La Banque mondiale sur la croissance en Afrique : Le Sénégal parmi les économies les plus performantes

senegal

Après avoir ralenti à 3 % en 2015, le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6 % en 2016, son niveau le plus bas depuis vingt ans. L’analyse est faite par la Banque mondiale, lors du lancement, hier, de la dernière édition d’Africa’s Pulse (une publication semestrielle de cette institution). Cependant, des pays comme le Sénégal sont parvenus à maintenir une bonne dynamique de croissance.

La dernière édition d’Africa’s Pulse, une publication semestrielle du groupe de la Banque mondiale qui analyse les perspectives économiques du continent a été présentée hier. Selon Albert Zeufack, économiste en chef de la Banque mondiale pour la région Afrique qui présentait le rapport depuis Washington, le taux de croissance devrait continuer à baisser à 1,6% en 2016. «Après avoir ralenti à 3 % en 2015, le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6 % en 2016, son niveau le plus bas depuis vingt ans.

Les difficultés économiques rencontrées par les principales économies de la région (le Nigéria et l’Afrique du Sud en particulier), qui subissent toujours les contrecoups de la chute des cours des matières premières, expliquent ce ralentissement », lit-on dans le document. Ces pays, explique-t-on, doivent, de surcroît, s’adapter à des conditions de financement moins favorables et faire face aux incertitudes pesant sur leurs politiques économiques. Cependant, un quart des pays du continent est parvenu à maintenir une bonne dynamique de croissance. Le rapport constate des taux de croissance très hétérogènes à travers le continent et révèle des disparités entre les pays. «Alors que la croissance s’est effondrée dans de nombreux pays, l’Éthiopie, le Rwanda et la Tanzanie affichent toujours, en moyenne, des taux annuels supérieurs à 6 %. Enfin, d’autres pays tels que la Côte d’Ivoire et le Sénégal figurent parmi les économies les plus performantes du continent », explique M. Zeufack. Dans son analyse, il explique que les pays qui s’en sortent le mieux sont également ceux qui disposent d’un cadre de gestion macroéconomique plus solide et d’une réglementation plus favorable aux activités commerciales. Leurs exportations sont aussi plus diversifiées et leurs institutions plus efficaces.

Malgré un léger rebond, mentionne le rapport, les cours des matières premières devraient rester bien en deçà des niveaux record enregistrés entre 2011 et 2014, du fait d’une reprise mondiale fragile. Pour faire face à leurs besoins croissants de financement, la Banque mondiale soutient que les pays exportateurs de matières premières ont commencé à réduire leurs dépenses, mais de manière inégale et encore insuffisante. Dans un tel contexte, la reprise devrait être modeste, avec une croissance réelle du Pib prévue à 2,9% en 2017, et 3,6 % en 2018. Africa’s Pulse indique, qu’en 2017, les performances économiques des pays du continent continueront d’être contrastées. Selon Albert Zeufack, les performances du Sénégal et de la Côte d’Ivoire sont dues au fait que leurs gouvernements respectifs ont voulu diversifier leur économie pour être moins tributaire des ressources naturelles. « Le Sénégal a entrepris des réformes pour renforcer les investissements dans les secteurs de l’énergie, les infrastructures, l’agriculture, le capital humain, l’amélioration de la gouvernance. C’est ce qui explique cette croissance », a-t-il ajouté.

Cadre macroéconomique stable, réformes structurelles : Les clés de succès du Sénégal, selon Julio Ricardo Loayza
«En 2015, la croissance du Sénégal a atteint un taux de 6,5 %. Ce qui est un bon chiffre. Et l’on n’avait pas eu un chiffre aussi bon depuis 2003. On attend des chiffres similaires en 2016. Et si les choses se passent bien, on aura une croissance similaire les prochaines années », a déclaré hier, Julio Ricardo Loayza, économiste senior du bureau de la Banque mondiale au Sénégal. Il soutient que des facteurs exogènes, macroéconomiques et les réformes entamées par l’Etat du Sénégal expliquent cette croissance économique. Il a ajouté que les variables sur lesquelles on n’a pas de contrôle, sont les prix des matières premières. «Quand les prix de ces produits diminuent, les exportateurs souffrent, mais le Sénégal y gagne. C’est l’une des variables exogènes de même que le climat avec les pluies abondantes », a ajouté M. Loayza qui prenait part à la conférence de presse de lancement de la dernière édition d’Africa’s Pulse. L’autre facteur de cette croissance économique est lié, selon cet économiste, au cadre macroéconomique qui est solide et stable et une inflation très basse. En plus, poursuit-il, la dette publique est soutenable, les déséquilibres fiscaux internes sont sous contrôle sans oublier les réformes entamées par l’Etat du Sénégal. «Beaucoup de ces réformes sont structurelles et liées à l’énergie, les transports, le climat des investissements, la gouvernance et l’appui à des secteurs spécifiques notamment l’agriculture », a rappelé Julio Ricardo Loayza.

Réduction de la pauvreté : Punam Chuhan-Pole pour une amélioration de la productivité agricole
Pour faire face à la chute des prix du pétrole, la Banque mondiale invite les pays africains à diversifier leur économie, en améliorant notamment leur productivité agricole, «l’Afrique étant à la traîne en la matière ». Alors que la productivité a augmenté ailleurs dans le monde, grâce à l’optimisation des intrants agricoles et à l’adoption de nouvelles techniques, le rapport souligne que la plupart des pays d’Afrique subsaharienne se sont contentés d’augmenter leur surface agricole. Contrairement aux autres régions en développement, la Banque mondiale soutient que l’Afrique n’a pas accru ses dépenses publiques dans ce secteur qui représente, pourtant, un tiers de son Pib et emploie les deux tiers de sa population active. Davantage d’investissements et des politiques plus adaptées permettraient, selon cette institution, de développer l’économie rurale, de réduire plus rapidement la pauvreté et de promouvoir une croissance plus équitable. Selon Punam Chuhan-Pole, économiste principale et auteur du rapport Africa’s Pulse, l’amélioration de la productivité agricole est indispensable pour réussir une transformation structurelle de l’économie et assurer le développement économique des villes. « Il est impératif d’améliorer la productivité des petits exploitants agricoles pour augmenter les revenus des populations rurales et réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne », a-t-elle dit. Le rapport recommande aux pays africains de prendre rapidement les mesures qui s’imposent pour s’adapter aux faibles prix des matières premières, rendre leur économie moins vulnérable aux chocs et développer de nouvelles sources de croissance durable qui profite à tous les Africains.

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici