dont certains n’ont jamais cessé d’accueillir des fidèles expliquerait cette «annonce tarabiscotée» de l’allégement du couvrefeu qui prendrait effet à 22 heures au lieu de 20 heures. Ce décalage permettra aux fidèles de sacrifier à certaines prières collectives après la rupture du jeûne et d’avoir le temps de regagner leur domicile sans pression excessive, après une longue journée d’abstinence.
Medina Gounass, Medina Baye, Touba mais aussi Yoff, Louga et d’autres foyers religieux musulmans ayant sonné l’alerte et certains, la révolte avec une inégale fortune, ont acculé les autorités à revoir leur copie en brandissant la foi contre la loi. Le traitement discriminant de ces «dysfonctionnements» a semé la violence face à la répression ciblée qui a frappé les uns alors que d’autres étaient cajolés, suscitant colère et rancœur. Deux poids deux mesures avec le risque de déstabilisation du socle de notre coexistence confrérique et de notre vivre ensemble.

C’est dans ce contexte que des informations largement partagées circulent sur le net et via les réseaux sociaux faisant état d’un «ndigueul» impératif du Khalife général des mourides ordonnant aux fidèles de sa communauté, la réouverture immédiate de toutes les mosquées partout où elles se trouvent sur le territoire national afin de permettre aux disciples de pratiquer collectivement la prière, ce pilier de la religion musulmane.

Des sources dignes de foi infirment cette «fatwa» qui serait le fait de disciples courroucés par l’inconséquence des autorités et la défiance ouverte de certaines « maisons » religieuses qu’ils assimilent à une démonstration de force et d’impunité.
A en croire des milieux généralement bien au fait de la problématique Etats/Confréries, les autorités sont en conciliabule avec les principaux chefs religieux pour amener certains d’entre eux à surseoir à des déclarations de « ndigueul » de réouverture des mosquées qui pourraient écorner l’image et ruiner l’autorité de l’État.

C’est ainsi que le Khalife des mourides aurait concédé à surseoir et à renoncer le cas échéant, à sa déclaration envisagée d’ouverture des mosquées, laissant au président de la République la primeur de l’annonce, en y mettant la forme. Et sauver la face

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