Khalifa Sall n’a rien cédé face aux enquêteurs de la DIC qui ont aussi refusé de lâcher prise. Le journal Libération indique que le maire de Dakar a totalement gardé le silence sur 22 questions des enquêteurs, en ne donnant des réponses que sur 5 des 27 qui lui ont été posées. «Il ne voyait pas l’opportunité de répondre à de telles questions. Ce qu’il avait à dire, il l’a dit au doyen des juges lors de son interrogatoire», affirme un proche de la défense de l’édile de la capitale.
C’est lorsque ces derniers lui ont demandé comment était voté le budget de la ville que Khalifa Sall s’est braqué : «Je suis venu répondre à la convocation d’une institution de la République (la Justice) sur une affaire qui, pour moi, ne relève pas de sa compétence. C’est pourquoi, je voudrais faire noter concernant cette affaire, quelques considérations. (…) L’objet de ma convocation relève d’une mission de vérification administrative et financière de la ville de Dakar par l’Inspection générale d’État.»
Celle-ci dans ses conclusions a conduit M. le Président de la République à saisir M. le Procureur de la République aux fins de l’ouverture d’une information judiciaire sur les conditions de création et de fonctionnement de la Caisse d’avance. A cet effet, je voudrais déclarer que la création de la Caisse d’avance depuis 1960, ne m’est pas imputable, que je n’en avais pas été l’auteur et n’ai pas eu aussi à déterminer les conditions de son fonctionnement. Cette Caisse qui fonctionne, selon des conditions dérogatoires à la réglementation en matière de gestion des crédits municipaux, relève de l’autorité du maire.
La création et le fonctionnement de la Caisse relève d’une décision politique des plus hautes autorités de l’État, notamment le Président de la République et les différents ministères du gouvernement qui sont concernés par la gestion de la ville. Toutes ces autorités qui en ont déterminé les modes de fonctionnement, savent à quoi les crédits alloués sont destinés. Ces dépenses, durant la période concernée, ont servi à des personnes physiques et morales bénéficiaires dont je me garderai, pour des questions de principe et d’éthique, de déflorer l’identité.
Depuis 1960, cette Caisse fonctionne ainsi et il n’y a pas de documents d’archives de son fonctionnement pour les gestions antérieures», a affirmé Khalifa Sall, droit dans ses bottes.
Les enquêteurs prennent la balle au rebond et l’interpellent sur les éléments contenus dans le rapport de l’IGE. Le maire de Dakar : «Je voudrais affirmer que cette Caisse d’avance créée dans les mêmes conditions que celles qui existent à la présidence de la République, à la Primature et dans les institutions légitimes, relève des mêmes modes opératoires.»
Après ces déclarations, M. Sall a refusé de répondre aux questions sur l’opportunité de la Caisse d’avance, les dépenses autorisées dans ce cadre, les justificatifs des dépenses, les déclarations de Mbaye Touré et Cie sur les factures du GIE Tabaar, s’il était au courant de ces pratiques ou non…
Les enquêteurs sont mêmes allés jusqu’à lui demander s’il était disposé à restituer les fonds du fait qu’ils n’ont pas servi à l’achat de denrées. Mais le maire gardera le silence même quand les policiers brandissent les faits pour lesquels il pourrait être poursuivi. Ce n’est que lorsque ces derniers lui ont demandé s’il avait quelque chose à ajouter, qu’il a livré sa dernière vérité : «Cette Caisse, de sa création et sous ses différents formes d’intervention, a toujours relevé de l’autorité du maire qui, en conformité des dispositions pertinentes des différents arrêtés adossés aux décisions prises pour sa création et sa revalidation par les Chefs d’État successifs, a, dans ses différentes interventions, servi aux objets pour lesquels elle avait été créée.
C’est-à-dire faire face aux diverses sollicitations des populations et des personnes morales ou physiques. Et qu’à cet effet, aucun maire, de Blaise Diagne à maintenant, n’a accepté d’en déflorer les attributaires et bénéficiaires. Tout au plus, conformément aux dispositions de certains arrêtés antérieurs, seules les autorités politiques étaient des référents pour les redditions.
Donc, je m’inscris dans cette tradition de ne pas déflorer les destinataires ou les bénéficiaires des interventions de la Caisse depuis mon arrivée à la tête de la mairie de la ville de Dakar, même si je les connais tous et toutes.
Nous sommes toujours restés fidèles aux prescriptions réglementaires édictées par l’arrêté 00503/mvd/sm/daf du 31 janvier 2003 portant création de la Caisse d’avance, et dans le fonctionnement de la Caisse, nous n’avons jamais dérogé aux pratiques qui prévalent au niveau de la Ville de Dakar depuis la création de la Caisse.»