Dépeint par les médias occidentaux comme un personnage excentrique, personnage qui lâche les membres de sa famille en pâture aux chiens enragés, Kim Jong-un a monopolisé ces derniers temps toutes les attentions par les déclarations qui n’ont rien du discours d’un fou.

Abdel Bari Atwan se penche sur la personnalité du leader nord-coréen, sur son attitude de défi à l’égard des Américains, et surtout sur le fait que ce jeune d’à peine trente ans est bien plus malin que Kadhafi car contrairement au dirigeant libyen, il ne s’est pas laissé piéger par les Américains.
L’éditorialiste de Rai al-Youm écrit : ” quiconque se livrerait à une comparaison entre Kadhafi et Kim, commettrait une grave erreur car les différents sur bien des points, de nombreux critères les éloignent l’un de l’autre : le facteur géographique, la question politique, et surtout les acquis de chaque dirigeant en termes militaires.
Les responsables américains ont tout fait pour piéger le dirigeant libyen et ils se sont fait aider par un personnage aussi retors que Tony Blair. Ce dernier a convaincu Kadhafi de renoncer à ses expériences nucléaires, à son arsenal chimique. Ces mêmes Américains ont voulu retenter le même coup face au dirigeant nord-coréen, le poussant à renoncer à son arsenal atomique et à finir par hisser le drapeau blanc. Mais décidément, c’est l’inverse qui est sur le point de se reproduire.

Force est de constater que la fin tragique de Kadhafi, la manière dont il a été renversé, puis lynché sous les caméras du monde entier ont servi de leçon à Kim Jong-un.
Le jeune Kim a très bien compris que les puissances occidentales à commencer par les États-Unis eux-mêmes, n’oseraient jamais à s’en prendre à une puissance nucléaire. D’où la hargne et le courage avec lesquels il défie les Américains, courage qui l’a même conduit à procéder à un nouvel essai nucléaire au su et au vu du monde entier. Ce test de missile de moyenne portée répondait en réalité au flot de menaces et d’intimidations qui s’abattait depuis Washington sur Pyongyang.
On se rappelle dans le temps comment les présidents US traitaient Kadhafi de fou : la même accusation est retenue aujourd’hui par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley à l’encontre de Kim Jong-un. Mme Haley a affirmé que son pays ne se trouvait pas “face à une personnalité équilibrée, un homme qui sache raisonner correctement”.

Haley n’a peut-être pas tellement tort mais le problème, c’est que la décision de Kadhafi d’”entendre la voix de la raison” et de “renoncer à sa folie”, lui a coûté la vie avec en filigrane l’effondrement de l’État libyen. Kadhafi est tombé dans le piège truffé de mensonges et de promesses creuses tendu par les Occidentaux. Il a rendu ses “armes” et a déposé quelque 200 milliards de dollars des richesses nationales libyennes dans les banques occidentales. Le résultat? L’Occident a eu sa peau.
Kim Jong-un ne semble pas avoir choisi la même voie : sa “folie supposée” ne l’a pas conduit droit dans le piège. Et d’ailleurs pour être exact, il se comporte beaucoup plus raisonnablement que son homologue américain, Donald Trump.
À ce qu’il paraît, c’est Trump qui s’est fait piéger car le vieux président a relevé le défi lancé par Pyongyang à son endroit et accepté de s’engager dans le champ de bataille et a même menacé de recourir à des attaques préventives. Le message de Kim Jong-un est clair : si vous nous attaquez par vos armes atomiques, on ripostera. Votre recours à des armes classiques contre nous, aura la même réponse de notre part”

Et la Corée du Sud dans tout cela? Séoul dont les bases militaires abritent quelques 30.000 soldats US, tout comme le Japon semblent quant à eux avoir bien compris le danger qu’il y a à se laisser mener par le bout du nez par un Donald Trump “vacillant” et “peu fiable”. C’est justement pour cette même raison que la Corée du Sud reste réticente à l’idée d’un déploiement de missiles THAAD sur ses frontières avec le Nord. Séoul refuse de payer de sa poche ce déploiement.
Abandonnant son arsenal chimique et atomique aux Américains, Kadhafi a signé son acte de décès. Kim, lui, se comporte comme un commandant militaire digne de ce nom. Il s’agit d’une stratégie d’étape par étape et bien calculée. C’est un homme qui donne une leçon de dignité et de fierté nationale à plus d’un.
Credit: http://africa24.info