Kolda : Risque d’effondrement du palais de Justice

Le palais de justice de la capitale du Fouladou se trouve dans un état pitoyable. L’édifice public construit à l’époque coloniale est en ruine. Pire il encourt de grands risques d’effondrement. Son état de délabrement très avancé inquiète aujourd’hui, le personnel judiciaire, administratif, agents de sécurité, les justifiables ainsi que le simple citoyen qui fréquence l’endroit pour une quelconque affaire. Reportage.

Un édifice qui date de l’époque coloniale, croupit sous le poids de l’âge 

Situé au cœur de la capitale du Fouladou, le palais de justice de Kolda est en ruine. L’ouvrage qui date de la période coloniale, n’offre plus les garanties sécuritaires. L’édifice public construit en 1952, se trouve aujourd’hui dans un état pitoyable. Sous le poids de l’âge, il ne tient plus et il présente de réels risques d’effondrements et la psychose d’une catastrophe comme celui de Demba Diop hante le sommeil des occupants. Cet imposant bâtiment, le tout premier construit en étage au Fouladou, est partout fissuré. A forte de suinter à chaque pluie, des couches de la dalle ont cédé par endroit. «Après chaque pluie, nos bureaux sont remplis d’eaux, les murs sont entièrement humectés, le bâtiment est en ruine. Le danger est réel et nous ne sentons pas en sécurité dans notre lieu de travail», alerte-t-on au palais de justice de Kolda. «Aujourd’hui, si nous fréquentons cet endroit, c’est parce que nous sommes tenus par le service. Mais nous sommes très préoccupés par l’état de délabrement très avancé du bâtiment qui peut s’écrouler à tout moment. Nous sommes également préoccupés pour notre sécurité», confient nos interlocuteurs sous le couvert de l’anonymat. Assistant d’huissier de justice Diogou Dème narre, «le premier bâtiment qui avait toujours abrité le palais justice de paix de Kolda en son temps qui est devenu maintenant le tribunal d’instance de Kolda a été érigé depuis le temps des colons en 1952. C’est le même bâtiment qui a été érigé pratiquement dans la région de Tambacounda, Ziguinchor, Diourbel et autres.  C’est la même structure architecturale qui a été présentée dans tous ces tribunaux. Ce bâtiment est là depuis 1952, aujourd’hui, il présente un degré de dégradation très avancé qui ne concours pas à la bonne administration de la justice dès lors que les gens ne sont pas en sécurité dans ces lieux». Le personnel judicaire et administratif de confier également qu’ils sont confrontés à de sérieux problèmes pour sécuriser les archives qui sont en quelque sorte «la mémoire collective» «ce sont des archives, si jamais elles sont détruites, seront très difficiles à reconstruire». Autres maux qui rendent encore plus difficiles, les conditions de travail et de vie au palais de justice de Kolda, ce sont les coupures intempestives de courant et les courts-circuits.

Le parquet, du «sabotage» dans la conception du bâtiment

Le deuxième bâtiment qui abrite, le parquet, ses services, le bureau du Président du tribunal de grande instance et la salle d’audience n’offre pas de meilleurs garantis sécuritaires que l’immeuble construit en 1952. Inauguré le 2 novembre 1993, ici ce sont les travaux de conception du bâtiment qui sont indexés. On les qualifie de «sabotage». Diogou Dème, assistant d’huissier de justice, explique aussi, «l’autre bâtiment qui abrite le tribunal de grande instance qui était le tribunal régional de Kolda a été inauguré le 2 novembre 1993. Le premier procureur s’appelait Ousmane Diagne qui fut procureur de Dakar. Il était présidé  par le président  Abdourahmane Ndiaye qui aujourd’hui procureur général de la cours d’appel de Ziguinchor. Ce bâtiment également, présente une dégradation très avancé dès lors que l’an dernier au cours d’une audience on a eu des courts-circuits en plein audience. Le président était obligé d’arrêter  les travaux et de renvoyer l’audience, parce que ni les administrateurs de la justice ni le public qui était venu assisté à l’audience n’étaient en sécurité, pour une raison de sécurité des citoyens, le président a renvoyé l’audience. Depuis l’an dernier jusqu’à nos jours nous continuons à vivre la même situation».

L’alerte de la protection civile

Face au danger qu’en cours les juges et justifiables qui fréquentent au quotidien ces deux blocs administratifs du palais de justice de Kolda, la protection civil, après une visite d’inspection des deux bâtiments, avait tiré sur la sonnette d’alarme pour alerter l’opinion public de leurs états de délabrements très avancés. Cette structure qui veille à la sécurité des personnes et édifices publics, avait donné des instructions claires, selon nos interlocuteurs, aux pouvoirs publics et aux hautes autorités judiciaires de prendre toutes les dispositions nécessaires allant dans le sens de sécurisé les gens «en 2012, après une visite d’inspection des lieux, une mission de la protection civile, nous avait sommée de quitter les lieux. Un bâtiment conventionné avait même était trouvé, mais il y a encore des problèmes de déménagements. Depuis nous sommes restés sans suite». Ainsi, suite à cette alerté de la protection civile, les alertés en l’endroit des autorités se sont multipliées. Cependant, elles sont à chaque fois restées à l’état de promesses, excepté quelques travaux de retouche des dalles et des couches de peinture. «On nous avait promis un chantier de réhabilitation à hauteur de 100 millions de francs Cfa, il y a 2 ans de cela. Mais jusqu’à présent rien n’a été fait. Une équipe de la direction des constructions des bâtiments et édifices publics a été venu ici en visite. Mais tout est reste comme une lettre morte».

La promesse de Mimi Touré

Lors de la réunion du conseil des ministres décentralisé, que la capitale du Fouladou avait abrité en avril 2013, Madame Aminata Touré,  alors garde des sceaux, ministre de la justice, après une visite des établissements publics relevant de son département ministériel avait promis la réhabilitation sans délai du palais de justice de Kolda.  «Nous sommes ici, à la Mac  (Maison d’arrêt et de correction) de Kolda. Cette visite se tient dans le cadre du conseil des ministres décentralisés et systématiquement, je viens en avance pour visiter aussi bien les tribunaux que les établissements pénitenciers. Le constat et le même hélas à travers le pays, notre parc est décadent. Il faut prendre des mesures. La première mesure qu’on a pris ici à Kolda, c’est de faire déménager de toute urgence aussi bien le tribunal région (devenu tribunal de grande instance) que le tribunal départemental  (devenu tribunal d’instance) vers d’autres locaux plus sécurisés ce qui permettra aux personnels judiciaires, les magistrats, les greffiers, le personnel administratif de travailler dans de meilleurs conditions, parce qu’il est important évidemment que la justice se délivre dans des conditions descentes. Donc, le tribunal va être fermé et réhabilité en cours d’année (2013).  Nous avons de très jolis bâtiments, mais hélas qui datent de la période coloniale, entre temps on n’a pas construit donc, on est entrain maintenant de payer un peu le coût de cette négligence. Mais de manière concrète, ce qu’on a pris  c’est qu’on déménager de toute urgence le tribunal  (palais de justice) de Kolda.

IGFM

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